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Aujourd’hui, je vais vous parler du cougourdon. Si vous vivez dans un autre département que celui des Alpes Maritimes, vous avez peut-être du mal à imaginer ce que représente cette cucurbitacée dans la culture méridionale, et niçoise en particulier. Non seulement on peut la manger, mais en plus, on s'en sert pour décorer les maisons.
Le “cougourdon” est le nom niçois donné au fruit d’une plante de la famille des cucurbitacées. Ce légume, introduit dans notre région au XVIème siècle, fut très vite adopté par les Niçois pour ses qualités propres. Imperméable, après avoir séché au soleil, il est souvent employé comme ustensiles de cuisine.
Ses formes originales inspirent les artisans d’art. Les musiciens décèlent aussi dans ce légume atypique un fort potentiel musical. Il continue d’inspirer musiciens et artistes niçois qui perpétuent et revisitent la tradition du “cougourdon”.
La calebasse, ou gourde, est une plante herbacée annuelle de la famille des Cucurbitacées, cultivée comme plante potagère pour son fruit, la calebasse, parfois consommée à l'état frais comme légume, ou plus souvent utilisée à l'état sec pour fabriquer divers objets. Elle est originaire du Zimbabwe.
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Voilà qui est instructif , n'est-ce pas ? Et propice à la fête, voire au susnommé festin, lequel se tient à Nice tous les ans pour fêter, entre autres, l'arrivée du printemps. Eh bien, vous savez quoi ? Cette année je suis de la fête, ce qui est normal pour une courge de mon espèce.
Mon prof de français qui venait de la région parisienne me fit jadis comprendre que j'appartenais à cette belle famille de plantes. Sa phrase favorite, dont tout les gamins d’origine nissarde qui entendaient parler le patois à la maison (souvent un mélange d’italien et de nissart) et qui l'ont subie se souviennent, était, prononcée d'un ton fort las : "Des courges, j'élève des courges..." Pour lui, c'était un sacré pépin que d'essayer de planter des graines de grammaire dans ma tête !
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Basta la tchatche e andiamo per l’istoria dou festin dei cougourdon:
Le nom du festin des cougourdons lui vient du marché qui s’établit à cette occasion sur la place devant le Monastère de Cimiez à Nice. Ce marché proposait aux pèlerins des "cougourdons", c’est à dire des cucurbitacées, de formes curieuses et de tailles diverses, séchées durant l’hiver puis vidées de leur chair et de leurs graines.
Ces cougourdons devenaient alors des récipients tous usages appréciés des Niçois dans la vie quotidienne: louches, gourdes, mesures, etc… Les stands permettent de voir comment la courge séchée devient un objet décoratif. Leurs formes bizarres, ont encouragé leur décoration, de plus en plus raffinée, par gravure ou peinture.
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De même, leurs qualités de résonance, aménagées par diverses techniques de sculpture et d’harmonisation les ont fait utiliser comme des instruments à vent ou à percussion par des orchestres improvisés. Ces orchestres étaient dénommés "la vespa" (ce qui veut dire l’abeille que ce soit en italien ou en nissart), car le son d’ensemble s’apparente facilement à un bourdonnement grave.
Le festin des Cougourdons était aussi l’occasion de rendre publics les griefs que les couples, ayant vécu, reclus au foyer, la longue cohabitation de l’hiver, voulaient vider. Il porte donc encore le surnom de festin des Reproches.
Rampau di Pasca
Une fois ces griefs exposés, sans violence autre que verbale, devant tout le monde, le public invitait le couple à la réconciliation, les différends étant purgés, à l’occasion des festins des Mais (autre grande festa nissarde).
Guiliano Di Nizza
Les cougourdons font l’objet d’achats et gagnent les maisons de la ville où ils concurrencent de plus en plus les rameaux (Lu Rampau). (Suite****) je dois donc faire une parenthése, car le Rampau en Pays Niçois est célébré avec ferveur.
Tous les fidèles se rendent dans les édifices religieux branchettes à la main pour commémorer l'entrée du Christ à Jérusalem. A Nice, outre le buis et l'olivier, on trouve de véritables bijoux, confectionnés sur le parvis de l'église à partir de feuilles de palmier tressées.
Ce sont de jeunes pousses du palmier phoenix dattier, que l'on fait blanchir sur l'arbre en les maillotant, comme le jardinier fait la chicorée. On en coupe sur les palmiers du rivage, on en importe beaucoup de Bordighera et de San Remo.
Nous sommes Niçois, Nous sommes Catholiques Forza !
Des artisans tressent ces palmes, composent le long de la tige des motifs étagés de sparterie, une acanthe, une volute, un fleuron, d'où jaillit un plumet. Ils stylisent ces motifs décoratifs suivant la taille de la palme. Il y a des palmes de 0,60 cm et d'autres de l,50 m, sans compter la poignée ni le plumet.
(Suite****) Les maisons les installent avec d’autres cucurbitacées achetées à l’automne sur des autels de telle manière que les habitants sont surveillés. Ils doivent éviter d’employer un langage grossier pour éviter de devoir annoncer leur inconduite le jour des Reproches de l’année suivante. Certaines familles font brûler de l’encens à côté des cucurbitacées pour chasser les démons.
De nos jours, c’est la fête populaire par excellence du début du printemps, avec le déplacement de nombreuses familles qui ripaillent à l’abri du soleil sous les rangées d’oliviers des jardins de Cimiez. Face au parvis du Monastère des groupes folkloriques dansent toute la journée devant l’assistance (Lou Caireu Niçart, la Ciamada Nissarda, Nissa la Bella).
Preparation de Pan Bagnat (celui ci 2.50kg)
Il est impossible de trouver des touristes venus en visiteurs car la fête est aussi un symbole de la nissartitude et des revendications autonomistes et se passe à l'ecart du centre touristique. La musique entendue et jouée par un groupe folklorique rappelle la chanson "Calan de Villafranca". Là encore il faut connaître la traduction d'une chanson salace et très populaire auprès des niçois.
Calant de Vilafranca, En descendant de Villefranche,
Souta d’un caroubié, Sous un caroubier,
Faioun la contradansa Elles faisaient la contredanse
Em’un sarjan fourié. Avec un sergent fourrier.
S’es maridat un rangou Un boiteux s'est marié
M’una qu’es sensa den. Avec une édentée.
Sa maire n’es countenta, Sa mère est contente,
Soun paire n’en sau rèn. Son père n'en sait rien.
La filha n’es proumessa, La fille est promise,
Li an douna l’anèu. Ils lui ont donné l'anneau.
N’a plus de countentessa Elle n'a plus de satisfaction
Que fin à San-Miquèu. Que jusqu'à la Saint-Michel.
Li gandaula si maridon, Les dévergondées se marient,
Li gandaula soun maridà Les dévergondées sont mariées.
Vai que l’amour ti passera, Va, que l'amour te passera,
Fai la vireta, fai la vireta, Fais un petit tour, fais un petit tour,
Vai que l’amour ti passera, Va, que l'amour te passera,
Fai la vireta, fai la vira. Fais un petit tour, fais un tour.
La tradition locale, depuis le XIXe siècle, veut que le cougourdon soit offert au début du printemps pour souhaiter prospérité et bonne santé à son entourage. Décoré par les artisans locaux, cette courge sèche et dure comme du bois est sculptée, peinte, gravée, habillée et même transformée en instrument de musique… sa forme originale permet de laisser libre court à son imagination tout en perdurant la tradition locale.
La matinée se termine par l’apéro ou tout le monde est convié à boire le verre de l’amitié autour de bonnes pissaladières, tourta di blea, socca, fougassettes et pan bagnat….Le cougourdon est à l’honneur !
Una maioun sensa cougourdon es couma un nidou sensa passeroun: Une maison sans cougourdon est comme un nid vide.
Viva Nissa, Viva la Countea.
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DIAPORAMA DE LA FETE