La légende concède que les brigands, les pirates et les corsaires y établirent leur repaire et y cachèrent un fabuleux trésor aussi important que celui des templiers. Depuis un bon nombre de plongeurs essayèrent en vain de trouver le trésor de Barberousse ou des autres pirates barbaresques.
Ce coin de la Riviera, à quelques encablures de la mythique Croisette et de son festival, réserve de belles surprises pour les amateurs de randonnées au milieu d’une nature calme et luxuriante. Tellement calme que la forêt qui borde le littoral azuréen cachait jadis brigands ou bagnards évadés, qui fréquentaient, dit-on, l'auberge des Adrets ( auberge rouge, XVIIème siècle).
Le massif de l’Esterel a été le terrain de plusieurs épisodes historiques, tel que le débarquement de 1944 non loin de là, ainsi que le repère de Gaspard de Besse, célèbre brigand qui détroussa les riches de passages et que l’on nomma le robin des bois Français…
C’est donc, aux confins de l’Estérel, dans le département des Alpes Maritimes, et plus exactement à Théoule-sur-Mer que la Côte d'Azur dévoile déjà une « Riviera » plus sauvage que maritime, où la couleur de la roche, ce rouge-grenat typique des falaises de porphyre, donne au paysage un piment particulier.
La végétation suit bien sûr cette mutation géologique : bruyères arborescentes, chênes-lièges, eucalyptus, mimosas et arbousiers côtoyant pinèdes de pins mésogéens. Sous la très touristique route de la Corniche d'Or, la pointe de l'Aiguille, avec son relief tourmenté fait de lave solidifiée datant de la fin de l'ère primaire, cache quatre magnifiques criques de galets abritée des vents et une plage de sable fin.
À proximité une arche audacieuse surplombe une crique secrète, c'est la grotte de Gardanne où les vagues viennent se briser sonorement. Cache favorite des contrebandiers du XVIIème siècle et des pirates, cette grotte doit son nom à l'un d'eux qui réussit à échapper à la felouque (petit bateau à voile du littoral Niçois) des douanes en se réfugiant dans ce lieu inexpugnable.
Pour se rendre dans les quatre criques, il faut que je laisse ma moto au parking de la plage de Théoule, puis, depuis l’esplanade au centre de la station balnéaire, je suis le sentier à plat de la « promenade Pradayrol » qui mène à la plage de l'Aiguille.
À côté du dernier restaurant démarre à droite un chemin qui s'élève dans le parc départemental de la pointe de l'Aiguille, après quelques lacets et un escalier, je coupe la piste forestière que je suis de nouveau à plat vers la gauche jusqu'à une aire de retournement.
Après un crochet jusqu'à la plage de Gardanne, protégée par les rochers sculpturaux de la pointe de l'Aiguille, je poursuis mon aventure par un chemin commode qui monte vers la Corniche d'Or (qui fut l’ex N7), ensuite, je longe celle-ci sur 100 m en direction de Théoule par un trottoir et je la traverse pour remonter en face la rue de l'Allée des Pins. je trouve alors l'amorce de la seconde partie du chemin du parc départemental qui monte agréablement vers le bd. des Alpes par une piste en terre, point haut du circuit (160 m).
Après un vaste tour d'horizon sur le golfe de La Napoule, je suis de nouveau à plat la piste vers le Nord pour regagner Théoule-centre par le chemin de la Calade, le chemin de la Source et enfin la Corniche d’Or. Cette petite balade ne demandera qu’une heure, pour le temps passé dans les criques, ce sera à votre appréciation.
Dans l'Antiquité, l'anse naturelle de Théoule était un lieu d'aiguade pour les navires y faisant escale pour s'approvisionner en eau douce aux nombreuses sources nées dans l’Estérel. En 69 après J.C., Théoule abrite la flotte de l'empereur romain Othon. Au début du XIXe siècle, l'installation d'un couple de pêcheurs italiens dans la grotte de la plage nord donne naissance à la légende des pêcheurs troglodytes.
La pêche traditionnelle subsiste, mais une autre forme d'exploitation de la mer est apparue: l’aquaculture. Aujourd'hui, Théoule-sur-Mer est devenue une station balnéaire appréciée pour la beauté de son site, ses eaux claires et ses criques sauvages. Ici le merveilleux atteint le sublime….
Au milieu du maquis Méditerranéen, j'arrive sur l'une des quatre plages nichées dans des criques aux eaux limpides. Je suis toujours surpris par les formes déchiquetées des roches, par leurs couleurs qui me ramène à une histoire géologique tourmentée. L'Estérel, massif ancien composé de roches cristallines, a un passé volcanique, dont témoignent les falaises rouges du parc.
Ses rochers flamboyants traduisent les épisodes du volcanisme. Il y a 300 millions d'années, d'épaisses laves vitreuses s'échappent de volcans (strato-volcan de Maurevieille voisin du parc). Coulées et projections de laves créent la roche de la Pointe de l'Aiguille : la pyroméride.
En bordure de l'escalier, près des aiguilles, j’y admire ce "verre volcanique" rose, orangé ou violacé, qui s'est refroidi en plis tourmentés. Au bout de la promenade Pradeyrol, j’observe à la base de la paroi composée de tufs, un mélange de magma et de rochers, cela provient d'une phase explosive.
L'érosion a évidé certains blocs de lave et creusé des cavernes. Ailleurs, le magma en s'échappant des failles a formé des rhyolites rouges. Au fil des années, érosion et effondrements, dépôts et plissements ont façonné et déchiqueté le paysage pour lui donner ses formes actuelles.
Dans cet écrin de roches rouges se développe une végétation caractéristique des zones littorales du massif de l'Estérel et adaptée aux terrains siliceux. Une explosion de couleurs et de senteurs méditerranéennes me surprend: arbousiers, genêts, lavandes s'épanouissent au milieu des pins maritimes, des chênes verts et des chênes lièges.
La diffusion d'embruns enrichit la flore d'espèces remarquables, telles l'anthyllide barbe de Jupiter, espèce rare d'un mètre de haut aux branches argentées et à fleurs jaunes. Dans le sous-bois, au nord, la présence d'une source favorise le développement exceptionnel de plantes inhabituelles sur la côte méditerranéenne: prêles, joncs, aulnes, houx et osmondes royales, fougères hautes de deux mètres.
En France, l’Osmonde royale est protégée ou soumise à réglementation. Le long de la côte rocheuse très découpée, dans des eaux limpides, les fonds sous-marins sont très riches. Dans un bel herbier de posidonies, je pourrai même observer le ballet des sars, des dorades et des saupes, et si je m’aventurerai plus en profondeur, je pourrai y découvrir des poissons de roches et des crustacés.
D’ailleurs, le sentier sous marin de la Pointe de l’Aiguille est l’un des plus beaux de Méditerranée. Souvent appelé « Snorkeling » cette activité se popularise auprès des familles pour des randonnées aquatiques. La création de ses sentiers sous marin remonte à 1958 aux iles vierges britanniques.
A l’origine l’activité s’appelait le « sea-watching » terme anglo saxon qui désigne le fait de contempler le milieu sous-marin sans le moindre comportement de prédation. Le terme de sentier sous-marin est, dans un premier temps, utilisé pour définir une activité de découverte du milieu marin en surface avec un équipement léger (palme, masque, tuba) dans un site déterminé en principe protégé et balisé. et celui du Parc de l’aiguille est considéré comme l’un des plus beaux des cotes françaises…maintenant, à y trouver un trésor, c’est une toute autre histoire !
DIAPORAMA DE LA BALADE