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Pour participer c'est simple, il suffit d'enfiler une chemise de nuit blanche, un caleçon blanc, un bonnet de nuit blanc et un soufflet de cheminée dans les mains, d’y mettre de la farine et d’asperger toute personne qui n’est pas déguisée. Les victimes se retrouvent donc enfariné des pieds jusqu’a la tête..
En 1976, au Plan de Grasse, dans les Alpes Maritimes, au sud de la capitale mondiale des parfums, naissait un groupe folklorique qui voulait réveiller l’identité de la région.
Le groupe s’inspire pour son nom de celui d’un petit insecte appelé luciole ou « Luserno » en patois local, qui émet des lueurs intermittentes visibles dans nos campagnes dés les premières chaleurs de l’été. A ce terme fut adjoint celui de « baisso » évoquant les basses terres de Grasse. L’ensemble est pétillement traduit par « envolée de lumière ».
Lei Baisso Luserno s’engage tout de suite dans la vie culturelle du pays des fleurs et revisite les danses et les traditions populaires aux influences provençales et piémontaises. Grasse l’ancienne préfecture du Var est une cité d’influence italienne. C'est pour cela qu'elle fut reuni tout naturellement au Comté de Nice pour former les Alpes Maritimes..
Lei baisso luserno di Grasso décide alors d’organiser un carnaval dans cette période qui marque la fin de l’hiver. Un carnaval dans une région qui en compte déjà des dizaines et qui possède l’un des trois plus grands du monde. Alors le Plan de Grasse avec beaucoup d’humilité va un peu se démarquer et reprendre quelques vieilles coutumes.
Le carnaval des boufetaires est une fête de refoulement. Libéré des lois, des tabous et des rapports hiérarchiques, les rôles s’inversent. Elle s’accompagne de danses symboliques « lei bouvet », de farandoles et de charivaris. C’est aussi l’occasion d’un règlement de compte collectif, reflet des conflits sociaux, des tiraillements entre l’été et l’hiver, le gras et le maigre, le riche et le pauvre, le marié et le non marié….
C’est une invocation à la fécondité de la terre et de la femme, un exorcisme contre les intempéries, les maladies et les catastrophes. Caramantran* (Nom masculin, contraction de carême-entrant) qui après son jugement sur la place publique, est brulé sur un buché édifié à cet effet. On érige donc en place un caramantran, mannequin bariolé que l’on a fabriqué pendant la période de carnaval.
Ensuite, pour clôturer le défilé, la foule déguisée lui fait un procès. Caramantran est immanquablement condamné à mort et brûlé sur la place publique. Dans le parler populaire, traiter quelqu'un de caramantran, c'est donc se moquer de ses oripeaux aux couleurs mal assorties : " T'as vu comme tu t'habilles ? On dirait un caramantran ..
Cette année encore, impossible d’accorder le pardon à caramantran. Trop de problèmes ! La récolte des olives a été catastrophique, des fous de Dieu ont tué, des enfants du pays se sont craché en hélicoptère…On dansera autour du buché pendant que le malheur se consumera.
Comme dans toutes danses traditionnelles, les "Boufets" puisent leur origine aux sources de la civilisation agraire. L’homme a toujours essayé par des représentations d’objets ou d’animaux, des gestes spécifiques, de chasser les mauvais esprits qui pourraient entraver l’atteinte de régénération et d’encourager les divinités propices du sol dont sa vie dépend.
C’est ainsi que les figures précises de la danse, telle que spirale, enroulement, encerclement, dédoublement, renversement, ainsi que l’instrument employé par les "boufetaires" le soufflet, le costume blanc des jeunes gens et les grelots qui s’agitent à leurs chevilles, sont autant des symboles. On sait aussi que les sauts en cadence sur un pied sont des appels pressants à la végétation, que les vêtements blancs, les grelots, mettent en fuite les mauvais esprits.
La danse des « Boufets » est donc bien un rite de fertilité comparable aux Olivettes et au Bakubèr dans laquelle le soufflet a pour mission d’insuffler des forces nouvelles à la Nature endormie. D’ailleurs, le caractère des paroles prononcées, le fait que les sorciers utilisaient le soufflet pour chasser les mauvais esprits, attestent le sens rituel des « boufets », destinés à agir sur la Nature et sur les astres pour promouvoir la fertilité.
Les danseurs arrivent tantôt à "péd cauquet", en boitant en file, soufflant tantôt au postérieur de leur camarade tantôt sous les robes des filles qui assistent à la cérémonie, hantent quelques couplets aux carrefours, sur les places, où devant la maison d’une personnalité locale, puis repartent bien fièrement le corps bien droit, le soufflet sous le bras pour recommencer un peu plus loin leur folle sarabande, accompagnés au son des galoubets et tambourins, ponctué par des coups de tromblons et sans oublier l’oeil moqueur d’une lune de papier, symbole des cycles de la Nature.
A la fin des festivités et après avoir brulé le caramantran, il est d’usage d’offrir aux "boufetaires" des ganses (Li Gansa Nissardi) spécialité niçoise du carnaval, friandises, du vin du pays, ce qui explique leur allure moins fière en fin de soirée ….
La danse des boufetaires qui se fait dans chaque quartier du village est accompagné par la chanson « Lei Boufet » (le soufflet). Celle ci est en langue occitane et donc différente du nissart. Je vais essayer tout de même de vous la traduire et pour ceux qui sont des férus de provençal, veuillez m’excuser si cela comporte des erreurs.
Sian uno bando de bravo jouventuro, Qu’aven un fue que nous brulo.
Se sian imagina, per se lou fa passa, De prendre de boufet, au uou de se boufa, Au uou de e boufa, Qu’ vau se fa boufa a que de s’avança.
Lou anoun es tan a lou jue va oumença; Lou jue va oumença
Approu has vous , aimable damisello; Vénès ranima nouostro zelo
Vénès vous fa boufa, sarès bèn satisfa; Quand aurès uno fès tasta nouostro boufet; asta nouostro boufet.
Es un outis oumpousa de doui peço; Que per lou mena fau d’adresso
Es surtout lou anoun qu’ a lou mai de renoun, astas lou uno fès voudres tout lou boufet. Voudres tout lou boufet. Se per asard lou boufet pou vous plaire. Poudès aprou ha de tout aire. Poudès véni souvent, vous dounaren de vent, Plus dous que lou Mistrau que fa sera lou trau.
Refrin: Lei boufe soun rou, soun rou ma mignouno, Lei Boufe soun rou, rou a racoumouda. Vous reses pas que sieguen d’amouraire; Se sian renouma per boufaire
Nous sommes une bande de jeunes qui ont un grand feu qui nous brule. On s’est imaginé, pour se le faire passer de prendre des soufflets, au cul se faire souffler. Qui veut se faire souffler, N’a qu’a s’avancer. Le canon est planter, le jeu peut commencer.
Approcher vous aimables demoiselles, venez ranimer notre zele. Venez vous faire soufflet, vous serez bien satisfaites, quand vous aurez une fois gouter nos soufflets.
C’est un outil composé de deux pièces, pour le mener, il faut de l’adresse ! C’est surtout le canon, qui a le plus de renom. Gouter y, ne serait ce qu’une fois, vous voudriez le soufflet tout entier. Si par hasard le soufflet peut vous plaire, vous pouvez approcher de tous cotés, vous pouvez venir souvent, on vous donnera du vent, plus doux que le mistral qui fait serrer le trou.
Le refrain: Si les soufflets sont abimés, on les fera réparer, si on a plus d’argent, on payera l’année prochaine !
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