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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 17:33
LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

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Créée il y a plus de 20 ans, la Fête de l’Oranger met à l’honneur les traditions baroises et le savoir faire des artistes et artisans qui y exposent. En effet, au XVIIème siècle, la parfumerie voit le jour à Grasse et les plantes à parfum connaissent un essor dans toute la région grassoise. Les orangers recouvraient alors toutes les collines de la vallée du Loup et des environs.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Il s’agissait d’orangers bigaradiers, originaires d’Asie du sud-est et de l’Inde, produisant des Bigarades, communément appelés « Oranges Amères ». L’âge d’or de cette culture s’est étendu de 1850 à 1950. Utilisées en parfumerie, les précieuses fleurs étaient récoltées dès la mi-avril et toutes les familles étaient mobilisées dans les campagnes, notamment les femmes et les enfants.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Les voisins italiens venaient grossir les rangs et leurs femmes animaient la cueillette avec des chants sur des airs d’accordéon. Les filles chantaient toute la journée et dès qu’un jardin était fini des cris de joie retentissaient. Les propriétaires n’attendaient que cela pour commencer la fête et apportaient le vin, les produits de leur campagne pour le festin, et on dansait, on chantait tous ensemble…

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSELES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

C’est cette convivialité qui est reprise tous les ans, chaque Lundi de Pâques faisant de cette manifestation un rendez-vous incontournable des fêtes traditionnelles de notre Pays Grassois, de notre Pays Ligure.

C’est tout un village qui s’anime et se colore en orange pour fêter cet agrume, véritable dynamique économique et culturelle de la commune pendant de nombreuses années.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Un grand marché artisanal, toute la journée, attend les visiteurs sur les places et rues du village. Des départs de visites gratuites et guidées, en français, en italien et en anglais ont lieu tout au long de la journée. Toute la journée aussi, il y a des démonstrations de vieux métiers, des tailles de colannes, ces longs rubans que l’on fait sécher encore aux fenêtres et qui rentrent dans la composition du fameux vin d’orange, sont proposés au public.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Les concours de confitures d’oranges amères et de gâteaux, concours de vin d’orange, démonstrations de taille des orangers. Musiques et Danses avec : La Banda dau Paioun et la Caravane des Couleurs de la Compagnie Soukha complètent les festivités.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Une visite au Bar sur Loup, bâti sur un éperon rocheux à 320 mètres d’altitude, c’est à coup sûr se replonger dans un passé de toutes les époques : ligures, sarrasines ou romaines, le village garde encore les traces de ces envahisseurs qui au fil des siècles lui ont forgé cette âme de village indocile.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Baous, abris, Porte Sarrazine, ruelles étroites dont les actuelles habitations faisaient office de remparts protecteurs, tout est prétexte, pour le visiteur attentif, à un véritable cours d’histoire. Visiter Le Bar sur Loup et se retrouver au pied de son château, dont les fondations datent du XIIIème siècle et qui appartint de 1235 jusqu’à la Révolution aux Comtes de Grasse, c’est aussi se souvenir de l’Amiral de Grasse, l’acteur principal de l’Indépendance des Etats Unis qui y naquit en 1722.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Par sa victoire sur les anglais lors de la bataille navale de la Chesapeake et de Yorktown, il assura l’indépendance des Etats Unis d’Amérique le 19 octobre 1781. Devant la mairie, construite en 1890 sur l’emplacement de l’ancienne chapelle des Pénitents Noirs, c’est aussi se rappeler qu’elle y abrita de 1919 à 1928 la classe du célèbre pédagogue, mondialement reconnu Célestin Freinet. 

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Les portes des maisons, sculptées, témoignent de l’activité économique des artisans, commerçants et paysans du village : ornées de heurtoir en argent, étain, bronze ou plus simplement en fer selon la position sociale, elles indiquaient très souvent la profession de leur propriétaire. Le travail de la fleur : jasmin, rose, laurier, pavot ou oranger, base de l’économie du village, y est très souvent représenté. C’est en effet la culture de l’oranger bigaradier qui lui vaut son titre de Cité des Orangers.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Qui sait encore qu’au début du XXe siècle, dans les Alpes-Maritimes, des centaines d’hectares étaient consacrés à la culture de l’oranger, le Citrus Aurantium, appelé communément le bigaradier; la cueillette des fleurs demandait beaucoup de main d’œuvre. Parents, amis, hommes, femmes et enfants, ils n’étaient jamais trop nombreux pour cueillir ces délicates fleurs.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Après avoir ratissé sous les arbres, ils installaient des toiles de jute puis juchés sur des échelles les branches sont ébouriffées d’un geste doux et précis; une pluie de fleurs mêlées de quelques feuilles et brindilles tombent sur les toiles de jute, monte alors une fragrance puissante d’agrume.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSELES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Puis patiemment ils cueillaient une à une, entre le pouce et l’index en un petit geste circulaire les fleurs ouvertes mais toujours accrochées à leur branche, qui sont alors déposées dans des paniers ou dans les tabliers dont on remontait les coins pour les fixer à la taille et former ainsi un sac.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Lorsque les paniers, les sacs sont pleins, on vide leur contenu dans une grande corbeille placée à l’ombre et recouverte d’un linge humide pour éviter le desséchement des fleurs. Le soir venu, les fleurs étaient répandues sur les toiles de jute pour permettre de trier à la main afin d’ôter les feuilles, brindilles, insectes…

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSELES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Ramassées et mises dans des sacs pour être livrées par un courtier aux usines de parfumerie de Grasse qui distillaient deux produits, l’huile essentielle de Néroli pour la parfumerie et l’eau de fleur d’oranger pour l’alimentation. Il faut environ une tonne de fleurs pour extraire 1 kilo de néroli et 600 litres d’eau de fleurs d’orangers. 

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

L’extraction par solvants volatiles est un procédé pour recueillir l’Absolu (alcool presque pur moins de 1% d’eau). Une partie des arbres n’étaient pas concernés, les fleurs poursuivaient leur cycle pour obtenir des fruits : les fameuses oranges amères.  Une partie de la production était vendue aux confiseurs pour la fabrication des fruits confits. Le reste en plus faible quantité était destinée aux producteurs de liqueurs.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Les oranges étaient pelées en colannes (rubans), séchées et vendues pour la fabrication des vins cuits : Quinquinas, Amer Picon, Cinzano  et autres… Enfin presque tous les producteurs, ainsi que tous les habitants se gardaient quelques kilos de la récolte pour se préparer un délicieux vin d’orange qu’il fallait filtrer jour de pleine lune et dont voici la recette de ma mère :

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Mettre à macérer pendant 45 jours :

•    5 oranges bigarades amères

•    1 orange douce, 1 citron, 1 mandarine

•    1 bâton de vanille ou de cannelle

•    1 kg de sucre

•    5 litres de bon vin (rouge, rosé, blanc selon la  préférence) 

•    ½ litre alcool à 95°

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Qui se souvient qu’autrefois, en juin, on coupait les « broutes », ces petites jeunes repousses de branches de l’année pour en extraire une eau parfumée « eau de broute ». La cueillette de la fleur d’oranger, sur la Côte d’azur, fait partie de ces jolies traditions dont la mémoire est conservée par le village du Bar-sur-Loup avec sa fête de l’oranger.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Les Grassois réputés comme danseurs ont créé les danses des corporations comme celle des Courdelles (ou des lacets) propre aux faneurs, celle des tisserands. Dans la danse des jardinières, les fleurs occupent la place d'honneur, les hommes tiennent entre leurs mains des arceaux fleuris; les jardinières, du pain béni dans leurs paniers, vont et viennent et leurs pas évoquent les gestes des cueilleuses.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSELES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Ou encore la danse plus voluptueuse comme la Moresque où les femmes couvertes de fleurs, fuient puis recherchent les hommes aux genoux entourés de petites sonnettes. La fête historique des fleurs et des parfums de Grasse qui eut lieu en avril 1933, le long du boulevard Fragonard, nous parait riche en tableaux et décors. Célébrant avec magnificence les éléments auxquels Grasse doit sa prospérité et sa renommée, c'est-à-dire sa flore incomparable et les odorants produits qui en sont extraits.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

Ce jour-là, diverses réjouissances furent organisées, comme un défilé en kaléidoscope de la parfumerie au temps de jadis. Les personnages avaient revêtu le costume traditionnel du XVIIIème siècle et rejouaient la scène de la visite de Don Philippe, second fils de Philippe V, roi d'Espagne, entrant à Grasse en 1742. Ils recevaient également dans toute sa splendeur, la princesse italienne Néroli, à laquelle on doit l'invention du même nom.

LES ORANGES DE L’AMIRAL DE GRASSE

 

 

                                DIAPORAMA DE LA FETE

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Published by BIKER06

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