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Le cœur des collines niçoises bordant le fleuve Var (Alpes Maritimes) abrite des endroits insolites appelés les « vallons obscurs ». Il s’agit d’un système de canyons et de ravins creusés dans une roche particulière (le poudingue).
Cascade pétrifiée et végetation solidifiée
En ces lieux, le contraste avec l’extérieur est saisissant puisqu’il y fait sombre, humide et frais toute l’année. Ces conditions particulières permettent à une végétation montagnarde et subtropicale de se développer tout proche de la mer Méditerranée.
L'une des nombreuses cascades du canyon
Le Comté de Nice possède un particularisme né d’un isolement géographique, terres de contraste, il offre une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées. Laissez moi vous conduire avec ma partenaire de randonnée, dans l’un des endroits les plus secrets de la capitale azuréenne, à quelques pas de la célèbre Promenade des Anglais.
Passage dans l'une des grottes du canyon
Au nord de l’agglomération niçoise, à l’extrémité du quartier Saint Isidore, s’ouvre une gorge profonde et étroite qui passe à juste titre pour une remarquable curiosité naturelle. Lorsque l’on parcourt ce site à pied sec, il n’y coule qu’un mince filet d’eau. Le jour ne s’entrevoit qu’au sommet resserré des parois.
Passage dans une faille trés étroite
Ces murailles géantes sont tapissées de lichens et de capillaires diaphanes, adaptés à l’humidité ambiante et à l’absence de lumière. Ce lieu solitaire et sauvage, d’une mystérieuse beauté à quelques centaines de mettre à vol d’oiseau du Palais de la Méditerranée est connu sous le nom de « vallon obscur ».
La faille et la grotte du diable
Dans ce Vallon obscur court une légende dont Roland de Roncevaux en est le héros. C’est de retour de Rome ou ils avaient été appelé par le Pape Adrien que l’illustre Chevalier, en compagnie de l’empereur Charlemagne firent un passage à Nice. Un soir, Rolland du faire face à des sarrasins déguisés en saltimbanques qui terrorisaient la région. Il n’aura aucun mal à les mettre en fuite avec sa chère Durandal, son inséparable épée.
la lumiere passe quelques fois à travers la foret vierge suspendue
Mais Roland de Roncevaux n’était pas au bout de ses peines. Un terrible et fulgurant éclair fit son apparition. Roland fit tournoyer son épée mythique pour se défendre, mais la terre trembla dans ses profondeurs et un craquement ébranla le sol, puis une fracture s’ouvrit laissant échapper les entrailles de la terre.
Yvette admire les murs de végetation accrochés à la falaise
Une profonde galerie s’offrait à la curiosité du preux chevalier qui s’y engagea hardiment. Avançant dans cet antre ou régnait une odeur purine, il piétinât d’horribles créatures croupissant infectes dans leur bave, il heurta d’effrayants reptiles repoussants accrochés aux parois, toute une faune agressive, emmêlée dans cet infernal vestibule.
Puis sans raison, ce corridor de l’horreur vit les flancs de sa montagne se resserraient sur lui. Assaillis par une grêle de pierres, il s’écria : Ah ! Sorciers maudits, que ne sommes nous face à face ! Vous n’auriez pas si facilement raison de moi !
Cascade pétrifiée et foret tropicale, nous sommes à Nice
Il s’agenouilla, serrant tout contre lui sa chère Durandal et attendait résigné que viennent la mort. Mais l’affreux piège l’épargna, les parois s’immobilisèrent, comme stoppées par quelques miracle. Roland s’était abandonné au sommeil, il ne fut réveillé que le lendemain par le son du cors parti à sa recherche. Il raconta son étrange équipée à son compagnon d’arme et voulu lui faire visiter le fantastique défilé.
Mais Roland et son inséparable épée, véritable talisman avait brisé le sortilége. A sa grande surprise, la ou il n’avait vu que reptiles hideux et monstres repoussants, ils n’aperçurent plus que des touffes légères et gracieuses de cette plante délicate, baptisée capillaire par les botanistes et cheveux de Venus par les poètes. C’est ici que commence ma randonnée, dans se que l’on appelle de nos jours le « Vallon obscurs de Donaréo ».
L'appellation « Vallons obscurs » est à elle seule mystérieuse. Et pourtant comment mieux désigner ces canyons profonds, froids et humides que le soleil peine à éclairer ? Peu connues du grand public, mais fréquentées jusqu'au début du siècle dernier par les paysans, qui profitaient du moindre arpent de terre arable, souvent cachées par une végétation envahissante, ces curiosités naturelles sont apparues voilà quelques millions d'années.
Nature luxuriante dans une zone sub-tropicale à queques centaines de metres des plages
Ils sont nés de la saignée verticale des petits affluents du Var (le fleuve niçois) sur le poudingue, cette roche très dure faite de sédiments et de galets roulés . Autour de Nice, il y aurait quelque 120 kilomètres de ces Vallons obscurs, la plupart inaccessibles, car noyés sous les broussailles.
L'excursion à Donaréo ne nécessite aucun entraînement physique particulier, mais exige de solides chaussures. On longe le lit du ruisseau bordé de buddleias violets, le chemin se resserre, et l'on parvient à une gorge encadrée de hautes falaises. Les parois sont couvertes de mousse pétrifiée, traversées de cascades qui jaillissent de la roche...
La beauté des mousses et des fougeres est extraordinaire
Le décor est celui d'une grotte: travertins blanchâtres, épais et solides comme des piles de cathédrale, draperies fantasmagoriques, sombres tunnels... Cet univers minéral abrite quelques très rares espèces de plantes. On est ici au royaume des mousses et des fougères.
Le promeneur attentif remarquera le pteris de Crète, rarissime sous nos latitudes, le cyrtomium fortunei venu de Sumatra et acclimaté sous les cieux du Donaréo dans les années 1950, mais aussi les primevères jaunes et blanches, qui poussent ici en abondance. A un quart d'heure du centre de Nice, le dépaysement est total. Suite dans le prochain article....
DIAPORAMA DE LA RANDONNEE