Si le gotha "républicain" des Alpes Maritimes (Ciotti, Estrosi-Sassone, Leonetti) est toujours fidèle à ce rendez vous annuel, celui ci a remplacé un, plus royal et impérial de l’époque… Le combat naval fleuri était un prétexte à un rassemblement de notabilités qui en faisait la manifestation chic de la saison d’hiver.
De nombreuses personnalités acceptent de parrainer la fête. La tribune officielle affiche tout ce qui compte dans l’Europe de personnalités royales, civiles et militaire: les maires, les députés, les conseillers généraux, le préfet, les consuls (Italie, Britannique), les amiraux des escadres sont souvent présent à la fête.
Mais aussi les ministres étrangers y sont confiés, on notera la présence du Ministre de Perse ou des souverains du Siam. L’évêque de Monaco ainsi que le ministre d’état font figures d’habitués, quelquefois le Prince ce déplace lui même accompagnée pour l’occasion du roi des Belges ou du Grand duc Michel. D’ailleurs les russes sont souvent présent comme le Prince Romanowsky.
De riches hivernants, dont Gustave Eiffel, offrent des prix. En 1934, le président de la République envoie un vase de Sèvres. L’Escadre de la Méditerranée apporte son concours logistique à la manifestation.
Au cœur de la saison touristique hivernale de la Côte d'Azur, le Combat Naval Fleuri rencontre un très grand succès : le 25 février 1908, il accueille 15 000 visiteurs dont 4 951 sont venus par le train et 6 250 par le tramway.
Dés les premières années, la présence de l’escadre de Méditerranée est un élément phare de la manifestation, cette participation régulière de la Marine fait du combat naval un événement patriotique tout autant que mondain. Il ne faut pas oublier que les années précèdent et suivant la Grande Guerre sont des années de fort sentiment patriotique. Comme dans la chanson, on aime « voir et complimenter » l’armée française !
Donc une manifestation organisée, selon les années, » en l’honneur » ou « avec le concours » des défenseurs de la patrie est automatiquement bien ressentie dans toutes les couches de la société.
D’autre part, l’armée de terre à Villefranche les chasseurs alpins, participe volontiers aux festivités, et on rencontre beaucoup d’uniformes sur les embarcations.
Nissart per Tougiou, Promoure l’identita e la curtura Nissarda
Dés les premières années, les magazines « people » de l’époque sont aux premières loges, sollicités pour relater l’événement le plus « chic » de la saison. Egalement présents, les hebdomadaires régionaux (le Petit Niçois) qui publient en anglais et les journaux étrangers qui expédient leurs correspondants. Sans oublier les agences de photos….
Le quotidiens régional « le Petit Niçois » n’hésite pas à consacrer toute sa première page à la manifestation en 1909. Et lorsque le 5 Mars 1935, le combat naval fleuri de Villefranche sur Mer fait à nouveau la une du « Petit Niçois », le grand quotidien d’information de la Cote d’Azur ne concède dans cette même page qu’une demi-colonne au Carnaval de Nice, un entrefilet au Carnaval de Cannes et un autre à la fête du Citron à Menton.
Fort d’un financement exceptionnel de mécènes, le comité d’organisation ne lésine pas sur les moyens pour que la fête soit grandiose et réussie. L’organisation du spectacle ne doit rien au hasard. Le combat naval est un « must » à l’organisation parfaitement huilée, qui ne souffre pas l’improvisation.
Pendant plusieurs mois, le Comité des fêtes aidé par la Mairie prépare des armatures souples sur lesquelles sont disposées des fleurs pour la décoration des bateaux traditionnels. Le thème des décors varie chaque année.
Nissart e soulamen nissart !
Plusieurs tonnes de fleurs sont utilisées lors de chaque manifestation, essentiellement des mimosas et des œillets, les fleurs traditionnelles de la région niçoise. La matinée du Combat Naval Fleuri est consacrée à la décoration des pointus alignés le long du môle du port de la Santé.
Il est 14h30. Le canon vient de lancer le début des hostilités. Une vingtaine de pointus se lancent à l’assaut de la rade. À leur bord, des dizaines de bénévoles, à l’uniforme et au pied marin. Sur le pont, parés au Combat naval fleuri. Et il le faut, car sur les quais du port de la Santé, ils sont des milliers à les attendre de pied ferme.
Heureusement, les embarcations débordent de munitions. Plusieurs dizaines de milliers de fleurs sont ainsi projetées dans cette bataille spectaculaire et insolite. La seule où chaque assiégé espère bien être touché : « Monsieur le pêcheur ! Ici, on n’en a pas eu ! Ils sont gavés de fleurs là-bas ! », tente un homme à l’accent bien d’aqui.
Et qui se mélange à ceux venus des quatre coins de France et du monde, tant les touristes sont légion. Ainsi croise-t-on Martine et Thierry, les bras chargés d’œillets et de mimosas, Normands «sous le charme de cette manifestation festive et authentique. On n’hésitera pas à la conseiller à nos amis !» Année après année, le Combat naval fleuri fait florès !
Lou can pescadou
Plus de huit mille spectateurs se sont regroupés ce lundi de la fin février, tout le long du quai du port de la Santé. Les vingt embarcations surchargées de fleurs font ensuite un tour d’honneur dans le bassin avant de s’aligner le long des quais pour lancer leurs fleurs aux spectateurs.
En théorie, le public doit renvoyer les fleurs aux bateaux, ce qui constitue le « combat ». Mais généralement les spectateurs les conservent précieusement. On a même vu certains repêcher des fleurs à l’épuisette dans la mer ! À la fin de la manifestation, la mer est recouverte d’un tapis de fleurs jaunes et rouges. C’est la yole de Villefranche sur Mer qui démarre les hostilités.
Laïssa Ana, la yole est un long bateau de 11,64 m pouvant naviguer soit avec dix avirons, soit avec trois voiles « au tiers ». C'est la reconstitution historique d’une chaloupe d’état major du XVIII° siècle, dite « yole de Bantry ». La yole de Villefranche est labellisée « Bateau d’Intérêt Patrimonial ». La yole d'origine est conservée au Musée National d’Irlande.
Elle a été capturée par des Irlandais pro-britanniques. Elle a été parfaitement entretenue de génération en génération jusqu'à notre époque. Cette embarcation de prestige est le plus vieux bateau français subsistant. La yole Laïssa Ana a été construite à la darse de Villefranche sur Mer par des membres de son futur équipage encadrés par le charpentier de marine Franck Pilate, à partir d'un relevé de la yole originale de 1796.
La yole de Bantry Laïssa Ana a reçu, à « Brest 2000 », un prix national pour la qualité de sa construction. Laïssa Ana a été baptisée le 1er juillet 2000 par la princesse Marina de Savoie lors d'une somptueuse cérémonie coprésidée par le préfet des Alpes Maritimes et Victor-Emmanuel de Savoie le fils d'Humber II dernier roi d’Italie. D’ailleurs pour ce combat naval fleurie , vous y verrez toujours les armoiries de la Maison de Savoie. Villefranche sur mer porte l’emblème de la croix blanche sur fond rouge….. Issa Nissa !
DIAPORAMA DE LA BATAILLE
