L'Opera de Nice coté mer
La musique et le chant réservent des joies qui nous transportent. La raison en est simple, ce sont les arts qui s’adressent à notre être entier. Ce n’est pas seulement une satisfaction intellectuelle ou une simple sensation plaisante. C’est une joie absolue.
L'Opera coté rue
Un moment rare d’union avec soi et avec les autres et la cité des Anges a toujours su offrir cela ! La Marquise Alli-Maccarani obtient d'Amédée III, Roi de Sardaigne sous la juridiction duquel vit le Comté de Nice, l'autorisation de transformer son ancienne maison d'habitation en théâtre.
Ainsi, le petit Théâtre Maccarani, du nom de ses propriétaires, s'élève-t-il au XVIIIe siècle sur l'emplacement de l'actuel Opéra. Aménagé en 1776, tout en bois, sa façade nord s'ouvre sur la ville et sa façade sud sur les remparts du quai du Midi, aujourd'hui quai des États-Unis. En 1826, la Ville de Nice rachète le Théâtre sur les conseils du Roi Charles Félix (Carlo Felice di Savoia roi de Sardaigne) et décide de le raser pour construire un grand Opéra dans le style italien, sur l'emplacement de l’ancien.
C'est Benedetto Brunati, architecte de la ville et Perotti, architecte turinois, qui conçoivent un édifice avec un parterre spacieux, sans sièges, comme il est encore de tradition à cette époque, avec quatre étages de loges pour installer confortablement le public aisé et la grande loge royale soutenue par deux cariatides dorées.
La scène est fermée par un immense rideau sur lequel le peintre niçois Giovanni Biscarra représente, en une fresque géante, les exploits de l'héroïne niçoise Catarina Ségurana. Le fond de la scène, orienté au Sud comme aujourd'hui, s'ouvre sur une vaste baie vitrée découvrant la mer.
Nom de rue en Français et en Niçois dans toute la ville
Cette baie a été murée en 1866 et un gigantesque cadran solaire a été placé à cet endroit du côté du quai du Midi. L'Opéra devient Théâtre Municipal en 1870. Mais un drame terrible va détruire entièrement l’opéra.
Fresque de 1584 (rue de la poissonnerie) représentant Adam et Eve dans le jardin du Paradis…
On sait que le pire ennemi des théâtres de ce temps était le feu. L’abondance de tissu, de papier mâché, de bois exposait ces établissements aux flammes. Le risque était augmenté par l’usage des rampes de scènes au gaz, dont la circulation à travers le bâtiment créait un danger supplémentaire d’explosion.
Nice au mois de Mars...l'esprit tranquille !
C’est cette terrible conjugaison qui frappa le théâtre royal le 23 mars 1881 pendant l'ouverture de Lucia de Lammermoor, tout bascule dans l'horreur, en quelques minutes. Un terrible incendie détruit entièrement le théâtre.
Quand le brasier fut éteint, il ne restait du théâtre royal que ses quatre murs de façade et l’on dégagea deux cents victimes à qui l'on consacre un monument en forme de pyramide à l’entrée du cimetière du château (C’est l’une des 3 plus grandes catastrophes de Nice avec la plateforme de l’aéroport en 79 et le 14 Juillet 2016).
Le 7 novembre 1882, la municipalité décide de reconstruire le nouveau théâtre sur l'emplacement de l'ancien et charge François Aune des plans de l’édifice. François Aune, né en 1814, architecte niçois, a obtenu un diplôme de géomètre à Turin avant d'être nommé architecte de la Ville.
Les plans qu'il propose pour le nouvel opéra sont approuvés par Charles Garnier, alors Inspecteur des Bâtiments Civils. François Aune, élève de Gustave Eiffel, bâtit une enveloppe en maçonnerie traditionnelle à base de pierres, de briques et de chaux, à l'intérieur de laquelle il établit une structure de poutrelles métalliques.
La loge royale..
La décoration de la salle et de la scène résulte d'un compromis entre les traditions locales niçoises, l'influence grandissante des francophiles et les exigences esthétiques d'un public cosmopolite (Anglais, Russe). La synthèse de ces courants divers est faite par un architecte formé à l'école turinoise (capitale historique des états sardes).
Dès l'origine, le cahier des charges prévoyait que la salle serait à l'italienne. Ainsi, les loges, véritables petits salons intimes, s'ouvrent sur la salle et leur ensemble offre l'aspect d'un mur percé de multiples baies. Liberté est donnée à chacun de participer au spectacle, selon une philosophie qui privilégie l'autonomie individuelle, sans pour autant gêner le confort collectif.
Le nouveau théâtre est pourvu d'une magnifique décoration, tandis que le plafond, peint par Emmanuel Costa, représente le Char du Soleil. Les sculptures sont de Raimondi et représentent les Muses: Euterpe (la musique), Melpomène (la tragédie), Thalie (la comédie) et Terpsichore (la danse). En 1902, le Théâtre municipal prend le nom que nous lui connaissons aujourd'hui : Opéra de Nice.
Quelques éléments ont changé dans cet édifice depuis l’origine. Ainsi de l'entrée principale, qui débouchait sur un vaste escalier inscrit dans la rotonde du Théâtre, transférée rue Saint-François-de-Paule. De même, le proscenium a-t-il été diminué, le grand lustre supprimé, puis rétabli en 1960 (il compte 600 lampes), le parterre agrandi, les peintures de l'entrée remplacées par de grands miroirs.
On démonte le décor de Carmen..au moment de ma visite.
La cage de scène a été refaite et modernisée en 1979. Aujourd'hui, la fosse d'orchestre, grâce à son plateau mobile, permet d'augmenter très sensiblement le nombre de musiciens pour les concerts et autorise l'interprétation d'un répertoire plus large. Le Théâtre a été classé monument historique en 1993.
Salle de conference et au bout le bar.
Au 19e siècle, Nice devint un lieu de séjour hivernal pour l'aristocratie européenne et son Opéra bénéficia pleinement de cet engouement. Les grands chanteurs et les grands compositeurs se succédèrent donc sur cette scène. Dans le centre-ville, le quartier des musiciens se souvient de leurs noms : Offenbach, Meyerbeer, Halévy, Berlioz, ou encore Verdi dont la création française de la « Force du destin » eut lieu à Nice en 1873.
Tous ces compositeurs séjournèrent plus ou moins longtemps, entraînant dans leur sillage la présence de « monstres sacrés » du chant comme la soprano Adelina Patti ou le ténor Enrico Tamagno.
Après l’incendie et sa reconstruction, la vie lyrique niçoise reprit de plus belle avec des créations comme Marie-Madeleine de Massenet ( 1903), avec les premières françaises d'ouvrages comme Les Troyens de Berlioz (1891), La Gioconda de Ponchielli (1886), « Eugène Onéguine » de Tchaïkovsky, l' « Or du Rhin » de Wagner (1902), « Ekaterina Ismaïova » de Chostakovitch, ou encore la création mondiale de l' « Elégie pour de jeunes amants » de Henze (1965).
Les divas se sont succédé : Nelly Melba, Felia Litvine, Emma Calvé, Mado Robin, Régine Crespin, Barbara Hendricks et Montserrat Caballé dont le nom est d’ailleurs donné au Foyer de l'Opéra de Nice.
Des chanteurs légendaires ont fait entendre leurs vocalises: José Luccioni, Cezare Vezzani, Georges Thill, Mario del Monaco, Carlo Bergonzi, Luciano Pavarotti, Franco Corelli, Ruggiero Raimondi, Placido Domingo ou encore Jonas Kaufmann.
La scène de l'Opéra de Nice a également accueilli des concerts prestigieux avec des solistes comme les pianistes Marguerite Long, Arthur Rubinstein, Wilhelm Kempff, Krystian Zimerman ; les violonistes Jacques Thibaud, Zino Francescatti, Yehudi Menuhin; les chefs d'orchestre Georges Enesco, Jasha Horenstein, Paul Paray, Igor Markevitch, Eugen Jochum, Wolfgang Sawallich, etc.
DIAPORAMA DE L'OPERA