A droite Nice et la mer ligure
Tout débute il y a maintenant plus de 30 ans. Annie Beacci, alors présidente du syndicat des horticulteurs de Nice et Gairaut, propose de créer un évènement afin de promouvoir l’œillet. Elle souhaite l'appeler "La Fête de L'Oeillet". À l’époque ils sont près de 700 horticulteurs à cultiver cette fleur.
La balade fleurie des ruelles de Falicon
Au fil du temps, le marché de l’œillet s’appauvrie. La culture de l’œillet se perd et n’est plus à la mode. Pour essayer de promouvoir cette fleur qui lui est chère, Annie demande aux horticulteurs de bien vouloir lui céder les chutes des récoltes, dont ils ne se serviront pas, afin de créer des compositions florales et d’offrir au public un spectacle de qualité. C'est ainsi qu'est né La Fête de l’Oeillet.
Plus qu’une simple fête, c’est aujourd’hui devenu une tradition. Pendant une semaine c’est une vingtaine de passionnés, de Falicon et des alentours, qui se mettent au travail pour offrir un spectacle haut en couleurs, pendant deux jours. Tous sont bénévoles et le font avec le cœur et pour le plaisir. Karine anciennement présidente de Falicon en Fleurs, donne aussi un cours d’Art Florale qui chaque année donne naissance à de nouveaux artistes. Des petites mains attentionnées qui feront de magnifiques bouquets et compositions exposés le jour-J.
En 2015, Karine passe le flambeau de la présidence à Laurence. De nouvelles personnes rejoignent l’aventure. La Fête de l'Oeillet a passé un cap en 2015, celui des 30 ans ! Pour fêter ce renouveau la fête a évolué. Dorénavant c’est le village qui fleurie. L’œillet sort des habituelles salles d’exposition, et vient fleurir le village. Pour cette 32ème édition, le thème est " Falicon, Soirée Disco " I will survive !
Retour vers l’histoire d’une fleur que les niçois avaient délaissé pour la rose: L’historique de cette impopularité, fut sa signification d’éternel second. « À l’Opéra de Nice, le premier prix était un bouquet de roses. Et pour le second, des œillets ». Avec une telle réputation, difficile de vendre l’œillet niçois. Les fleuristes ont abandonné ce combat épineux.
Pourtant, c’est une fleur magnifique. Elle se cache d'ailleurs sur pas mal de bouquets d'exposition sur les sites des grands fleuristes... Le Niçois est catégorique: c'est la faute à la rumeur. "Dans les années 60, ils nous ont tué l'oeillet. C'est à cause d'une artiste. Selon les dires, une cantatrice aurait prétendu avoir perdu la voix après avoir reçu le bouquet maudit.
Il est d'ailleurs déconseillé d'offrir des oeillets à un artiste. Alors si l'envie vous prenait de faire un cadeau fleuri, préférez la rose, piquante mais moins dangereuse. Puis arrive Ferrante Lanari qui va remettre l’oeillet niçois sur les bons rails ou plutôt sur les bons étalages.
Considéré comme un sorcier dans l’art difficile d’obtenir une fleur, dont la couleur doit rester stable. L'alchimiste de l’œillet qui œuvre à Cagnes-sur-Mer, au-dessus du domaine des Collettes du peintre Renoir, se mit au travail. Il sélectionne 10 000 à 18 000 graines par an et met au jour, par pollinisation, environ 100 nouvelles fleurs chaque année (il en a créé 2 000 durant sa carrière).
L’un d’entre-eux a déjà fait le tour du monde sous le sympathique nom de Vittorio Gassman ! Ferrante Lanari a pris la suite de l’entreprise de ses parents et depuis les années 50, sa quête du Graal à lui, c’est une fleur mythique. Un oeillet si mystérieux qu’il lui a demandé des années de recherches, d’élaborations étranges, seules comprises par les initiés du bouturage et de la pollinisation façon « mariage » entre Madame et Monsieur Oeillet !
Sur la place, socca, pissaladière, barbajuan et pan bagnat...
Cela demande beaucoup de doigté et de patience car les « futurs » sont parfois capricieux ! La sélection ultime sera rude et les déceptions nombreuses, quand on est en quête de perfection. Un oeillet : un beau, un original, un qui va laisser une empreinte dans l’histoire des oeillets, cela est plus que rare !
Il va créer l’oeillet suprême qu’il va appeler « Jóusé Garibaldi » (rappelons que le héros des deux mondes a vu le jour à Nice le 4 juillet 1807) et la magie s'opère immédiatement ! L’oeillet de Nice, dianthus caryophyllus, emblème de notre Ville, est exporté dans le monde entier, acheté à brassées, adulé il revient enfin à la mode !
Dianthus, la fleur des dieux, à laquelle La Quintinie, en charge du potager du Roi Soleil Louis XIV à Versailles, avait consacré 71 pages de son fameux catalogue, recensant 225 variétés. Il existe un véritable culte de l’oeillet et sa culture est tout un art, car il y a autant d’oeillets dans la nature qu’il existe de couleurs sur la palette d’un peintre.
L'oeillet de Nice ! La littérature n'est pas restée insensible à sa notoriété. Marcel Pagnol lui accorde une place méritée, à hauteur de sa renommée, dans les 2 volumes de son ouvrage « L'eau des collines » : Jean de Florette et Manon des Sources.
Coralie Licata de Danse avec les stars
L' « obtenteur » (créateur de nouvelles variétés) d'oeillets des Alpes-Maritimes, Ferrante Lanari, cet horticulteur continue de consacrer les mois d'été à ses recherches. Savez vous que pour créer une nouvelle variété d'oeillet, il faut extraire le pollen avec une grande dextérité, puis l'étaler sur le pistil de la fleur et ainsi la féconder ?
Et si la rose occupe toujours la première place dans la production locale, le traditionnel oeillet de Nice, venu d'Italie il y a près d'un siècle, s'accroche à sa place de second. Quelque 150 producteurs azuréens vivent encore de l’horticulture florale. Ferrante Lanari est de ceux-là. Débarqué de sa Toscane natale en mars 1953, il a trouvé sa vocation en découvrant le marché aux fleurs du cours Saleya, à Nice. « Imaginez des oeillets à perte de vue, un festival de rouges, de blancs et de roses ; il n'y avait alors que trois couleurs, et c'était la grande époque du crevard.
" Typique oeillet niçois qui était cultivé à ciel ouvert sur des restanques taillées à flancs de coteaux, le " crevard " doit son nom à son calice fendu. Rustique, il a dû s'effacer dans les années 60-70 devant son concurrent à la tige plus rigide et surtout au calice fermé, l'oeillet américain. Un nouveau venu qui, plus sensible aux maladies venues du sol, a entraîné dans son sillage la culture sous serre, une révolution pour les horticulteurs locaux.
L'oeillet méditerranéen que l'on trouve sur le marché de nos jours est le fruit d'hybridations successives mêlant les deux variétés. « C'est une fleur d'hiver d'une qualité exceptionnelle, on peut la garder en vase près de trois semaines, et surtout elle offre une palette de couleurs illimitée. Enfin presque, car nul obtenteur n'a réussi jusqu'ici à créer le mythique oeillet bleu.
A gauche Stephanie Impocco la chanteuse de la comédie musicale Romeo et Julliette
Des années sont nécessaires pour créer un nouvel oeillet. Fermeté du calice, hauteur et solidité de la tige, résistance aux maladies, qualité de la couleur, tenue en vase, productivité sont autant de paramètres qui entrent en ligne de compte et qui au fil des ans sont suivis de près. De novembre à mars, temps fort de la floraison, Ferrante Lanari reçoit la visite de producteurs venus d'Italie, de Turquie, de Hollande...
Les premiers essais qui ont donné naissance à Vittorio, un oeillet rouge qui a conquis les Napolitains, remontent à près de dix ans. Depuis 1995, une association Nice Qualité Plus regroupe producteurs, grossistes et fleuristes azuréens. « Pour lutter contre la concurrence étrangère bien souvent de pietre qualité. Un engagement qui s'étend à l'ensemble de la production locale de fleurs coupées commercialisées sur tout le territoire national et à l’étranger.
Pour l'oeillet, il s'agit aussi de défendre ses parts de marché. Car, si l'essentiel de la production française d'oeillets monofleurs est concentré dans les Alpes-Maritimes, l'Espagne, la Turquie et la Colombie sont des concurrents dangereux qui tirent les prix vers le bas. L'oeillet est une fleur dévoreuse de main-d'oeuvre, et dans ces pays les coûts de production sont inférieurs aux nôtres. Mais rien ne vaut l’oeillet niçois ….
La fete de l’oeillet 2017 a surtout valu par son spectacle de tres grande qualité, car je n’ai pas été tres fan cette année de la décoration. Moins belle et moins importante que la précédente édition. Les visiteurs pouvaient suivre un chemin gazonné qui parcourait les ruelles du village en y découvrant quelques paires de jeans habillés de bouquets d’oeillet.
Par contre le spectacle a été fabuleux. Ca commence par un concours de chant style « the voice » avec un jury dont Coralie Licata en était l’invité. Puis une école de danse de Saint Laurent du Var E. Motion nous proposera un jolie show. Mais le clou du spectacle disco est à venir et c’est de la dynamite !
La troupe les « étoiles de Mougins » est une compagnie professionnelle qui compte dans ses rangs entre autres Jules Grison et Stephanie Impoco, les deux protagonistes de Roméo et Juliette, la comédie musicale qui a tourné dans le monde entier il y a quelques années. Des artistes qui savent aussi bien chanter que danser et qui se sont spécialisés dans les chansons des années 70/80. Un répertoire qui donne des spectacles dynamiques, colorés et très bien mis en scène. Rien que pour ça, le déplacement était nécessaire….
DIAPORAMA DE LA FETE