On commence par enlever le sable
Le Polynésien était chasseur, pêcheur et cueilleur. Il ne cueillait et ne chassait que ce dont il avait besoin (normal, pas de réfrigérateur ni congélateur) … mais toujours en respectant le cycle de la Nature : les Anciens Polynésiens n’avaient nullement besoin de leçon sur la préservation de l’environnement.
Il avait tout à sa disposition, donc, il se levait et allait chercher ce dont ils avaient envie. Tout appartenait à tout le monde ! Ce n’est qu’à l’arrivée des Anglais, Espagnols, Français et Européens que cette tradition va changer, car « par souci » de protection, ils se mûraient chez eux, et ont introduit les clôtures … c’est comme cela, que le Polynésien va » s’approprier » tout ce qui l’entoure et provoquer des tensions dans les familles, encore aujourd’hui …
Presque toutes les terres sont en indivisions et malheureusement cela se règle devant un juge ! C’est le lot de tous les peuples souverains qui ont été annexé par les colons. Quelle tristesse la mondialisation capitaliste !! Bref, c’est pas vraiment le propos dans cet article … on parle du four traditionnel polynésien, donc de cuisine ! de partage intense, pleins de rire, de joies et surtout les anecdotes historiques racontées par les vieux …
Le ahi ma'a ou ahima'a (en tahitien "ahi" signifie le feu et ma'a, la nourriture) désigne tant l'outil de cuisson et la technique que le mets préparé dans le four polynésien. En tant qu'outil, c'est le four traditionnel polynésien pour cuire les aliments à l'étouffée.
On enleve les branches de palmier
Il s'agit d'un trou creusé dans la terre (de 50 à 80 cm de profondeur et 2 mètres de diamètre) au fond duquel on place du bois, des noix de coco sèches recouverts de pierres volcaniques et poreuses; le bois consumé, les pierres sont chauffées au rouge.
Ces pierres sont recouvertes d'un tapis de feuilles vertes de bananier sur lesquelles on dispose la nourriture que l'on recouvre de nouvelles feuilles de bananier et de sacs humides ou d'une nappe tressée de feuilles de purau, puis de terre ou de sable. Voici les différents mets que l'on peut trouver dans un ahi ma'a :
On enlève maintenant les feuilles de bananier
Pua oviri » (cochon sauvage); « uru » (fruit de l’arbre à pain); «taro», « fe’i » (banane orange qu'on ne mange que cuite), « eia » (poisson du large); « poe » (c'est un dessert (gelée) qu'on emballe, par petits paquets, dans des feuilles de bananiers); « fafa » (un épinard local qu'on met dans une marmite); et bien sur du manioc.
Comme je l’ai dit dans mon précédent article, pour 25€, on avait droit à un plateau repas de spécialités polynésiennes dont ce fameux Umu. Bien sur, il fallait réserver à l’avance et je l’ai fait le soir même dés que j’ai vu l’affiche en revenant de Saint Jean Cap Ferrat pour la fête de la rose. Il suffisait d’envoyer unn cheque à l’office de tourisme et ils se chargeaient de toutes vos réservations ensuite…
La recette du Umu n’est pas la plus simple, mais c’est bon de changer un peu des barquettes au micro-ondes hein ! Dans la rubrique des « plats traditionnels wallisiens (Wallis et Futuna) », je pense que le umu mérite de figurer en bonne position. Le umu est davantage qu’un plat, c’est un mode de cuisson, à l’ancienne.
Vive le cochon ! Le cochon pour tous....
Dans d’autres îles du Pacifique, il répond aux doux noms de imu, lovo, ahima’a (ahi » représente le feu et « ma’a » signifie la nourriture en tahitien) ou encore koua tout dépend de la langue régionale de l’ile ou vous vous situez, mais le principe est le même : creuser un four dans le sol et faire cuire de la nourriture sur des roches (volcaniques si possible) ou du métal préalablement chauffés.
Cette pratique n’a pas de signification particulière, qu’elle soit religieuse ou autre; en fait, elle répond essentiellement à un souci pratique, qui est de pouvoir préparer des repas suffisamment conséquents pour les nombreux membres de chaque famille maorie. Ce fut meme une coutume mise en place par les missionnaires catholiques. La plupart des familles possédaient un endroit pour faire le ahima’a.
On récupère le manioc et le fruit de l'arbre à pain
La fosse du four du Umi ti que l'on retrouve à Saint Jean Cap Ferrat pour la journée polynésienne est d’environ 2.50 mètres sur 2,50 mètres de large et 0,80 mètre de profondeur, elle est remplie de bois de ati (tamanu) qui a la particularité de dégager une grande chaleur et de se consumer très lentement, puis les braises incandescentes sont recouvertes de pierres volcaniques.
Le jour convenu, le four est allumé à 6h00 du matin pour que les pierres soient à bonne température à 13h00. Normalement dans la tradition il s’ensuit d’une cérémonie de la marche sur le feu qui débute avec des danses incantatoires, puis le grand prêtre entre en scène en « balayant» les pierres avec des feuilles de auti sacré.
Ensuite, les disciples sont invités à traverser la fournaise et à se purifier ainsi le corps et l’esprit. Bien sur à Saint Jean Cap Ferrat cette coutume n’est pas proposée. La marche sur le feu est une tradition en Polynésie qui remonte à la nuit des temps. Celle-ci avait une fonction et un intérêt bien particuliers dont le point de départ est le umu ti qui consiste donc à cuire dans un four traditionnel des racines de ti (cordyline) pour se prémunir de la saison sèche, qui dure de mai à novembre.
Ainsi cuits, les tubercules de ti pouvaient être conservées pendant de long mois, permettant à la population de faire face à la disette. La marche sur le feu servait à vérifier la présence des dieux, qui avaient la réputation de se retirer pendant le matari’i i raro . Si les tahu’a (prêtre) parvenaient à marcher sur les pierres de lave chauffées à blanc sans se brûler, cela signifiait qu’ils avaient toujours le mana (le pouvoir) nécessaire à la réussite de la cuisson des ti.
On transporte les cochons de lait pour la decoupe
L’association qui organisait cela à Saint Jean Cap Ferrat est originaire de Wallis et bien sur pour les touristes, elle généralise un peu les traditions de ces territoires d’outre mer. C’est comme les restaurants asiatiques qui mélangent chinois, thaïlandais, vietnamiens ou japonais.
Les îles Wallis sont un groupe d'îles (environ 20) françaises, situées au sein de l'océan Pacifique occidental, entre les îles Fidji, les îles Tonga et les Samoa occidentales. Appartenant à la collectivité d’Outre-mer de Wallis-et-Futuna, ces îles françaises sont située à environ 230km au nord-est de Futuna.
Uru (arbre à pain) et manioc au four
Elles ont été baptisées d’après le nom du navigateur qui découvrit l’île en 1767 : Samuel Wallis.L’archipel est composé d’une île principale: Uvea, et d’une vingtaine d’îlots d’origine corallienne. L’économie monétaire est relativement peu développée, et seule une petite partie de la population locale a accès au monde du travail.
L’île exporte peu de biens, et ne comporte pas d’industrie. On recense tout au plus une dizaine d’entreprises importantes. La majeure partie des emplois est composée d’emplois publics (professeurs et personnels administratifs). 80% des fonctionnaires locaux sont des cadres métropolitains expatriés.
On découpe le manioc à la serpette
Les « native » quand à eux s’exilent le plus souvent en France et ont bien sur choisi la Cote d’Azur de préférence que Paris ou une autre région. On les comprend sans problème et le soleil de la Méditerranée leur fait penser au paradis qu’ils ont quitté avec regret !
*Ce n’était pas la première fois que j’assistai à cela. Rappelez vous cet article: http://freerider06.over-blog.com/article-soiree-tahitienne-dans-les-gorges-du-loup-80520769.html
Les femmes préparent les salades polynésiennes chaudes et froides
DIAPORAMA DU FOUR POLYNESIEN