Lou vin es bouón doun li a une bella aubergista.
Derrière l’image de carte postale, Nice dissimule des lieux plus secrets, mal connus des guides touristiques et des locaux parfois. Dernière grande ville à avoir rejoint le giron national, de ce que certains considèrent comme un « rattachement » (les provençaux), et que d'autres tiennent pour une « annexion » (**les niçois de souche votre serviteur).
Prends et va t'en ! drôle de nom pour un restaurant ?
Un moment sensible pour les Niçois, qui n'ont jamais été autant attachés à leur identité, forgée par vingt-cinq siècles d'histoire tourmentée. Annexé à la France depuis 1860 (dérisoire sur 3 millénaires d'histoire) seulement, la cité a été le lieu de passage de bien des cultures et influences, lui laissant traces ici et là.
Alors aloura ! Maison Niçoise ou casa italiana ? la cucina si assomiglia...li bandieri nissart italiano, autre defouora !
Le roman de Nice est inscrit dans la courbe de la baie des Anges, singularité de la ville, ce galbe a séduit de nombreuses civilisations. Fondée par les Grecs au Ve siècle avant Jésus-Christ, Nikaïa a vu les Romains*, les lombards ou encore les Sarrasins arpenter ses rues.
La tache d'huile (différence avec l'italien..couhina et cucina)
Cité frontalière, entre Italie et Gaule, elle est propice aux passages et aux échanges. Il faut attendre le XIVe siècle pour que l'identité locale se fixe. Le comté de Nice se sent menacé à l'ouest par-delà le Var. En 1388, pour écarter le danger, les Niçois alors cité indépendante comme d’autres grandes villes italiennes (Pise, Florence, Venise, Gênes) signent la dédition de leur ville à la Maison de Savoie (Casa di Savoia) pour se protéger de la belliqueuse Provence.
La porchetta et la socca 2 institutions niçoises (vive le cochon, viva lou maiale)
Dépendance du duché qui deviendra royaume, la cité azuréenne conserve une large autonomie. Sous la menace de la Provence, Nice aurait perdu son particularisme et ses libertés. La Savoie n'est pas trop regardante à l'égard de sa lointaine possession et reste un allié de taille pour la future Countea (contado, comté).
Cuisine niçoise chez Michel
L'oeuvre des « Savoie » en fait foi: ils créent le port franc, synonyme d'indépendance financière, et le Sénat, garant de la souveraineté judiciaire et administrative locale. Pendant près de Six cents ans, la ville échappe ainsi à la destinée française contre nature. C'est durant cette période que se forge l'identité niçoise.
Boucherie de père en fils depuis 1950
En rejoignant la Savoie, les habitants de ce petit golfe méditerranéen souhaitent se distinguer, notamment par rapport à l'Italie. La langue est différente. Le niçois est un dialecte Ligure (Monaco, Gênes, sud de la Corse), l’italien lui, vient de la langue Toscane (la norme standard de l'italien moderne). Ce parler devient le socle, sinon de l'identité, en tout cas de la culture niçoise.
La porte du Cours Saleya et du marché aux fleurs (pouòrta Saleya e mercat ai flou)
Mais l'influence italienne se fait sentir partout dans la ville, comme en témoignent aujourd'hui encore la cathédrale Sainte-Réparate et le palais Lascaris. Le baroque florentin envahit les rues. Un espace urbain à l'image de son identité: bien présente, mais éclatée. Car ce rattachement à une contrée éloignée favorise un surprenant dualisme: Nice a les pieds en Méditerranée et la tête dans les Alpes.
Viva nissa per tougiou..bandièra rouge e negre. Soulamen nissart
Le peuple niçois est à la fois un peuple de marin et de montagnard. Une double composante qui donne lieu à cet étrange mélange d'ouverture vers la mer et de repli sur les terres intérieures, si particulier aux Niçois.
le stockfisch se dit Estocaficada en nissart avec sa bagna cauda
En 1860, l’annexion de Nice et de la Savoie est la condition que pose Napoléon III à l'unification de l'Italie. Les Sardes finissent par céder, Nice va perdre sa liberté. Et pourtant, la culture niçoise, longtemps opprimée par l'État jacobin (interdit de parler la langue jusqu'en 1970), opère depuis quelques années un retour inattendu. Chaque année, le nissart connaît un singulier renouveau auprès des jeunes générations: + 10 % parmi les élèves du secondaire.
C'est déjà traduit !
Ce particularisme local n'a rien à voir avec un quelconque folklore. Il suffit d'observer la politique azuréenne: depuis 1860, la ville n'élit que des maires natifs du comté. Jean Médecin, Jean Paul Bareti, Christian Estrosi ...En 150 ans, il n'y a eu que deux " étrangers" (un provençal et un français).
Une gelateria très connue dans le Vieux Nice
Le dynamisme du terrain associatif est aussi à l'origine de ce regain d'intérêt identitaire. La fédération des associations du comté de Nice compte aujourd'hui 46 structures dédiées à la culture niçoise, regroupant 9 000 adhérents. C'est dans la vieille ville que l'on retrouve encore ce particularisme.
Le N°1 des glaciers en France est aussi niçois avec Arlequin sur l'avenue Malaussena
La vieille ville de Nice forme une zone triangulaire délimitée par la colline du château à l’est, la plage au sud et le boulevard Jean Jaurès au nord. À l’origine les premiers habitants de la ville s’étaient installés sur la colline du château avant de migrer vers la « ville basse ». La vieille ville a gardé ses origines italiennes, avec ses ruelles ou venelles, ses immeubles ocres ou rouges sardes agrémentés de persiennes, ses églises baroques et ses placettes.
Depuis 1816, l'un des plus vieux commerçant du vieux Nice (maioun nissarda despi lou 1816)
Il fait bon y flâner, surtout l’été car on y trouve plus de fraîcheur qu’ailleurs ! C’est en outre le quartier le plus touristique de la ville, si vous y allez en saison attendez-vous à la foule ! Vous vous rendrez compte que Nice est toujours italienne. Il suffit de se balader dans le centre-ville ou la zone piétonne pour s'en rendre compte: les commerces tenus par des Italiens sont légion. Et le secteur le plus emblématique de la suprématie transalpine à Nice reste sans conteste la restauration (la meilleure cuisine au monde).
Comme Pierrot je cherche ma chance Qui sait si je la ferai. Je ne demande pas la lune Mais laissez-moi le rêve
Sur les 350 restaurants que compte la ville, 70 % des propriétaires sont de souche italienne. Au-delà des métiers de bouche, c'est une multitude de commerces d'agroalimentaire, de sociétés de services, de magasins d'ameublement, de coiffeurs, d'entreprises du bâtiment que détiennent aujourd'hui les Italo niçois. Sur le secteur de Nice, pas moins de 734 entreprises italiennes sont enregistrées à la chambre de métiers et 630 à la chambre de commerce, toutes des TPE ou des PME.(Chambre de Commerce Italienne Nice Sophia Antipolis, Côte d’Azur)
Enseignes aux patronymes transalpins (boutiga nissarda)
Et, quels que soient les chiffres annoncés, c'est beaucoup plus. Un autre secteur accueille une forte proportion d'investisseurs transalpins : l'immobilier. Dans ce domaine, les Italiens sont de loin les résidents les plus présents : 25 000 résidences secondaires sur la Côte d'Azur seraient entre leurs mains. A Nice, ils possèdent environ 69 % des 8 700 résidences secondaires détenues par des étrangers, la plupart de ces acquéreurs sont issus des régions frontalières du Piémont et de la Lombardie.
Alors que dans cette maison. au tournant du XXVIIème jour de mai de 1840. L'esprit de Nicolas Paganini est rejoint aux sources de l'harmonie éternelle ou se trouve l'arc puissant des notes magiques dans de belles auras douces de Nice. La douceur suprême est toujours en vie.
Pour l'anecdote, les Italiens à Nice au début des années 20 constituaient environ 68 % des propriétaires étrangers. Pendant très longtemps, la communauté italienne a été la plus importante. Ceci s’explique naturellement par son histoire avec l’Italie. Depuis le Moyen-Age jusqu'à l’annexion frauduleuse de 1860, l’Italie est pour ainsi dire l’histoire originelle de la ville de Nice.
Notre maison...
La frontière italienne se trouve à moins de 30 minutes de Nice, ce n’est donc pas étonnant de trouver un peu d’Italie dans cette ville du sud. Il suffit de se balader dans le centre-ville pour s’en rendre compte: la rue déborde de commerces et de restaurants italiens. Dans la vieille ville, vous pourrez facilement trouver un marchand de glaces, un pizzaiolo ou encore un restaurateur italien qui a pour spécialité les raviolis de sa mama !
Quelques plaques commémoratives.
D’inspiration italienne, les rues de la Vieille-Ville sont très étroites et tortueuses; les façades sont de couleurs chaudes: jaune, orange, rouge. Le style baroque de ses églises fait également preuve de l’Italie. Une particularité de la ville de Nice est le grand nombre de bâtiments et d’immeubles qualifiés de « palais », bien qu’ils soient de toutes époques et de qualité toute aussi variée.
Le charreton à bras
En effet, le terme de palais, à Nice, provient de l’italien palazzo, qui signifie immeuble. Nice est le seul lieu où l'on peut savourer le vrai pan-bagnat, petit pain rond frotté d'ail et garni d'une salade niçoise, la socca (galette de pois chiche à l'huile d’olive), la pissaladière (tarte aux oignons avec filets d'anchois et olives noires) la tourta de bléa (aux blettes et pignons), la ratatouille, l’aïoli, la soupe au pistou, ou de savoureux gnocchis, raviolis à la niçoise, Merda di can, pelotons etc… le tout arrosé d’un agréable vin du pays, le vin de Bellet. (toutes ces spécialités sont niçoises et pas provençales)
Le vieux Nice est incontestablement un petit endroit charmant. Une petite ville qui sent bon les fleurs toute l'année grâce à son marché aux fleurs. La vieille ville ne manque pas de piquant avec ses marchés, c'est un régal d'épices, de couleurs éclatantes qui quelque soit la saison, s'exposent sous un soleil qui réchauffe…
Patronymes nissart italianisant (Paese che vai usanza che trovi)
* Au IIIe siècle Nice est la capitale des Alpes Maritimae, et est considérée par les romains comme la 8e colline de Rome. C’est ici que s’installe Cornélia Salonine, impératrice, épouse de l’empereur Gallien pour se soigner. Elle y aurait accompli des actes de clémence à l’égard des Chrétiens. Une rue lui est d’ailleurs dédiée non loin du site des thermes antiques de Nice.
**Aujourd’hui encore on peut voir à quel point la culture niçoise est empreinte d’influence italienne. il y a à Nice la Società Dante Alighieri, un organisme international fondé à Rome en 1889 dans le but de promouvoir la langue et la culture italienne à travers le monde. Le comité de Nice se trouve en centre-ville. Il organise des cours d’italien axés sur la conversation, des formations en entreprise, des évènements culturels et des voyages en Italie. Initiateur de l’italien moderne, langue à laquelle il a donné sa dignité littéraire, le célèbre auteur de la Divine Comédie s’impose comme la figure emblématique du rayonnement de la culture italienne. Le comité niçois fut fondé en 1948. Pourtant l’idée la plus répandue est celle qui consiste à dire que « Nice était italienne »… Cette affirmation est inexacte, car cela sous-entendrai que Nice était un territoire de l’Etat italien. Hors, l’Italie en tant qu’Etat-Nation vit le jour le 17 mars 1861 : un peu moins d’un an après l’annexion frauduleuse de Nice par la France. Bien sûr Nice fut pendant des siècles influencée par les différentes cultures de la péninsule italienne (en premier lieu par ses proches voisins : le Piémont, la Ligurie et la Sardaigne) Nice à une mentalité, une culture, une architecture, une façon de vivre latine et italianisante. Les Romains faisaient arrêter l’Italie aux bords du Var, Nos ancêtres sont les Ligures et non pas les Gaulois (les Ligures étaient un peuple vivant dans le nord-ouest de la péninsule italienne entre Nice et la Ligurie, région qui porte leurs noms). Mais pas de nationalité italienne au sens stricte du terme car l’Italie n’existait pas encore en tant que Nation. Par son raccourcie et sa simplicité, l’affirmation « Nice était italienne » peut être vue sous certain aspect comme "dangereuse" car elle supposerait que si les Niçois n’étaient pas italiens (dans le sens de "nationalité"), ils seraient automatiquement français…hors comme le disait Garibaldi « Ni Italien, ni Français. Mais Niçois ». Nice s’était proclamé République indépendante vis-à-vis de la Provence en 1108 et n’aura de cesse de lutter pour son indépendance. En 1388, le peuple niçois choisi librement (en ayant la certitude de conserver leurs libertés et privilèges) de rejoindre la Maison de Savoie. Et la question de la nationalité niçoise ressurgit en 1871 quand les Niçois votèrent massivement pour les candidats indépendantistes (menaient par Garibaldi).
DIAPORAMA VIEUX NICE