L’USS Mount Whitney passe devant Theoule sur Mer
L’histoire du débarquement de Provence commence le 15 Aout 1944 contre l’avis de Churchill. Le vieux lion préférait une autre stratégie et un débarquement sur les cotes adriatiques pour encercler l’ennemi, mais De Gaulle et le général Eisenhower pensaient autrement.
La plage du débarquement le Dramont
Mon histoire débute un peu plus tard par un acte héroïque méconnu de l’histoire de France (comme dab). Le 28 août 1944. Nice se soulève contre l’occupant allemand. Et s’en libère. Nice est la seule grande ville du Sud-Est à s’être libérée elle même...
L'le d'Or, celle qui a inspiré Hergé pour Tintin et l'ile noire
A Marseille et Toulon, si des insurrections avaient été déclenchées le 19, ce sont les troupes africaines qui ont libéré ces villes le 28 août. Même à Paris, c’est la 2e DB qui vient achever de libérer la ville, le 25. A Nice, c’est le peuple qui fait fuir les Allemands, avant-même l’arrivée des alliés américains.
Cérémonie au square D. Eseinower
Depuis la mi-juillet, les gens sont particulièrement énervés. Le rationnement a été diminué de moitié ! Et puis il y a eu beaucoup de répression. Le 7 juillet avec les pendaisons des résistants niçois Séraphin Torrin et Ange Grassi, devant les arcades qui mènent à la place Masséna.
Le 15 août, ils fusillent 21 résistants à l’Ariane, en représailles du débarquement allié sur les côtes de Provence. Les Allemands ont instauré la loi martiale, un couvre-feu. Quiconque est trouvé dans la rue peut-être abattu. Les Niçois bouent de se libérer…
Généraux Anglais 2 et 3 étoiles
Outre les FFI, la population prend part aux combats. Il y a d’ailleurs non seulement des blessés parmi les FFI, mais aussi parmi les civils. Et des morts. Notamment de civils qui n’avaient rien à voir avec les combats. Par exemple, mes grands parents m’ont conté l’histoire d’enfants mitraillés dans une cour, avenue Saint-Lambert, sur la partie qui s’appelle aujourd’hui Raymond-Comboul.
Arrivées des américains et des portes drapeaux français
Ou encore d’une petite dame tuée sur son balcon intérieur. En se retirant, les Allemands ont tout mitraillé sur leur passage. A la Pointe de l'Esquillon à Théoule-sur-Mer (Alpes Maritimes) et dans la nuit du 14 au 15 août 1944, les ombres des navires alliés approchent du rivage. C'est le déploiement le plus à l'Est du débarquement de Provence qui s'étend jusqu'au Cap Nègre. Nom de code : Dragoon.
Les officiels devant le monuments du débarquement
Les navires s’apprêtent à débarquer. A Théoule, le détachement qui débarque a un objectif bien précis empêcher les renfort allemand d’intervenir… Le commando de Théoule-sur-Mer, débarqué la veille, tombe dans le piège des mines allemandes. Les représailles ennemies se multiplient et dès le 16 août, la population se terre. Les rues des villes sont désertes. C'est l'état de siège...
Vétérans français à la manière des clubs Harley américains
Trois jours après le débarquement, la tête de front des alliés s'étend sur 70 kilomètres. Les troupes alliées, débarquées plut tôt, n'ont pas prévu de progresser vers l'Est mais au contraire de remonter vers le Nord. Une division de parachutistes progresse vers la Siagne, avec ordre de ne pas franchir la rivière...
Pendant que le commando de paras progresse vers Cannes, la Résistance est très présente dans l'arrière pays. Les maquisards sont positionnés en hauteur dans la vallée du Var. C'est le cas au dessus du Broc, au lieu-dit La Clapière. Le Niçois Louis Fiori a alors 19 ans. Ce jeune communiste fait partie des FFI (Force françaises de l'intérieur).
Discours de l'ambassadeur de Grande Bretagne
Et depuis la veille, il est installé sur un éperon rocheux surplombant le Var pour mitrailler les allemands avec ses partisans. Après des escarmouches dans la plaine du Var (le fleuve), le jeune Louis Fiori et un groupe de 130 résistants se déplacent dans le haut pays et contournent Nice par le Nord.
Dans la capitale azuréenne, la grève générale et l'insurrection ont été déclarées. Le syndicat CGT a ordonné aux salariés des usines et bâtiments occupés de cesser le travail et de prendre les armes. Les villes de la Côte d'Azur sont libérées les unes après les autres. Ce jour là, c'est le cas de Mandelieu-La Napoule.
La veille, l'état major allemand installé à Cannes a compris qu'il serait compliqué de conserver la ville et a décidé de négocier… Le 24 août 1944 Cannes, Grasse et Antibes sont libérées. L'information arrive à Nice. Immédiatement les forces de résistance s’organisent...
Les associations assistent à la commémoration
Les FFI sont mobilisées et c'est par le nord de Nice que le front de résistance s'organise. Si Cannes, Grasse et Antibes sont libres, les combats continuent dans l'arrière pays... A Nice, le journal clandestin « Le Patriote » parait pour la dernière fois. Il indique que des dizaines de milliers de patriotes seraient en train de prendre possession de la ville.
Les mots sont sans détour : "Les collaborateurs, journalistes, et gendarmes policiers vendus a l'ennemi seront conduit en prison ou emmenés au poteau d'exécution." Pendant que dans la ville l'insurrection se prépare, les troupes américaines approchent…
Les Forces Spéciales Américaines
Le 26 août 1944, le colonel SS à la tête de la Gestapo installée à Nice a été égorgé a l'hôtel Ruhl par un résistant. Les prémices de la libération sont là : le comité d'action FFI est créé, les FTP (francs-tireurs et partisans) sont mobilisés. Le comité insurrectionnel valide le soulèvement pour le lendemain, alors que les premiers chars américain arrivent a Saint-Laurent-du-Var.
Le 28 août 1944 à Nice, quelques 350 FTP sont mobilisés au petit matin, bientôt rejoints par des patriotes. Le mot d'ordre de soulèvement est imprimé et affiché sur les murs de la ville : "Aux armes citoyens ! Tous à l'action ! A l'action immédiate !".
La Wehrmacht est aux abois, ses soldats ont peur. Le peuple de Nice, quatrième ville de France doit après Paris, Marseille et Bordeaux se libérer. Les groupes patriotiques se postent a tous les carrefours de la ville...
Les niçois attaquent des dépôts d’armes et récupèrent beaucoup de munitions. Les combats dans la ville sont acharnés et petit à petit les niçois prennent le dessus quartier par quartier.
Stands de marché aux puces militaire
Les niçois occupent des lieux stratégiques et poussent l’ennemi à fuir. Les forces allemandes, constituées à 85 % de servants polonais, sont plus nombreuses, mieux équipées, mais n’y croient plus. Les Polonais abandonnent l’artillerie de la colline de Gairaut et tuent leur commandant pour se constituer prisonniers à 13h15.
À 19 h, après de nouvelles attaques infructueuses, le commandement allemand reçoit l’ordre de quitter Nice. La Kriegsmarine abandonne ses positions du Château et de l’Hôtel Suisse avant de faire sauter deux quais du Port, de couler quatre navires et de jeter dans les bassins onze grues.
Soldats américains et fanfare écossaise
Une demi-heure plus tard, la Feldkommandantur (Hôtel Atlantic) est abandonnée par ses défenseurs, qui mitraillent les façades de l’avenue de La Victoire, de la Place Masséna et du boulevard des Italiens avant de gagner la Basse Corniche. Ce que feront aussi les derniers Allemands.
Par l’action du peuple niçois, la Résistance a su gagner, préserver, afin de libérer la Ville en évitant que la plupart de ses lieux clés ne soient détruits. Nice s’est libérée au prix de la vie de 32 martyrs. Deux jours après la libération de Nice, la ville exulte : les Américains arrivent en masse et sont accueillis dans les rues avec joie et liesse.
Sergent américains et Vétéran avec son petit fils
Les Américains ont été, comme à chaque fois reçus en libérateurs: ce sont les fleurs et les baisers des femmes qui ont accueilli les soldats de l’Oncle Sam, lors de leur arrivée à Nice. Pourtant, le mérite ne leur revient pas vraiment, dans la capitale azuréenne, où ils n’ont pas participé aux affrontements.
1er Sergent armée américaine et un marine de l'USS Mont Whitney avec son commandant de frégate
Contrairement à ce qui s’est passé en Normandie, par exemple, où ils ont mené les combats dans la plupart des villes. Ou même à Toulon ou Marseille, «où les Allemands ont capitulé dans les mains des soldats débarqués».
Nice, elle, rentre dans l’histoire éternelle de la ville la plus héroïque de France en étant libéré par son peuple. Notre devoir de mémoire nous impose de nous rappeler toutes les atrocités faites par les fascistes, nazis et sympathisants de l'extreme droite pour que l'histoire ne se répète pas....
Cap-d’Ail et Monaco seront libérées le 3 septembre, Menton le 8 septembre. Le 28 octobre, les Allemands quittent Sospel. Mais les combats continuent de faire rage dans les environs. Les forts de l’Authion dans l'arrière pays niçois ne tomberont que le 12 avril 1945. Dans la foulée, Breil* (le village de maman) sera libre le 15 avril et Saorge le 18 avril.
Maintenant on va à la cantine....et pensons à nos futures générations pour qu'ils ne connaissent pas la barbarie de l'extreme droite
*Le 28 octobre fut ordonnée l’évacuation de toute population de Breil sur Roya vers les camps de déportation de Turin. Dés lors toute descente au village pour se ravitailler était impossible sans se faire arrêter par les Allemands pour ma famille qui habitait sur les hauteurs. Faute de soins et de médicaments mon arrière grand mère s’est éteinte sur son lit. A l’approche de la fin de l’année mon grand père rentre en contact avec la résistance. Le 31 Décembre un convoi est organisé avec rajout de quelques autres isolés en direction de Sospel. Ce sont des jeunes Breillois engagés pour la durée de la guerre qui ont guidé le convoi par des sentiers de montagne que l’on appelle maintenant « Le Mercantour » en évitant les champs de mine connus des résistants et les patrouilles allemandes, en deux étapes dont des heures de nuit par moins 15° et dans des dénivelés et des précipices vertigineux. A l’approche des lignes Américaines, les maquisards ont agité des drapeaux blancs. L’accueil des Américains a été très humain et chaleureux. Apres hébergement à la caserne de Sospel ma famille a été acheminé en camion militaire vers les hôtels de Nice.
DIAPORAMA COMMEMORATIONS