Laura Bollaro explique les début du Carnaval de Nice
Le Carnaval de Nice est un évènement grandiose connu dans le monde entier. Il est le plus vieux et le troisième plus grand carnaval au monde après Rio et Venise. Héritier des fêtes païennes, le Carnaval qui veut littéralement dire, enlever la viande, marque la nouvelle année, et fait sa première apparition dans la ville de Nice aux alentours de 1294.
La tête de Bourvil
Aujourd’hui ce spectacle reprend les codes de la tradition Niçoise et une lecture contemporaine de la société et de ses travers. Si les chars du Carnaval de Nice sont l’emblème de la manifestation, le bataille de fleurs, les arts de rue et les groupes d’artistes, de musiciens impulsent eux aussi rythme et couleurs dans la ville.
A tout cela s’ajoute les lumières dans les cortèges nocturnes et l’incinération du Roi qui clôture la manifestation. J’ai eu le privilège de visiter pour les journées du patrimoine 2019, l’un des ateliers principaux où l’on fabrique les chars et les costumes, car la visite se fait uniquement sur réservation et les places sont très limitées.
Un robot qui découpe les blocs de polystyrène...
Une visite magique qui nous ramène directement à l’enfance. C’est au mois de février que les festivités du Carnaval de Nice sont lancées avec des temps forts comme le corso carnavalesque, la bataille des fleurs, la parada nissarda et la socca party. Tout cela demande beaucoup de préparation pour la fabrication des chars et des costumes.
On s'amuse à monter dans la tête du dragon
La mode est au coeur du prochain thème du Carnaval de Nice, et les familles de carnavaliers se réunissent dans deux anciennes friches industrielles pour créer d’incroyables sculptures robotisées qui parcourront la ville.
Mr Povigna explique le travail du robot et celui du Carnavalier
Trois familles se partagent un travail titanesque depuis trois générations : les Povigna et les Pignataro et plus récemment les Ruzziconi, Raoul le père et ses deux filles, Magali et Morgane Ruzzicoli qui travaillent dans la société « Carnaval Story ».
Atelier de ferronnerie
Les Maitres Carnavaliers niçois emploient 75 carnavaliers qui s’activent pour les dernières retouches ainsi que des ferronniers. Ces artisans utilisent du fer lisse qui constitue l’armature métallique. Celle-ci est travaillée à l’aide d’un outil communément qualifié de « griffe » par des ferronniers, dits « serruriers ».
Un carnavalier chinois de Ningbo est venu apprendre les techniques niçoises
Le fer est travaillé avec la « griffe », en suivant les formes travaillées, dessinées à la craie au sol. Jean-Pierre Povigna est le doyen de l’entrepôt. Cela fait 68 ans qu’il construit des chars. Il est la troisième génération de carnavaliers et maintenant, il y a ses enfants et ses petits enfant en plus. La relève elle y est ! Et ses enfants adorent ça.
Ces armatures en fer sont deja prête....
Ils avaient ce qu’il faut pour faire des études mais ils ont préféré le rejoindre dans l’affaire familiale … Au fil des années, il a vu les techniques se développer. Cette année, la famille Povigna a fait l’acquisition d’un robot permettant de sculpter le polystyrène. Il n’y en a que deux en France. L’autre est à Nantes.
Réalisation en papier mâché de grosses têtes de carnaval
Un robot à la pointe de la technologie, qui vient aider à la découpe des énormes blocs de polystyrène. Un bras articulé géant qui découpe avec précision et surtout avec une dextérité bien supérieure à celle de l'homme. « Il est baptisé Comello », il permet de découper aussi le bois et l'aluminium.
peinture pour les figures du Carnaval par Antonina
Il travaille à partir de pièces qui ensuite sont mises bout à bout, il aurait fallut quelques heures pour la sculpter et là, avec le robot, c'est fait en 20 minutes. Les éléments sont dessinés en 3D. Ce robot apporte une justesse dans les sculptures, et ils peuvent faire ce qu"ils veulent et même rectifier un sourire ou bouger les yeux des personnages. Cela leur permet d'être précis et de travailler au millimètre.
Mais le métier ne disparaît par pour autant, les sculpteurs sont la, c'est juste une innovation dans leur travail. C'est comme une couturière et sa machine. Une précision qui a un coût : 400.000 euros.
Magali Ruzzicoli et son apprenti
Pour la prochaine édition, les Pignataro se sont vus confier, entre autres, la confection du Roi et la Reine de la mode. Avec pour l’année prochaine 6 chars du Carnaval, 100 grosses têtes et 16 chars de la Bataille de Fleurs, Cédric Pignataro et son équipe n’ont pas une seconde à eux. Un peu dingos, et artistes dans l’âme, ils créent d’incroyables sculptures faites de tous types de matériaux.
Si les structures et les robotisations sont métalliques, l’habillage est réalisé à partir de mousses, de plastazote et de molleton. La création des petits sujets comme les têtes, ou les mains sont sculptés en polystyrène. Le pastissage se fait encore à l’ancienne à l’aide de papier kraft trempé dans la colle (faite d’eau et de farine, une technique ancestrale qui n’est pas prête de changer).
Les explications de Magali sous l'oeil et l'oreille attentive de papa
A ce jour il n’y a pas mieux pour assembler le polystyrène et le papier. Enfin, de la peinture, et des tissus de type lycra et de la peluche pour l’habillage des sujets. L’édition 2020 du Carnaval de Nice explorera la mode dans toutes ses extravagances.
Raoul et Morgane Ruzzicoli font essayer les grosses têtes
Les artisans ont laissé libre court à toutes les fantaisies, et on peut vous dire que leur imagination est débordante et c’est avec beaucoup d’audace qu’ils se sont amusés à créer toutes sortes de personnages dont je ne peux encore vous dévoiler.
Comme vous pouvez le constater sur mes photos, tout est fait dans le détail et avec le plus grand réalisme possible. C’est vraiment extraordinaire de voir ces caricatures prendre vie de jour en jour des mains de ces artistes. Le Carnaval de Nice c’est aussi l’occasion de créer des costumes pour les personnes qui animent les cortèges.
Des pièces deja prêtes pour l'année prochaine
La B.A.T. comme il est coutume aujourd’hui de les appeler. La Brigade d’Agitateur de Tribunes est une troupe d’art de rue composée de 60 artistes, aussi délurés que magiquement habillés par des créatrices hors pair que j’ai pu rencontrer lors de cette journée du patrimoine.
Chaque année, quatre couturières passent entre 40 et 200 heures pour créer un seul de ces costumes éphémères qui émerveilleront les spectateurs. Un travail d’orfèvre. La bataille des fleurs est un évènement très attendu au Carnaval de Nice. Les costumes de bataille de fleurs sont confectionnés dans cet atelier spécialement créé pour l’occasion.
Carnavalier en plein travail
Chaque réalisation respecte le thème du Carnaval de Nice. Alors que le Carnaval de Nice leur prend tout leur temps d’octobre à mars, le reste de l’année est aussi bien chargé. Les Carnavaliers niçois n’ont pas le temps de se reposer. Ils vont apprendre leur métier aux autres carnavals du monde entier. Car les Carnavaliers niçois sont les maitres de cet art comme au Carnaval de Ninbgo pour lequel ils ont reproduit les chars niçois pour le public chinois.`
Je suis pour la chute de Poutine de Trump et de Macron
La « maison du Carnaval ». Propriété de la Ville de Nice, est le principal atelier de construction, spécifiquement voué aux constructions carnavalesques. Chaque société y possède son espace de travail. Lieu historique de la fabrication des chars à Nice, ce hangar existe depuis les années 1930 et demeure l’épicentre de la fabrication du carnaval.
La « halle Spada ». Située au quartier Saint-Roch, cet autre lieu de fabrication est un ancien hangar industriel de l’entreprise de bâtiment Spada. À sa fermeture, il a été réhabilité par la Ville en lieu de création d’artistes plasticiens, qui permet aux carnavaliers de bénéficier de plus d’espace que dans la « maison du Carnaval ».
Trump le clown maléfique....
Les entreprises de carnavaliers y travaillent tout au long de l’année pour leurs différents chantiers. Le projet de « cité du Carnaval ». Un projet en cours de déménagement des ateliers du carnaval prévoit de déplacer l’intégralité des ateliers du carnaval à la « halle Spada », en une « cité du Carnaval », qui réunirait aussi un espace de documentation et un lieu d’exposition.
Caroline Roux la chef costumière explique le travail des couturières
Enfin, d’autres ateliers de taille plus réduite existent, tel l’ancien entrepôt, siège de l’entreprise Nice Festivités, rue Barbéris, au quartier Riquier. Les entreprises ont chacune leur siège, qui comprend un hangar leur permettant de recevoir leurs clients, de gérer l’entreprise et de mener leur travail de création de façon indépendante.
Robes pour la bataille de fleurs
Le projet est initié par Annie Sidro, Docteur en Histoire de l’Université de Nice. Depuis 1897 son grand père, ses oncles et son père réalisèrent à tour de rôle le grand char officiel de Sa Majesté Carnaval, en collaboration étroite avec le grand imagier du carnaval niçois, Gustave-Adolphe Mossa.
Caroline et Françoise et les couturières des chars carnavalesques sont au premier étage du Hangar Spada qui compte 16000m2 de surface. Sur un niveau immense et clair, fédérant une salle de stockage pour les rouleaux de tissu, une autre pour les tenues des mannequins colossaux et une pièce démente, où trône une table de plus de 10 mètres de long adaptée à la tenue du roi. Car le souverain avoisine les 20 mètres d'altitude.
Les modèles de robes à travailler pour la prochaine édition
Aujourd’hui, Le carnaval de Rio s'est inspiré de Nice, rappelle Annie Sidro, historienne niçoise et présidente de l'association carnaval sans frontière (la seule organisation officielle des carnavals du monde), créée à la mort de son père en 1980.
Cruchot et Brice de Nice sont de garde devant le hangar ....Nice is magic !
DIAPORAMA DU HANGAR