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Village de moyenne montagne du pays Grasso/Niçois
C’est à la sortie d’un virage sur la route de Grasse qu’apparaît aux voyageurs le village de Tourrettes sur Loup pour la première fois. Village mystérieux avec sa part de légendes, Tourrettes sur Loup captive par sa beauté. On est tout de suite impressionnés par ces maisons accrochées à flan de falaise qui semblent tenir comme par miracle et qui défient les lois de l’équilibre sur un incroyable rocher.
Face à la falaise, les maisons se comportent comme des remparts
Tourrettes sur Loup est établi sur un éperon rocheux dominant au loin la baie de Cannes et le Cap d’Antibes. Situé entre mer et montagne, Tourrettes se trouve à 20 km de Nice et à 21 km de Grasse. Site fortifié sur une falaise immense, les maisons sont à flan de ce rocher gigantesque et impressionne tout de suite le randonneur qui emprunte le sentier montant de l’ancienne gare des chemins de fer de Provence au château du XVe siècle.
C'est à partir de la place de l'église qu'il faut rentrer dans le village secret
Village secret, il ne dévoile son mystère qu’une fois franchies les portes situées de chaque cote de la place que l’on traverse en voiture en venant de la route de Vence. L’histoire du village remonte à la nuit des temps avec les tribus ligures qui donnèrent beaucoup de fil à retordre aux romains.
Les Romains, arrivés au III siècle av. JC, nomment les tribus ligures occupant le territoire, les «Nérusi», et leurs lieux d’installation «Turris Alta» traduit par «lieux d’observation élevés», ce qui a pu donner Tourrettes. En fait il semblerait que le nom dérive du mot Ligure «TOR» qui signifiait «palier dans la montagne».
Les passages voûtés et les galeries sont nombreux
En effet plusieurs Tourrettes (Levens) dans la région ont également cette caractéristique. Le village s’appelle «Tourrettes-lès-Vence» jusqu’en 1894, puis avec la ligne de chemin de fer de Provence il est dénommé Tourrettes sur Loup (du nom de la rivière le Loup). Les tribus ligures s’y installèrent depuis le IX av JC.
Le site de Tourrettes sur Loup subit dès le V siècle toutes les invasions barbares: Wisigoths, Huns, Francs, Lombards, jusqu’à ce que les Sarrasins le fortifièrent et l’occupèrent jusqu’en 972. Plusieurs vestiges médiévaux, ainsi que la toponymie des lieux témoignent de ce passé moyenâgeux.
A droite ou à gauche, c'est un dédale de ruelles
Les Chevaliers de Tourrettes sont mentionnés pour la première fois en 1144 avec Guillermo Amic de Toureta, un vassal des Sires de Grasse. La famille des seigneurs de Tourrettes se voit confier les terres de Tourrettes et y fonde un château portant leur nom.
Beaucoup de portes avec de beaux linteaux
C’est à la suite d’un conflit avec la Maison de Duras et le comte de Provence (succession de la Reine Jeanne de Naples) que Marie de Bretagne attribue Tourrettes-lès-Vence aux Villeneuve (Vilanova) en 1387. Jusqu’à la Révolution, l’histoire de Tourrettes est intimement liée à celle des Villeneuve. Ils font construire en 1437 l’actuel château en y englobant le vieux beffroi du XII.
A partir de 1463, les malheurs s’abattent sur Tourrettes, la peste ravage le pays pendant 70 ans (les ligures s'installent à nouveau après cette période) suivie par les guerres de religions, celle entre l’Autriche et l’Angleterre (1744-1748), celle de la succession d’Espagne, et la Révolution où le dernier des Villeneuve, César, s’enfuit pour l’Italie où il est exécuté en 1793 près de Vintimille (frontière française actuelle).
Le village sur la falaise
Le château est ensuite transformé en hôpital pour l’armée d’Italie avant d’être vendu comme bien national et devenir l’Hôtel de Ville. Les environs de Tourrettes sont constitués de nombreuses terrasses qui étaient cultivées de vigne, de blé et de lentilles, entre autres, puis partiellement plantées d’orangers à fleurs (bigaradiers), jasmin, roses et violettes récoltés pour la fabrication des parfums.
De nos jours, agaves, figuiers de barbarie et forêts de pins ont repris le dessus. Cependant subsistent encore les oliveraies et surtout la culture de la violette qui fait du village la «Cité des Violettes». Tourrettes est un lieu de rencontre d’artistes. La belle Garance, le mime Baptiste, Lacenaire, Frédéric Lemaître : tous les personnages des «Enfants du Paradis», ce chef-d’œuvre du cinéma français tourné par Marcel Carné, ont vu le jour ici.
Un village hors du temps...
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jacques Prévert séjournant dans une bastide à l’écart du village y rédige le scénario en 1942-1943. À ses côtés, Joseph Kosma compose la musique et Alexandre Trauner dessine les décors. Plus récemment, Claude Lelouch, Guy Bedos, Jacques Martin, le réalisateur David Cronenberg … ont aussi choisi le village comme lieu privilégié de séjour, et de nombreux artistes et artisans oeuvrent passionnément au coeur de la cité animant ainsi ces ruelles toute l’année.
Tourrettes possède une richesse architecturale originale articulée autour d'une artère centrale en demi lune. Dans ses jolies petites ruelles, ses passages voûtés, ses vieilles façades de pierres restaurées avec goût, ses escaliers bordés de fleurs font l’admiration des visiteurs...
Des roses très odorantes
Tourrettes sur loup est le seul endroit en France où la violette est cultivée comme culture unique ou principale. Vers 1880, l'activité agricole de la commune s'est essentiellement tournée vers cette fleur. Viola odorata une espèce spontanée, très commune en Europe septentrionale de plaine et méridionale de moyenne montagne.
En 1875, on cultive dans la région de Grasse de nombreuses variétés longtemps dominées par la violette de Parme*. Aujourd'hui seule la variété Victoria est cultivée à Tourrettes sur Loup. Elle se caractérise par une fleur simple pétalée, dressée sur un long pédoncule de près de 25 cm. Le pétiole de sa feuille est de même longueur. La violette Victoria est très odorante, il suffit de longer les parcelles de culture, d'Octobre à Mars, pour en respirer le parfum.
Ce sont les producteurs de Tourrettes qui sont les premiers à envoyer leurs bouquets à Toulouse, pendant des années, pour qu’ils y soient vendus sur les marchés et la production s’est surtout développée dans les années 60 grâce à la demande en fleurs de la région de Toulouse qui ne produisait pas de violettes. Aujourd’hui, seule la Victoria est produite alors que Toulouse continue la production de la « Parme » qui venait donc de Tourrettes sur Loup.
Escaliers, passages voutés, ruelles escarpées..un vrai labyrinthe
*Au départ elle s’appelle la Violette de Naples. Le nom de Violette de Parme lui aurait été donné en l’honneur de l’Impératrice Marie-Louise qui devint duchesse de cette possession autrichienne après la chute de l’Empire français. Ses origines passent donc par Naples avant de s’installer en 1755 dans la région de Grasse où elle est surtout utilisée en parfumerie.
Jacques Prévert et Joseph Kosma ont composé ici «Les feuilles mortes ».
Alphonse Karr, jardinier journaliste, en assure la promotion jusqu’à Londres, Bruxelles, Amsterdam et toutes les grandes villes. Les surfaces de violettes atteignent mille hectares dans la région de Grasse dont deux cents pour la fleur coupée, mais les cultures s’étendent aussi jusqu’à Nice.
Le château des Vilanova
Elle est devenue, par l’habileté des horticulteurs, l’une des fleurs parfaites qui y régnèrent pendant plus d’un siècle. Sa renommée la fit se répandre dans toute l’Europe pour ses fleurs, et sa culture devint l’une des plus importantes productions hivernales. L’Italie son pays d’origine possède aussi ses régions de production. San Remo et les hauteurs de Rome, mais aussi Udine, capitale du Tyrol exporte alors sur Vienne, Berlin, la Pologne et la Russie.
A Grasse et sur la Côte d’Azur, les corolles sont récoltées par d’agiles Piémontaises en octobre et en mars au moment où les bouquets se vendent moins. Les parfumeries pratiquent l’enfleurage avec des graisses et fabriquent des pommades. Ensuite, vient la distillation par la vapeur d’eau ou l’extraction de la concrète.
Aux pays de la violette (expo photo)
En 1900, la Côte d’Azur distille pour la parfumerie 200 tonnes de fleurs de Violette de Parme et de Victoria et 100 tonnes de feuilles. La Parme, remplacée peu à peu par la Victoria, disparaît complètement à Grasse en 1932. Mais, curieusement, tout n’est pas perdu. La nostalgie et le retour aux valeurs du passé rappellent les violettes. Les horticulteurs ont la ferme intention de démarginaliser la violette. Tourrettes-sur-Loup relève le défi avec la Victoria.
En contrebas à droite le moulin à huile
La Violette est connue depuis la plus haute antiquité dans le Bassin méditerranéen. L’Ionie est sa résidence divine et la légende se mêle à l’histoire et aux racines grecques puisque le nom de la génisse aimée de Zeus, Io, a donné Ion, Viole, Violina, Violet, Violette. Les Romains, qui appelaient les violettes odorantes, violettes de mars, en raison de leur saison de floraison, n’hésitaient pas à les tresser en couronne sur leur tête pour effacer les affres des migraines provoquées par leurs libations.
Vallon du Cassan au pied du moulin à huile et sa roue aubes
DIAPORAMA TOURRETTES SUR LOUP