DOUANIERS ET CONTREBANDIERS A TIRE POIL

Panorama sur la cité des anges et les neiges de l'arrière pays niçois

Le sentier de « Tire Poil » en bordure du Cap d’Antibes est une promenade agréable à faire pendant l'hiver. Ce sentier des douaniers longeant le bord de mer est tiré d’une expression qui pour les garçons est l'équivalent du "crêpe chignon" des filles. On attribue généralement cette appellation au hérissement des cheveux provoqué par le vent d'est qui souffle souvent sur le Cap.

Contraste entre des roches volcaniques et les rochers blancs de calcaire du Cap d'Antibes

Les pêcheurs viennent y attraper, en abondance, loups, daurades et crustacés qui fréquentent ces eaux écumeuses devant les somptueuses propriétés de milliardaires cachées dans la pinède. On apprécie la beauté sauvage de la presqu'île. Vivifié par l'air marin, on déambule sur un terrain rocailleux, le regard perdu dans l'horizon bleuté.

Je pense des restes de la tempête Alex que la rivière Var a du rejeter ?

La promenade s'étale sur près de 4 kilomètres et est accessible à tous. L’une des plus belles promenades lors d’un confinement dérogatoire à faire dans les Alpes Maritimes est l'extrémité de la Baie de la Garoupe, cette balade suit un petit chemin charmant et sauvage, faisant le tour du Cap d’Antibes.

On prend le sentier de Tire Poil à partir de la plage Keller

Perdu entre le ciel et la mer, vous apercevrez sur votre droite les demeures magnifiques du Cap, et sur votre gauche le bleu foncé de la mer Méditerranée avec de jolies petites criques de rochers sur lesquels les vagues viennent se fracasser docilement.

Le chemin des contrebandiers longe la mer

A partir de Juan les pins, la station balnéaire chère à Francis Scott Fitzgerald, s'étale, nonchalante, la baie célèbre par la beauté de ses plages où aimait à se promener Colette, s'émerveillant du sable tantôt frais, tantôt tiède qui taquinait ses pieds.

un sentier au milieu du maquis 

Je laisse la moto au parking, puis au départ de la plage, j’emprunte le chemin piétonnier de Tire-Poil qui s'étire au long d'une multitude de petites criques pour pêcheurs et amateurs de bains de soleil. Le randonneur y côtoie les prestigieuses propriétés de cet espace privilégié qui longe la "Baie des milliardaires".

Chemin aménagé pour longer les rochers

Parmi ces somptueuses villas aux jardins luxuriants, on y découvre Eilenroc (fermé pendant le confinement) construite sur les plans de Charles Garnier, architecte des opéras de Paris et Monte-Carlo, le parc offre au visiteur, les essences rares de ses jardins.

De nombreux films y furent tournés : « Une chance sur deux » de Patrice Leconte avec Belmondo, Delon et Vanessa Paradis, « Les kidnappeurs » avec Elie Kakou et Elodie Bouchez ou encore « Les liaisons dangereuses » de José Dayan avec Catherine Deneuve…

Ici de jeunes cormorans huppés sur des rochers de granit

Entourée d'un magnifique parc complanté d'essences méditerranéennes, la tour du Graillon abrite les salles du musée Napoléonien. C'est le dernier vestige d'une batterie mise en état de défense par le jeune général Bonaparte, qui fut un temps l'hôte d'Antibes et de Golfe Juan ou il débarqua pour les « 100 jours ».

On continue le long de la pinède et de la mer

L'hôtel Eden Roc juste à coté quand à lui est considéré comme le plus beau et le plus luxueux hôtel du monde. Inauguré en 1870, il fut le premier de la Côte d'Azur à ouvrir pour la saison d'été. Anatole France, Camille Flammarion, Ernest Hemingway, Douglas Fairbanks, Mary Pickford, Rita Hayworth, Marlène Dietrich, et tant d'autres encore y ont séjourné. Sidney Bechet fut si impressionné par la beauté de l'endroit qu'il s'y maria en 1951.

au dessus des criques 

Au début des années folles, la Riviera est un lieu très prisé par la haute société, en particulier anglaise et russe. Les anglais, grands amateurs de plantes, créent autour de leurs villas de merveilleux jardins, en profitant des conditions climatiques privilégiées de cette région.

Enfin, ce lieu placé sur une langue de terre entre deux golfes permet d'apprécier en toute tranquillité les diverses facettes d'un lieu magique qui livre une multitude de décors au fil des saisons.

Petite plage dans une crique

Cette promenade est un bouquet d’odeurs velouté qui présente des fragrances imprégnés du parfum des essences de tous les végétaux du sentier qui malheureusement, je ne puis vous en faire profiter à travers l’ordinateur. Mais je vous assure de l’authenticité olfactive remarquable du lieu.

George Sand était sensible à l’étude paysagère. Avec son enthousiasme habituel, elle décrit le sentier des douaniers dans l’une de ses Lettres d’un voyageur (1868) : Placé sur une langue de terre entre deux golfes, il offre un groupement onduleux d’arbres de toutes formes et de toutes nuances, qui sont assez élevés pour cacher les premiers plans du paysage environnant. On est dans un Eden qui semble nager dans une immensité sublime et paradisiaque.

Georges Sand était tombée amoureuse de ce paradis ou douaniers et contrebandiers jouaient déjà à cache cache… Les écrivains célèbres ont puisé leur inspiration dans les murs des villas prestigieuses du cap d’Antibes.

Le sentier continue dans les rochers

Georges Sand n’est pas la seule à avoir manié la plume avec autant de plaisir devant ce panorama renversant de beauté. Nikos Kazantzakis, auteur de « Zorba le Grec », restera à jamais l’hôte de la cité d’Antipolis. Face à la mer, Graham Greene aligne les mots, noircit page après page durant 25 ans chaque hiver dans un appartement au pied du Fort Carré.

au milieu d'une eau limpide....

Comme le fut, bien avant lui, Jules Verne, le très technique écrivain qui stimule la plume du père du capitaine Nemo ! Là aussi, l'inspiration fuse dans la Villa « Les Chênes Verts » au Cap d’Antibes. Dix ans plus tard, coup de foudre pour Guy de Maupassant qui découvre à son tour le Cap d’Antibes.

Maupassant le charnel vibre à l'unisson avec ce décor, chaud et lumineux. Et c'est sur son bateau « Bel Ami » qu'il exprime le mieux son adoration pour la cité médiévale ou plus tard Picasso fera sa gloire.

Toujours entre la pinède et la mer

Aux confins de ces lieux enchanteurs, les falaises de calcaire blanc, gris ou rose et les criques profondes de la frange littorale dessinent un paysage farouche dont la sauvagerie surprend le visiteur qui s’y rend pour la première fois. Les rochers déchiquetés par la mer, érodés sous le pas du promeneur, leur blancheur contraste avec les rouges de l'Esterel.

au milieu d'une végétation exotique. Ici une fleur d'agave

Impossible de longer le chemin sans s'extasier devant les panoramas qu'il nous offre. Serpentant au plus près des flots, le sentier des douaniers s’y fraye un difficile passage à travers les murs d’enceinte qui protègent les vastes parcs privés et les demeures hollywoodiennes.

Les euphorbes géantes parcourent le sentier et s'échappent des jardins de la villa Ellen Roc

Étroitesse du cheminement, revêtement inégal, et, par temps de mistral, coups de mer subits et redoutables. Lever les yeux est la promesse d'un spectacle troublant. Celui des pins parasols et des cactus géants, des oiseaux de paradis et des griffes de sorcière.

Ici la végétation s'est acclimatée au sel marin 

En portant pudiquement son regard vers le sol, on contemplera une végétation rampante ou  la barbe de Jupiter (plantes supportant l'air salin) s'accommodent d'un milieu à priori hostile. On retrouve dans les Alpes Maritimes plus des deux tiers de la flore présente en France, ce qui en fait le département le plus diversifié de l’hexagone.

Villa au milieu d'une bande de terre...

Le sentier à beaucoup à offrir, il a été rénové dans plusieurs de ses segments au cours des dernières années. La balade sur le chemin côtier du Cap d’Antibes est très bien aménagé, et vous permet d'avoir des vues superbes sur la côte d’Antibes, ainsi qu’un panorama exceptionnel sur les îles de Lérins, et les sommets enneigés du Mercantour au dessus de la cité des anges pour un spectacle en trois dimensions.

Des oiseaux de paradis toujours en fleurs au mois de Décembre...

Le chemin serpente au grès du relief, contourne le Cap Gros, enjambe les falaises, court le long de plages « sauvages », de petites criques aux eaux turquoises. La seule difficulté sera le soleil en été, c’est pour cette raison que je vous propose cette balade plutôt en hiver au moment ou la douceur des rayons de l’astre azuréen est plus doux.

Les aloes commencent à fleurir pour cet hiver qui s'annonce toujours aussi doux

La majeure partie du parcours est donc exposée au soleil, surtout le matin. Nous sommes le premier week end de Décembre, des gens se baignent encore dans les eaux de la Méditerranée. Il fait 22° à l’ombre. On sort notre pique nique pour un casse croute sur les rochers….Somptueuse Riviera !

On reprend notre itinéraire de retour..

                                                        DIAPORAMA PROMENADE