L'escambi (l'échange) organise la course
La veille de ce premier week end d’Octobre la soeur de Soso nous prévient qu’il y a une course de caisse à savon dans son village de montagne dans l’arrière pays grassois. Elle nous invite à venir manger chez elle assez tôt, car la course commence à 14h et si on veut trouver une bonne place, il faudra être à l’heure.
Cipieres, Alpes Maritimes, son village et son château
N’ayant vu aucune annonce de faite pour cette manifestation sur les supports internet, je ne m’inquiète pas trop de la participation du public… et je ne me suis pas trompé. En fait, les participants venaient des villages alentours et ces hameaux ne dépassent pas une centaine d’habitants à l’année.
Il fait 20° et soso a déjà le polaire ...
Ici dans les Alpes Maritimes, la majorité de la population est concentré sur le littoral. Dans ces villages retirés de montagne habitent les « purs et durs ». Ceux qui n’ont pas peur du froid, de la neige et ou il faut casser du bois pour la cheminée. bref, ce sont les montagnards de nos vallées niçoises, ceux qui n’ont peur de rien ! Puis, on s’amuse comme on peut ici, avec les moyens du bord, car les subventions sont restreintes …
Les participants se préparent au plus haut de la rue
Presque comme au grand prix de Monaco, place du Casino. Au café associatif l’Escambi (l‘échange en langue locale), on s’attable devant une crêpe au chocolat, un café chaud ou un vin chaud car dans l’arrière pays niçois, l’hiver arrive vite. Pour buller aussi en regardant dévaler les caisses à savon. Ce sont elles, les reines de la Savonnette de Cipières. Des bolides faits de bric et de broc avec des matériaux souvent récupéré à la déchèterie du coin. Débrouille, bricole et déconne à bloc.
...et les participantes !
L'association l'estambli de Cipières, petit village de montagne des Alpes-Maritimes organise chaque année une « savonnette ». Il s’agit d’une course de caisses à savon qui s’effectue dans la rue principale du village. Ce n’est donc pas d’un jeu traditionnel tel que nous le définissons d’habitude, pourtant cette pratique tend à se developper dans les villages de montagne le plus souvent (nécessité d’avoir des rues pentues).
La Suze Mobile
La plus ancienne course de caisse à savon dont j’ai eu connaissance s’est tenue en 1977 à Hartmannswiller dans le Haut Rhin. Ce village d’Alsace continue de proposer cette course chaque année. Suivant cet exemple, d’autres villages de montagne commencent à proposer également cette activité une fois par an. J’ai donc saisi l’occasion en ce premier Dimanche d’Octobre de course à Cipières pour admirer le spectacle plutôt rigolo.
Cette année, seulement une douzaine (le traumatisme covid a fait des dégâts) de bolides sont sélectionnés pour participer à la course. Ils descendent soient seuls soit en binôme. Les participants ont entre 12 et 40 ans. Les concurrents ont construit des chars à 3 ou 4 roues plus ou moins grande par rapport au châssis.
L'Utopic Circus
Le châssis avant s’oriente grâce à un volant. Les caisses à savon sont le plus souvent équipées de freins mais il existe certains prototypes qui sont freinés grâce au frottement des godasses du pilote sur les roues avant. Elles sont en général fabriquées par les participants à partir de matériaux récupérées.
On retrouve des châssis de vélo, un fauteuil roulant, des charriots de supermarché modifiés, des tonneaux ou bidons, des palettes de caisses de bois. Les caisses à savon sont décorées selon les thèmes choisis par l’Escambi l’organisateur de la course. Les participants ou participantes se déguisent pour être assortis au thème de leur voiturette.
Les savonnettes passent à l’inspection avant l’ouverture de l’événement et sont déclarées conformes ou pas. Les concurrent(e)s sont ensuite admis à concourir si leur caisse à savon correspond aux critères mentionnés dans le règlement de l’organisateur (surtout qu’ils ne soient pas motorisés).
La Fangio
Les équipes mettent environ quarante secondes à une minute trente pour effectuer la descente. Les pilotes effectuent cinq passages devant les spectateurs. Le premier et le dernier est une « parade ». Les voiturettes défilent à faible allure les unes derrière les autres afin de montrer leurs chars aux spectateurs.
La Crazy Toupie
Les trois autres descentes sont les courses chronométrées. Chaque bolide descend un par un. Après chaque descente tous les concurrents attendent en bas que le dernier passé soit arrivé. La route est ensuite fermée pour que les voiturettes soient remontées, des réparations ou des réglages sont parfois effectués pendant les temps d’attente. Chaque descente permet aux participants d’améliorer son temps. Certains abandonnent en cours de route à cause d’une casse, ou d’un accident. Ainsi à la dernière descente, il ne reste plus qu’une dizaine d’équipe en lice.
Le Condor
Les spectateurs sont réunis le long du parcours ou sur la place du village où se trouve l’arrivée. La route goudronnée d’environ 400 m est balisée par des bottes de foin, des barrières, des pneus et des rubans de chantier. Les bottes de foin servent à créer des chicanes ou à amortir d’éventuelles chutes dans les virages.
Le règlement impose le port du casques, de gants et de manches longues ainsi que de pantalons. Sécurité oblige… Les savonnettes sont lancées d’une rampe afin qu’elles prennent de la vitesse dès le départ. Il s’agit en fait d’un camion plateforme. Les caisses à savon sont montées sur la plateforme et descendent par le hayon. Ça roule quand même vite, ces bécanes dans les descentes ! La journée se termine par une réunion du groupe pour faire la photo officielle puis la remise des prix (diplômes, médailles et trophées).
la roue est tordue après un carambolage ...
Chaque équipe reçoit un prix : celui de la descente la plus rapide, de la plus belle savonnette, de la meilleure mise en scène, etc. les pilotes ont rivalisé d'ingéniosité aussi bien dans la construction de leurs caisses à savon que dans les costumes. On pouvait voir la savonnette Utopic Circus, la Pam Loisirs, la caisse à savon dite la « Suze mobile », le Condor, la « Fangio" une réplique de la Mercedes W196 de 1955 ou l’argentin deviendra champion du monde de F1 pour la seconde fois.
La Lacoste
L’ensemble de l’événement s’est déroulé dans une ambiance chaleureuse et bon enfant sous un temps estival et ensoleillé, ce qui n’empêche pas Soso de mettre le polaire dés que les températures sont en dessous de 20° contrairement à sa soeur et son mari qui sont habitué au froid sec de la montagne.
Aqui li sian 12 per juga !