LA PROMENADE DE NIETZSCHE, LA PHILOSOPHIE MEDITERRANEENNE

Sentier du littoral dit des douaniers

Des paysages tout blanc très peu pour moi !, j’aime la couleur et quoi de mieux que d’aller se promener au bord de mer en hiver avec toutes les colorations possibles, du bleu, du vert, du jaune, du rouge…. Le sentier des douaniers qui va de Eze Bord de Mer, la station estivale, située sur la Basse Corniche, du Cap Estel à l'est, à la crique de St-Laurent à l’ouest est une agréable promenade à faire en hiver quand la douceur du soleil nous enveloppe agréablement, enfoui sous une riche végétation méditerranéenne, jouissant d'un microclimat exceptionnel..

Friedrich Wilhelm Nietzsche. Pourquoi cette manie en France de vouloir tout francisé ?

Abritée de la houle par la pointe de St-Jean-Cap-Ferrat, Eze bord de mer conserve un mico-climat favorable à une luxuriante végétation méditerranéenne. Les façades roses, blanches ou ocres des villas, sont noyées dans une végétation où se plaisent les bananiers, les palmiers dattiers et les yuccas qui se détachent sur une mer azuréenne et ligure.

Pas de houle, pas de vent, le bonheur assuré !

Les citronniers, les bigaradiers et les mandariniers qui fournissent la célèbre petite mandarine d'Eze embaument le sentier avec l'air iodé de la mer. Ici, on serpente sous les jardins luxuriants des villas Belle Epoque où vécurent les Frères Lumière, Jacques Brel, Greta Garbo, Le Corbusier, Winston Churchill, Sacha Guitry et Sissi impératrice….

Voila ou résidait Elisabeth de Wittelsbach la fameuse Sissi sur la Cote d'Azur

C’est à cet endroit même que séjourna Nietzsche dans l'une des plus anciennes maisons et trouva l'inspiration pour composer "Ainsi parlait Zarathoustra" lors d'une promenade sur le sentier des douaniers.

Une végétation luxuriante même en plein hiver

"Beaucoup de coins cachés et de hauteurs silencieuses dans le paysage de Nice ont été sanctifiés pour moi par des moments inoubliables." affirmera Frédérich Nietzsche dans Ecce homo (son autobiographie philosophique) au sujet de son premier séjour sur la Riviera du 2 décembre 1883 au 20 avril 1884.

Et une eau limpide et cristalline    

Lorsqu'il arrive sur la Côte que l'on n'appelait pas encore d'Azur, le moral de Nietzsche est au plus bas. Ses livres se vendent mal, il vient de se brouiller avec Wagner et de se faire éconduire par Lou Andréas Salomé (Femme de lettres et l'une des premières femmes psychanalystes) .

Les villas à l'italienne

Sur la Riviera, Nietzsche va retrouver l'émotion créatrice nécessaire pour écrire, "Ici je croîs au soleil, comme la plante y croît" écrit-il. Et, dans une lettre à Peter Gast, il ajoute : « … Cette magnifique plénitude de lumière a sur moi, mortel très supplicié (et souvent si désireux de mourir) une action quasi miraculeuse.

et quelques cormorans 

Eze et particulièrement le sentier qui mène de la petite gare d'Eze Bord de Mer au village médiéval jouera un rôle prépondérant dans son œuvre. S'il est prouvé que Nietzsche a séjourné à Nice au cours de ce séjour, une tradition orale affirme aussi qu'il a été hébergé à Eze Bord de Mer, à l'emplacement de l'ancienne poste.

Et les aloés vera ont leur belle floraison fin Février début Mars

Selon certains, il aurait aussi dormi à plusieurs reprises dans le village. Toujours est-il qu'à Eze, le philosophe très sensible à l'influence du climat et des paysages, se régénère. Comme de nombreux écrivains, il a besoin de marcher pour créer.

La plage d'Eze bord de mer déserte....

"L'agilité des muscles fut toujours la plus grande chez moi lorsque la puissance créatrice était la plus forte. Le corps est enthousiasmé… Je pouvais alors, sans avoir la notion de fatigue, être en route dans les montagnes littorales pendant sept ou huit heures de suite. Je dormais bien, je riais beaucoup. J'étais dans un parfait état de vigueur et de patience ».

Une belle prise pour ce pêcheur ...

Là, au milieu des oliviers, des lentisques, des euphorbes et des chênes verts, au milieu de cette nature sauvage où les senteurs marines s'effacent devant l'odeur de la terre, avec la Méditerranée en fond et la silhouette du village au-dessus de la tête, Nietzsche composera les pages d'Ainsi parlait Zarathoustra qu'il qualifie lui même de décisives.

"L'hiver suivant, sous le ciel alcyonien de Nice qui, pour la première fois rayonna alors dans ma vie, j'ai trouvé le troisième Zarathoustra et j'avais ainsi terminé", écrit-il avant d'ajouter : "Cette partie décisive qui porte le titre : "Des vieilles et des nouvelles tables" fut composée pendant une montée des plus pénibles de la gare au merveilleux village d'Eza, bâti au milieu des rochers ».

L'Isoletta est un minuscule îlot privé avec un piscine qui est relié par un pont en bois ou les propriétaires de la villa du bord de mer vont se baigner dans une eau salée. Vous avez dit bizarre ?

De fait, lorsque l'on marche sur les traces de Nietzsche sur le chemin qui porte désormais son nom, on comprend mieux l'émotion qui s'est emparée de lui, notamment lorsqu'il parle d'ascension vers le sommet.

Et ici c'était Winston Churchill 

"C'est du soleil que j'ai appris cela, quand il se couche, du soleil trop riche: il répand alors dans la mer, l'or la richesse inépuisable" confiera-t-il plus tard. Aujourd'hui encore, l'homme s'y retrouve en pleine nature face à l'infini de l'horizon pour assister au même spectacle.

Le calme de l'hiver sur la Riviera

C’est ici que les montagnes tombent littéralement dans la mer le plus farouchement. On est ébloui par cette diversité géographique. Nietzsche reviendra chaque année sur la Riviera jusqu'en 1888 et même s'il ne l'évoque pas dans sa correspondance, il est probable qu'il est venu se ressourcer à Eze à plusieurs reprises. Nietzsche a parcouru des milliers de kilomètres pour trouver le "lieu fabuleux" où il trouverait enfin le calme.

Figuier de Barbarie

Ce lieu, c'est peut-être Venise ou Nice mais plus sûrement Eze dont les paysages correspondent à son tempérament. Tout le long de la promenade vous ferez face d’un coté à la mer et de l’autre aux falaises de la haute Corniche.

Encore une jolie villa

Les falaises  parsemées de milliers d'agaves, de figuiers de barbarie, de cactus de toutes sortes, de yuccas ou de genets. Le sentier des douaniers est donc une balade idyllique dans tous les sens du terme, on associe géologie, histoire et beauté naturelle.

les euphorbes envahissent le littoral

Quand je passe devant l’anse de Cabbé, je me rappelle que Jacques Brel résida lui aussi              ici pendant 10 ans et qu’il composa des chansons comme Amsterdam, le plat pays ou encore la fanette. 

Peut etre que c'est Friedrich  Nietzsche qui cherche l'inspiration ?

Et puis comme si cela ne suffisait pas en célébrité, la célèbre Sissi fera des séjours mélancoliques dans cette partie du littoral. Entre 1894 et 1897, Sissi vint à plusieurs reprises sur la Riviera Cote d’Azur rejointe par deux fois par son mari l’Empereur François-Joseph.

Le site est d'origine volcanique

Tous les matins, Sissi, se levait à cinq heures. Sa femme de chambre la coiffait, l’aidait à s’habiller. Il faisait encore nuit sur le cap Martin. Au travers des fenêtres de la villa où elle était descendue, on voyait l’étendue sombre de la Méditerranée s’étaler derrière la silhouette des grands pins.

Strelitzia augusta, palmier, bananiers...

Au loin, on apercevait à l’est les lueurs de la cité de Menton et à l’ouest celles de la principauté de Monaco. Sissi était une femme du matin. Elle prenait un bain de mer chauffé. On n’appelait pas encore cela la « thalassothérapie », mais cela y ressemblait.

J'aurai peur qu'un rocher se détache ....

Elle se faisait masser, buvait un verre de lait de chèvre ou d’ânesse. Elle se nourrissait peu, souffrait d’anorexie. Elle avait 60 ans. Le vent de la Méditerranée soufflait sur la mélancolie de la souveraine et celle-ci reprenait  sa promenade littorale.

En mars 1897, dans l’intimité de la nature du Cap Martin, ce fut son ultime séjour sur nos rivages. Car le 10 septembre 1898, s’étant rendue à Genève, elle croisera sur le bord du lac, l’illuminé qui l’assassinera.

Belle balade hivernale agréable ...

                                                      DIAPORAMA DU SENTIER

*Nice, qui n’a de charme selon le philosophe que par sa partie italienne, était sa source d’inspiration. Il s’imaginait Turin. Il adorait entendre parler l’italien dans la vielle ville. Il avait une vraie aversion pour la partie française de Nice.  Comme je comprends le poète, car j’ai le même sentiment ….