UN CARRE EN ETOILE ?

Le fort Carré à partir du quai

Si Antibes est célèbre avec sa station balnéaire de Juan les Pins qui a accueilli toutes les plus grandes célébrités du monde de la musique, du cinéma ou des arts bien avant la surfaite Saint Tropez, Antibes est une ville pleines d’histoires, de découvertes, de cultures et de ressources, d’innombrables artistes comme Picasso, Monet, Balzac, Jules Verne, Francis Scott Fitzgerald,Graham Greene, De Stael, Peynet (les amoureux de Peynet) Sidney Bechet qui s’y sont installés.

C'est un endroit que tout le monde connait dans la région, mais j’avais envie de le revoir pour le plaisir de son panorama. Pour cette journée du patrimoine 2023, je me rends sur la presqu’île Saint-Roch, le Fort Carré est bâti sur un rocher culminant à 26 mètres au dessus du niveau de la mer.

Le chemin de ronde du fort Carré

Son chemin de ronde s’élève à 43 mètres et offre une vue panoramique à 360 degrés vers la Corse et les montagnes niçoises du Mercantour. Le Fort est entouré d’un parc protégé de 4 hectares à la faune et la flore typiquement méditerranéenne.

Ce parc est la propriété du Conservatoire du Littoral. Situé sur un extraordinaire emplacement, le Fort carré offre des spécificités architecturales qui en font un fort hors du commun.

Dès l’Antiquité, le site est un lieu de culte avec un temple romain dédié à Mercure. La quasi-totalité des noms de personnes et de divinités gravés dans la pierre que les fouilles ont trouvé sont de consonance latine. Ceci ne signifie pas le remplacement des Grecs et des Ligures par des Italiens ou des Romains, mais la fusion des populations et l'adoption de noms latins et de la culture romaine.

Les murailles du fort

A présent, nous faisons un saut dans le temps: Construit sur ordre du Roi Henri II dans la deuxième moitié du XVIème siècle, le Fort Carré sert à l’époque aussi bien de sentinelle pour la frontière toute proche avec le Comté de Nice (Casa di Savoia) que de poste de défense pour Antibes, dernier port français avant cette frontière.

Celui-ci est construit sur le modèle des forts italiens (du grand architecte ingénieur Domenico Ponsello) par l'ingénieur militaire Jean de Renaud de Saint-Rémy appelé Monsieur de Saint-Rémy. La construction d’ailleurs commence par celle de la Tour Saint-Laurent, un donjon tronqué reprenant le plan des «torrionne» italiens.

Aux quatre coins du Fort, il est érigé des bastions portant un nom indiquant vers où ils sont dirigés : le Bastion France, le bastion Nice, le bastion Corse et le bastion Antibes. La forme particulière du Fort carré permet de surveiller quatre directions précises. Le Fort Carré, qui signifie fort carré, est en fait en forme d’étoile.

L'entrée du fort Carré

Du chemin de garde, on peut voir le port de plaisance. Opérationnel dès 1585, le Fort Carré a connu sa première attaque en 1592, contre l’armée du Duc de Savoie et celle de Charles Quint. Le Fort demeure un site stratégique jusqu’au XIXe siècle.

Lorsque le comté de Nice est annexé frauduleusement par la France en 1860 et que la frontière recule, le bâtiment est déclassé militairement et les soldats le quittent au profit de casernes plus modernes construites au pied du Fort Carré. C’est dans ces casernes que l’Armée installe après la Seconde Guerre Mondiale un centre de formation sportif militaire de haut niveau, mené par du personnel de l’Ecole de Joinville.

Panorama sur la Baie des Anges

Le Bataillon d’Antibes, qui fête cette année ses 55 ans d’existence, a pour mission la formation des spécialistes en entraînement physique militaire et sportif, issus des trois armées et de la Gendarmerie nationale, qui contribuent pleinement à la préparation opérationnelle des forces.

Vue sur le quai des milliardaires 

En contre-bas du fort carré et face au stade et à la piste d’athéisme a été bâti un impressionnant monument aux morts; il mesure 22 mètres de hauteur et représente un poilu.

Le vieil Antibes et sur la colline le phare de la Garoupe et le sémaphore

Antibes fait parti de ces joyaux de la Méditerranée, cité entièrement fortifiée. La mer, les remparts, des couleurs chatoyantes qui en font des lieux uniques et immortels pour tous les visiteurs du monde entier. Le Fort Carré offre en outre une balade exceptionnelle au milieu des essences méditerranéennes.

Sur les remparts le guide raconte l'histoire

La colline sur laquelle il est érigé abrite aujourd'hui un véritable écosystème, renfermant de nombreuses espèces animales et végétales représentatives du milieu méditerranéen. Il offre une vue panoramique sur la Méditerranée, les Alpes du sud et ce qui est aujourd’hui Nice, Monaco et l’Italie.

Malheureusement, j'ai visité le site par temps couvert et brumeux, mais je connais bien la vue et je sais que par temps clair, on peut vraiment voir jusqu'en Italie. Il est temps d’entrez dans le fort carré en passant sur le pont-levis, et de découvrir une cour circulaire avec en son centre un puits donnant accès à une citerne centrale récupérant les eaux de pluie.

Ce stade comptait plus de 15 000 avant la seconde guerre mondiale. C'était alors l'un des plus grands stades de France et il fut choisi pour accueillir un quart de finale de la coupe du monde de foot en 1938. C’est ici que s’entrainait les sportifs du bataillon de Joinville

En continuant ma visite, je découvre une chapelle mais le fort est aujourd’hui quasiment vide. La caserne et la cantine étaient fermées pour la journée « portes ouvertes » car la foule est trop nombreuse. Je n’ai pu que me promener autour des murs et de la cour intérieure qui étaient attrayant. Pour le reste, il n’y a  pas de décoration, pas de canons ou autre attirail militaire.

Pour les anecdotes du fort, pendant la Révolution française, Napoléon Bonaparte a été emprisonné ici pendant quelques jours, et il a servi de décor à la forteresse du méchant dans le film de James Bond « Jamais plus jamais jamais ».

La cour intérieure et la chapelle

Sean Connery et Kim Bassinger se rendent au Fort Carré, dans la cité des Remparts. L’une des scènes du film est celle où les deux héros, poursuivis par des hommes armés, s’échappent à cheval du Fort Carré en plongeant dans la mer.

Le monument aux morts haut de 22m et les anciennes tribunes du stade du fort Carré

Il y a aussi le film avec Jean Carmet et Michel Jourdan, les 4 sergents du Fort Carré. Plus qu’un film, une légende. D’abord porté disparu (oui, oui), le long-métrage d’André Hugon tourné en 1950 a pu être diffusé des années plus tard. En 1996, lors de la neuvième édition du Festival du film militaire. Le scénario écrit par Paul Fékété raconte le quotidien d’élèves à l’école militaire d’Antibes.

Le poilu vu du chemin de ronde du fort Carré

En 1969, le comédien chouchou des Français Jean Paul Belmondo dans La sirène du Mississipi de François Truffaut avec Catherine Deneuve, dévoile ses capacités d’escalade tout risque.

Le mythique film de Luc Besson « le Grand Bleu » qui a bercé des générations à sa sortie en 1988 a été tourné devant le Fort Carré. On rappellera encore qu’un second James Bond fut tourné à Antibes: les Diamants sont éternels….. Antibes est éternelle !

Les murs du chemin de ronde

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