Démo de distillation au nérolium
C’est une fete traditionnelle autour de la fleur d’oranger bigaradier, encore cultivé sur nos collines qui se fait chaque année sur la commune de Vallauris Golfe Juan. Défilé des cueilleurs en tenue régionale, démonstration de distillation, produits régionaux, concours de fougassette, bal avec orchestre, danse traditionnelle…
Stand de fougassette à la fleur d'oranger*
Originaire des Indes, l'oranger bigaradier (variété d'orange amère) a été introduit au cours des invasions mauresques aux environs du Xème siècle pour faire son apparition sur la Côte d'Azur au début du XIVème siècle. Arbuste très résistant, il demande néanmoins pour prospérer des conditions de chaleur et d'humidité assez difficiles à réunir.
Le Nerolium et l'usine de Golfe Juan
Dans le département des Alpes Maritimes, sa région de prédilection est la partie littorale, et en particulier les communes de Grasse, Vallauris Golfe-Juan, Antibes, Nice, Bar sur Loup et Biot.
Quelques produits vendus à la boutique de la coopérative
Célèbre surtout pour son importante industrie potière, Vallauris Golfe-Juan connaissait aussi, au début du siècle, une économie agricole florissante constituée par la culture de l'oranger bigaradier et par la culture florale (deux catégories de fleurs étaient cultivées : celles réservées à la distillerie qui contribuaient à l'industrie des parfums de sa célèbre voisine Grasse et celles des fleurs coupées, destinées à la décoration).
Le groupe de tradition folklorique Lei Messuguié (les ramasseurs de ciste)
La culture des orangers était un élément dominant du paysage et de l'économie de la commune. Elle fournissait un appoint substantiel tout au long de l'année par la vente de ses produits : les essences aux parfumeurs, les feuilles aux herboristes, les fruits aux confiseurs.
Le charreton des bigarades et la corbeille de fougassettes avec Mama Ana
Aujourd'hui, les produits de synthèse utilisés en parfumerie et l'extension de l'habitat ont contribué au déclin de cette activité, mais elle demeure encore importante à Vallauris Golfe-Juan et les produits issus de cet arbre sont transformés et commercialisés sur la commune par la coopérative agricole du Nérolium.
Les membres du Comité de la Saint Sauveur
Plus qu’une coopérative agricole, le Nérolium de Vallauris, créé en 1904 est un véritable sanctuaire dans lequel se dévoilent les méthodes de fabrication de la fleur d’oranger. Parce que ces fleurs sont très fragiles, c’est ici qu’elles doivent être distillées très rapidement dans un alambic.
La joueuse de flûte (aujourd'hui, on dit jouer du macron)
On fait bouillir ces fleurs avec de l’eau dans un alambic. Toute cette eau est transformée en vapeur qui va être refroidie à l’intérieur avec de l’eau froide, et un serpentin qui complète ce travail de distillation. C'est la seule commune de France ou la fleur d’oranger est encore cultivée. Mais les chiffres sont alarmants. 6 à 9 tonnes sont récoltées dorénavant chaque année, contre plus de 1800 tonnes en 1912. La récolte est en chute libre. À tel point que certains récoltants ne possèdent plus que quelques arbres.
Les brouettes chargées de bigarades
Les habitants de Vallauris sont très attachés à la fleur d’oranger, et c’est pourquoi ils étaient si nombreux pour la traditionnelle célébration. Une habitante me raconte « On a été élevé avec ça. On me disait toujours que, quand j’étais bébé, on en mettait une goutte sur la tétine le soir pour m’endormir ».
La procession en l'église Saint Anne Saint Martin
Bien sur, les voisins italiens venaient grossir les rangs et leurs femmes animaient la cueillette avec des champs sur des airs d’accordéon. Les filles chantaient toute la journée et dès qu’un jardin était fini les femmes criaient de joie.
Les joueuses de jourgina (accordeon diatonique)
Les propriétaires n’attendaient que cela pour commencer la fête et apportaient le vin, les produits de leur campagne pour le festin, et on dansait, on chantait tous ensemble… C’est cette convivialité qui est reprise tous les ans à Vallauris Golfe Juan.
Paniers avec les sachets de lavande
D’abord un héritage, la fleur d’oranger est devenu depuis bien longtemps l’un des trésors de Vallauris. Elle fait aussi partie intégrante de son patrimoine culinaire, car cette fleur d’oranger peut se déguster sous la forme de gâteaux, de tartes, de tisanes et bien entendu de fougassette, un petit pain sucré et parfumé.
Aujourd’hui, la Coopérative Nérolium, forte d’une soixantaine de producteurs, poursuit la récolte de fleurs de bigaradiers et organise de nouvelles plantations à Bar-sur-Loup et au château Robert à Golfe-Juan. Sa production est entièrement consacrée à une grande maison de la parfumerie française.
La bigarade dont la fleur donne la mythique essence de Neroli
La Coopérative Nérolium a également su se diversifier en développant d’autres activités : confection artisanale de confitures d’agrumes, ouverture d’un magasin à Vallauris et d’un écomusée à Golfe-Juan. Depuis 1904 l’usine du Nérolium (inscrit à l’inventaire national du patrimoine industriel) est bâtie à Golfe-Juan pour abriter les alambics géants destinés à permettre la distillation du Neroli, huile essentielle, issue de la fleur d’oranger au cœur même d’une zone de production d’une rare richesse et d’une rare qualité.
Danses folkloriques
La Coopérative Nérolium est toujours la seule en France à transformer les produits des bigaradiers. Elle extrait l’huile essentielle de fleur d'oranger, principalement vendue aux parfumeurs, et manufacture une eau florale destinée aux particuliers ou aux revendeurs.
L’eau, issu des fleurs du bigaradier, est un incontournable des gastronomies méditerranéennes: navette, pompe à l’huile, brioche, madeleine, chichi, fougassette, tarte, ganse, corne de gazelle, baklava, mouhallabié, namoura, kalb el louz, makrout etc …
L'apéritif d'honneur offert par le comité avec le fameux vin d'orange (bianco e rosso)
La coopérative exploite également les fruits des orangers amers et fabrique des confitures (4T/an). Plus de 120 ans plus tard, les membres de la coopérative utilisent des techniques de travail très proches de celles du début du XXe siècle. Ces méthodes de distillation et d'extraction permettent d'obtenir des huiles essentielles de qualité.
La capeline en paille
Aujourd’hui ce sont une soixantaine de producteurs qui sont sociétaire de la coopérative. Les arbres ne sont pas traités, les gestes et le matériel n’ont pas changé. On étend des draps au sol. On grimpe sur des escabeaux à trois pieds, très pratiques car ils passent entre les branches des petits orangers. On cueille chaque fleur avec délicatesse, en veillant à ne prendre que celles qui sont bien ouvertes.
Le joueur et joueuse de jourgina
On trie, retirant les feuilles et les débris de bois, ainsi que pas mal d’insectes qui se saoulent dans le pollen. L’activité est pleine de douceur. Les petites fleurs font un charmant poc, poc, poc, en tombant sur les tissus. L’air sent bon. Il fait doux. On est en famille.
À ce moment précis, on sait où on est, quand on est et ce qu’on fait. On est animé par quelque chose de beau et de paisible. On attend la pesée. Une tonne de fleurs pour 700 litres d’eau parfumée. On porte la cueillette à la coopérative. Les fleurs triées passent sur la vieille balance et sont mises en commun à même le sol.
li pichin nina
Les soirs de relevée, il y en a parfois plus d’une tonne étendues ainsi. Parfum magique. La distillation commence tôt le lendemain matin et dure des heures. Le néroli sort en premier, puis vient l’eau parfumée, qu’on appelle aussi hydrolat, tirée à 70% seulement pour concentrer les arômes. Cette eau a un parfum d’une incroyable profondeur, très puissant tout en restant délicat.
L'inévitable farandole ....
Le Comité de la Saint Sauveur de Vallauris Golfe-Juan est une association qui a plus de 100 ans d’existence. Créée par les paysans de Vallauris Golfe-Juan pour défendre leur corporation et organiser une fête traditionnelle, la composition de ce comité a évoluée pour regrouper maintenant plus de 130 membres, paysans ou pas, qui souhaitent perpétuer la tradition.
Le groupe de Maurizio Currenti et Federica Ciancio de Sanremo
Le comité organise en mai la fête de la fleur d’oranger en tenue de paysan, les membres de la Saint Sauveur participent avec leurs brouettes et charretons décorés ou avec un groupe musical à différentes fêtes de notre région (Tanneron, Mandelieu, Pégomas, Cannes La Bocca, etc..).
La chanteuse Federica chante bella ciao !
Les festivités commencent dès 10 heures par le défilé des cueilleurs et cueilleuses en costumes traditionnels avec leurs charrettes et brouettes décorées au départ de la chapelle de la Miséricorde, place Lisnard jusqu'à l'église Sainte-Anne Saint-Martin où se déroule à 10 h 15 la messe avec les offrandes des produits de l'oranger animée par le groupe folklorique Lei Messuguié.
Dimanche en fin d'après midi au nerolium de Golfe Juan
A la sortie de la messe à 11 heures, les cueilleurs se rendent en cortège et en musique jusqu'au Nérolium où a lieu à 11 h 30 un spectacle de danses animé avant l'apéritif offert à toute la population par le comité de la Saint-Sauveur.
On travaille même le Dimanche car la fleur n'attend pas ....
A 13 heures, a lieu une démonstration de danse par les danseuses de la Saint-Sauveur en prélude au traditionnel baleti en plein air de 14 à 18 heures animé par l'orchestre de Maurizio Currenti et Federica Ciancio. A 16 h 15 se déroule le concours de la meilleure fougassette à base de fleur d'oranger avec la participation des boulangers pâtissiers de Vallauris Golfe-Juan.
L'usine nerolium à Golfe Juan Vallauris
Les résultats sont programmés à 17 heures. Toute la journée ont lieu des démonstrations par le Nérolium de distillation de la fleur d'oranger dans un alambic prêté par la parfumerie Jean Bouis de Vallauris, une exposition vente de produits régionaux et des jeux pour les enfants et les adultes. L'entrée est libre.
Vous avez bien lu .... Presque 2 millions de kilos de fleurs d'oranger en 1912
La, il y en a deja 500kg, les producteurs arrivent au nerolium au fur et à mesure...
Le Monsieur m'a dit qu'ils ont cueilli 2 jours à 4 pour faire 40kg
*le néroli est l’un des ingrédients du N° 5 de Chanel, l’un des parfums les plus glamours de la marque au double C et la fragrance préférée de Marilyn Monroe. Or, l’huile essentielle utilisée par Chanel est issue des bigaradiers de Vallauris. Un néroli 100 % de pays privilégié depuis l’origine par le parfumeur. C’est dire s’il est capital de pérenniser la culture de la précieuse fleur.
Une fleur doit peser 1gr, alors imaginez vous ce que cela représente (un arbre produit 10kg de fleurs)
*Pour la petite histoire, la fougassette est une brioche qui contient 7 trous… Et ce n'est pas un hasard ! Galiléo Venturini (créateur de la Maison éponyme à Grasse) nous raconte qu'elle a une connotation religieuse : "Cette tradition représente le visage du Christ. Traditionnellement à Noël, on allait à la cathédrale la faire bénir, on la rompait et on la distribuait aux fidèles. Et on disait que si on la coupait au couteau, on était ruiné l'année qui suivait".
Fougassette à la fleur d'oranger spécialité azuréenne
DIAPORAMA DE LA FETE DE L'ORANGER