La place Garibaldi devant la chapelle des pénitents bleus du Saint Sépulcre
Devant la richesse des vestiges retrouvés sur place, la décision s’imposa d’ouvrir ici un site de visite pour montrer au plus grand nombre un autre visage de Nissa la bella. Bien plus Nissa la guerrière, Nissa l’amazone que Nice grande odalisque matissienne dans la blondeur bleutée de ses atours…
Le lion de Richard Orlinski sur la place Garibaldi et ses façades en trompe l'oeil
Saisissant contraste entre l’ancienne ville d’armes que fut Nice et la ville de charme qu’elle est aujourd’hui, c’est ainsi qu’a vu le jour en 2012, comme une éloquente empreinte du passé, la crypte archéologique du square Jacques Toja (acteur niçois, Louis XIV dans Angelique marquise des Anges aux cotés d'une autre niçoise Michelle Mercier). Ce qui saute aux yeux dans ce vaste « reliquaire » de pierres déployé sur 2000 mètres carrés, c’est le côté Atlantide engloutie de la crypte.
Vivement que l'on retrouve le pays qui est le notre ....
Sous la surface du centre-ville, gît une autre ville, dans ses mystères et ses révélations. Des passerelles permettent de circuler parmi les ouvrages fortifiés de la cité qui avait étendu là son emprise pour assurer la protection de sa population contre la soif de conquéte de la France. La crypte porte les stigmates de ce que Nice a vécu au fil de son devenir.
L'entrée de la crypte se trouve en face de la Civette à coté du mythique café de Turin
Elle montre une ville qui ne plaisante pas avec sa sécurité et qui, selon les usages en vigueur à cette époque, ne cesse de conforter son arsenal défensif en multipliant et en renouvelant ses infrastructures militaires. Cela se traduit par un bâti dont on suit les différentes strates.
La visite se fait uniquement sur réservation (gratuite journée du patrimoine)
La crypte de Nice est située sous le boulevard Jean-Jaurès et la place Garibaldi, le long du fleuve du Paillon. Ce sont les fouilles archéologiques de la première ligne du tramway de la Métropole Nice Côte d’Azur, en 2006, qui ont permis de dégager des vestiges très bien conservés, autour d’une des entrées principales de la cité, la porte Pairolière, et de mettre en lumière de façon exceptionnelle l’histoire de Nice depuis le Moyen Âge en tant que place-forte du duché de Savoie et du royaume de Piémont-Sardaigne.
La guide explique sur le tableau la visite de la partie orange (plan de la vieille ville de Nizza et de son château). Nizza: Ovviamente ! la lingua a Nizza è l'italiano. Noi italiani siamo di casa a Nizza !
Élément central dans la défense du comté de Nice, ces fortifications disparaîtront sur l’ordre de Louis XIV et de son âme damné Vauban, en 1706, pour trois siècles d’oubli. Réalisés par l’Inrap et le Service de l'archéologie de Nice Côte d'Azur, elle a été effectuée en deux temps, d’abord à l’air libre puis, après la pose des poutres supportant la voie du tramway, sous une dalle fermée.
On descend pour la visite (accès pour PMR)..
En 8 mois de fouille, l’ensemble des vestiges a été entièrement dégagé. La construction d’une paroi de béton autour du site a permis la préservation du site. En 2012, au regard de son intérêt historique et patrimonial, la Crypte de Nice a été classée au titre des Monuments Historiques. Avec ses 2000m², la crypte archéologique de Nice est la deuxième en terme de superficie après celle du Louvre à Paris.
Elle présente quatre états distincts de la fortification niçoise et l'évolution de l'architecture militaire au cours du temps. On voyage dans le temps ! cinq siècles d'histoire, du Moyen-Âge à l'époque moderne. Les plus anciens vestiges retrouvés datent du XIVème siècle, époque de la Maison de Savoie et même antérieurement au temps ou la ville fonctionnait indépendamment comme les grandes cités italiennes: Gênes, Venise, Florence, Pise..
Le circuit de la visite se fait sur des passerelles métalliques
On y trouve d’abord le cylindre de la tour Pairolière, puis l’aqueduc* qui alimentait en eau les jardins du palais sarde, les ruines des maisons du faubourg médiéval des Augustins, l’immense bastion Saint-Sébastien du XVIIème siècle, les piliers du pont qui conduit à la route de Turin.
La face du bastion de la porte pairoliere
Nice ville de trois millénaire d’histoire à une ville souterraine immense qui fut construite par étage au fur et à mesure de ses administrateurs. Le château de Nice était à l’époque bien plus grand que la cité de Carcassonne et ses galeries souterraines pouvaient s’étendre jusqu’a Falicon 10km plus loin que la cité des Anges. C’est après le siège de Nice que le roi de France décida de faire raser la forteresse et de faire exploser les galeries par Vauban (un personnage qui n'a jamais rien construit de lui méme et qui a copié les ingénieurs italiens. Le plus grand plagieur de tout les temps ).
La guide montre comment était le bastion de la porte pairoliere (il fait très sombre dans la crypte)
Vauban: Les Niçois n’ont pas oublié ce que leurs ancêtres ont eu à subir de cet individu, aux ordres de Louis XIV, et que la France honore comme un héros, sans aucun égard ni remord pour les terribles déprédations qu’il commit dans certaines provinces devenues françaises par la force, mais qui alors ne l’étaient pas.
on remarque les meurtrières ou on peut tirer à couvert sur les assiégeants
Les batteries françaises installées à Saint-Charles, au Mont-Alban et à Lympia, utilisant 644 396 livres de poudre, déversèrent sur Nice du 11 novembre 1705 au 4 janvier 1706 : 400 bombes de 5 pouces, 535 bombes de douze pouces, 273 bombes de 9 pouces… 8 208 boulets de calibre 18, 29 153 boulets de calibre 24, et 9 888 boulets de calibre 36… Nous devons donc à la précision des archives militaires françaises de savoir que nos ancêtres reçurent sur la tête, durant 54 jours : 1208 bombes et 47 249 boulets chauffés à blanc… Soit 22 bombes et 875 boulets par jour : les « Orgues de Staline » avant l’heure !!!
Les poutres en béton consolident le passage du tramway au dessus de la crypte
La crypte telle qu’on peut la parcourir est tout simplement magique, un monde de rêve quelques mètres sous la statue de Garibaldi. L’éclairage contribue à l’atmosphère envoûtante de l’ensemble en racontant une histoire tout en respectant l’Histoire. Les ombres sont nombreuses dans la crypte, elles participent de son mystère et de sa beauté.
plateforme et ravelin
Au XVIème siècle, vers 1520, un bastion de 6 m protège la porte Pairolière. Il porte les traces du siège de 1543 avec des impacts de boulets. Pendant le combat, la chapelle Saint Sébastien, hors murs, fut détruite. Elle sera reconstruite plus tard à l'intérieur de l’enceinte. Les assaillants furent finalement repoussés.
Passage devant la chapelle Saint Sebastien
La principale conséquence de ce siège fut de susciter, chez les ducs de Savoie, une forte volonté de mieux protéger le territoire niçois. Charles II fit combler le bastion avec de la terre pour amortir les boulets de canon et installer l’artillerie. Pour construire les fortifications, les ducs de Savoie ont détruit le faubourg qui se trouvait sur le site et utilisé les pierres des maisons.
Les fondations de ces habitations ont été mises à jours. On y a aussi retrouvé des objets datant de l'antiquité tardive. Le fils de Charles II, Emmanuel-Philibert, imagine une chaîne défensive pour protéger le territoire niçois avec la construction de quatre importantes fortifications: le fort de Mont-Alban (1557-1560), la citadelle de Villefranche (1554-1559), le fort de Saint-Hospice (1560) et la citadelle de Nice (1577-1579).
culée du pont-levis
Le nouveau bastion Pairolière possède deux orillons. Un se situe au niveau de l'entrée de la crypte… l'autre sous la place Garibaldi. Imaginez les dimensions de ce bastion ! Un fossé est creusé devant le bastion, rempli par l'eau des sources avoisinantes. L'eau s'infiltre encore aujourd'hui. On l'aperçoit, immobile, qui recouvre le sol. Un pont permettait de franchir le fossé. les vestiges des arches ont été retrouvées.
Tronçon préservé de l'aqueduc
Bastion, fossé, ravelin, muraille, arche se succèdent sous des éclairages ciselés. Un snipper de la nuit des temps se tient-il en embuscade quelque part dans ce décor grandeur nature, prêt à user de son arbalète ou de son arc pour repousser l’attaque de l’ennemi ? Des ouvertures dans ce qui subsiste d’un mur de ravelin témoignent de ce genre de pratiques stratégiques. On voit aussi la trace de dommages causés par des tirs de boulets. Autre morceau de bravoure de la crypte, le soubassement de feue la tour Pairolière, élément clé des fortifications niçoises d’antan.
le fossé et bassins
Plus loin sur la passerelle, on croise ce qui reste des arches du pont Saint-Philippe, construit en briques pour faciliter sa démolition en cas d’offensive adverse et stopper net la progression des assaillants. Dans ces années de poudre et d’embrasements belliqueux (toute ressemblance avec notre époque…), Nice est alors propriété de la Maison de Savoie, depuis 1388.
Un duché en guerre avec le royaume de France au cours d’épisodes répétés pour une lutte sans merci au nom d’une hégémonie territoriale sans partage. D’où la nécessité d’asseoir ses positions géographiques avec des villes forteresses. Nice est l’une de ces villes que se disputent la France et la Savoie et, par le jeu des alliances, où Turcs et Anglais viennent parfois mettre leur grain de sel.
Arche du pont-levis
Il faut donc mettre le paquet pour « assurer », sortir l’artillerie lourde et aller au combat si la situation le commande. On est encore loin de la cité qui, au tournant des XIXe et XXe siècles, deviendrait une perle de la Méditerranée dédiée aux plaisirs et au luxe pour le gotha européen. Mais Nice la victorieuse (comme le suggère l’étymologie de son nom grec, Nikaïa) est déjà en marche vers son destin. La crypte, elle, est comme un rappel des faits à l’état brut, un épisode manu militari de la saga niçoise. Rome ne s’est pas faite en un jour. Nice non plus !
Vauban cet horrible personnage ..... âme damné de Louis XIV
*Une structure éclairée de bleu court sur toute la longueur du site. Il s'agit d'un aqueduc. Creusé en 1560, il est alimenté par une source, aujourd'hui disparue, qui naissait au niveau de l'avenue de la République. Il fournisaait en eau potable la ville. En 1580, il approvisionnait le palais sarde.
Merci pour la visite ....
*Enfouie sous la rue Ségurane et la pente du Puy Saint-Martin, il vient d’être découvert plus de 7000 ans d’histoire de Nice pour le passage de la ligne 4 du tramway. Pour l’extrême fin de l’âge du Bronze (IXe siècle av. J.-C.), un fossé mis au jour sous le croisement rue Sincaire / rue Ségurane est un témoignage de plus concernant cette période déjà bien représentée sur la colline du Château (secteur de la cathédrale) ce qu’il convient sans doute d’interpréter comme la nécropole de l’antique Nikaia. Ce qui suggérerait que Nice est la plus vieille ville se trouvant actuellement sur le territoire français.
Le comté de Nice ne renvoie pas à l’existence d’un " comté " monarchique, mais plutôt au découpage territorial administratif mis en place à l’époque carolingienne, à l’instar des counties anglo-saxons d’aujourd’hui. Il n'y a jamais eu de comte à Nice, mais des gouverneurs ou des consuls ordonnés par la maison de Savoie. Pendant la période du royaume de Sardaigne la Division de Nice était un territoire administratif qui allait jusqu’a Imperia chef-lieu de la province homonyme de la région de Ligurie en Italie. Les pouvoirs politiques et militaires étaient placés sous la responsabilité d'un gouverneur, et les pouvoirs administratifs dépendaient d'un intendant général. A ce moment la Nice était l’état le plus important du royaume de Sardaigne et son port de guerre de Villefranche sur mer.
DIAPORAMA DE LA CRYPTE