C'est une longue, très longue histoire que celle des barons de Bellet. Si le titre a été accordé par le roi de Sardaigne Victor-Amédée III, en 1777, les origines de la famille remontent au milieu du XVIe siècle. En 1594 Antoine detta epouse Franceschetta Doria l'une des plus vieilles famille Génoise. En 1701 Anne Rose la petite fille epouse Pierre Roissard secretaire des commandements du Duc de Savoie. Quatre cent cinquante ans plus tard, la propriété est toujours là, château et chapelle dressés de toute éternité sur la colline de Saquier, au milieu des vignes qui produisent, selon les spécialistes, le meilleur vin du dernier vignoble entièrement urbain en France.
N’a-t-il pas été servi au sommet européen de Versailles, en 1982, puis à celui de Nice, l'an dernier. Car ce vin exceptionnel qui était le préféré du roi Louis XIV , du prédisent Jefferson ou encore de Jules Romain est d’une originalité sans précédent grâce à des cépages uniquement Niçois et un sol très particulier.
Ce domaine viticole est la demeure historique des barons de Bellet depuis le XVIème siècle (ancêtres des propriétaires actuels).
Ancrée sur la colline à Saint-Roman-de-Bellet, la propriété est un véritable trésor du passé. Tellement même, que depuis le XVème siècle, château Renaissance, chapelle, vignoble et forêt n'ont jamais quitté le patrimoine familial. En héritant du bien en 1956, Rose de Bellet et son mari le colonel de Charnacé, reconstituent une partie du vignoble belletan, affaibli par l'invasion phylloxérique de 1885 et les dégâts des deux grandes guerres.
En 1970, leur fils Ghislain reprend le flambeau, perpétuant ainsi la tradition de la vigne. Président du syndicat de l'AOC Bellet et membre du comité régional de l'INAO, il est à la vigne et au chai. Celui-ci m’a reçu très chaleureusement dans le chai de son château, avec dégustation à l’appui ,en m’autorisant à prendre quelques photos, un fait rare qu’il faut souligner de la part de ses propriétaires. Dommage que ce jour la, le temps était très maussade pendant que Ghislain de Charnacé me fit visiter le vignoble en m' expliquant les particularités.
Situé à 300 mètres en haut de la colline et exposé sud-sud ouest, le vignoble bénéficie d'un ensoleillement optimal, ventilé par les rentrées maritimes, le mistral et la tramontane venue de la vallée du Var. Rythmée par des labours d'automne et de printemps, la culture s'articule autour d'une taille courte pouvant être renforcée par une vendange verte en juillet. Au Château, où les vendanges sont manuelles et la cave équipée d'un matériel moderne, Ghislain et Catherine de Charnacé défendent la typicité des vins de Bellet. Grâce à la qualité des soins apportés aux vinifications et à la conduite de la vigne, ils tirent l'appellation vers le haut, offrant des vins de belle facture, parmi les plus beaux de Bellet.
Cette année c’est le rouge Baron G qui se taille la part du lion avec quatre étoiles. Une jolie notation qui vient confirmer la devise familiale “res non verba”, des actes et non des paroles. Ici règnent la tradition, la rigueur et les valeurs, à savoir un respect absolu de la typicité du cru, de la vigne en tant que patrimoine et de l’esprit de l’appellation d’origine, qui fait que l’on peut encore déguster à notre époque des vins ayant une âme. »
Toutes les vendanges se font à la main. Les machines sont interdites sur les 55 hectares de vignes de Bellet. J’avais déjà fait un article sur l’originalité du vin de Bellet à l’occasion de la fête de la Saint Vincent, patron des vignerons au château de Crémât, l’autre grand domaine du vignoble de Bellet qui se composent d’une douzaine de viticulteurs.
Bordeaux a envoyé des cépages au Chili, en Californie, en Argentine…. Nous, on veut tout garder ici me répond Monsieur le Baron de Charnacé. Tout ce qui se trouve à Bellet ne se retrouve nulle part ailleurs. Il faut du terroir dans la bouteille. Et le terroir, c'est la terre. On ne la trouve qu'ici. On l'appelle le poudingue. Un mélange de galet et de terre sédimentaire. C’est l’une des parties de ce vin exceptionnel, l’autre c’est son cépage.
Les vignes s’enracinent dans d’étroites planches appelées « restanca » ou « faissa » constituées de galets roulés, mélangés à un sable très clair avec quelques veines argileuses. Les cépages sont typiquement Niçois, comme le Rolle, la Fouola negra et le braquet qui fait unique, a donné son nom à une famille toujours représenté dans le terroir. Des cépages donc unique au monde que l’on ne retrouve pas ailleurs, apportés semble t’il par un Dieu Grec. Cette appellation d'origine contrôlée des collines niçoises est une pépite rare ………
Des vignes étagées sur des collines qui regardent vers les cimes enneigées des Alpes, un gracieux petit château couleur brique décoré en trompe l'oeil... Le chateau s'inscrit dans la tradition architecturale niçoise et se pare des chaudes tonalités venues du Piemont; seul un oeil attentif peut déceler les fausses des vraies ouvertures, tant l'art du trompe l'oeil est ici savament maitrisé. Meme sans la degustation, la balade à travers ce vignoble est un moment de pur bonheur.