le partage pour lutté contre les inégalités
Les participants étaient bien souvent grimés comme pour le Mardi gras, ou comme l'on disait plutôt, « mâchurés ». Habillés de façon fantaisiste, ils avaient pour objectif de faire sensation, se moquer des gens et des notables de façon humoristique, attirer l'œil du spectateur, lui donner envie de participer à la liesse populaire, au son de musiques locales.
les fromages de Hollande
De nos jours, un corso comprend un défilé de chars qui illustrent des thèmes allégoriques. Sur chaque char, figurent plusieurs jeunes filles, jeunes et superbes mannequins, somptueusement maquillées et habillées de rutilants costumes de plumes, paillettes et strass sous les mains expertes des couturières locales de grand talent.
Nissa la Bella nous fait deguster la cuisine nissarde
Petit à petit, ces cérémonies font place aux corso. Comme son nom l'indique, ce terme est bien d'origine italienne et Nice fut l'un des états à part entière du royaume de Sardaigne. De même, ce corso faisant place lui aussi à la bataille des fleurs. La première bataille de fleurs à laquelle les Niçois assistèrent, eut lieu au cours de l'hiver 1830, à l'occasion du séjour à Nice du roi Charles-Félix, venu passer l'hiver à Nice, "pour y jouir de son doux climat".
Il précédait ainsi dans la tradition, les souverains et princes russes, anglais, allemands qui séjourneront à Nice. L'habitude de jeter des fleurs pendant les défilés du corso subsista au cours du siècle. Alphonse Karr (le véritable initiateur du corso et non pas Edmond Rostand né 40 ans plus tard; comme je l'ai encore entendu dire, il faut arrêter les plaisanteries) le poète jardinier souhaitait vivement qu'il y ait de véritables corso de chars fleuris, au cours des défilés carnavalesques.
la malbouffe et ses addicts
Son vœu fut exaucé la décennies plus tard. C'est ainsi, qu'en 1874, le carnavalier niçois Jean Cuggia, auteur du char de "la Paix", épuisa, avec ses amis, pour une seule journée de corso, près de 15 000 bouquets de fleurs ! En 1876, Andrio Saëtone créa, à l'instigation d'Alphonse Karr et du Comte de Cessole, la première bataille de fleurs, sur la Promenade des Anglais. Le public s'habitua peu à peu, à échanger ou "batailler" avec des fleurs.
Toutes les célébrités de l'époque, participèrent aux batailles de fleurs. D'autres villes de la Côte d’Azur suivirent l'exemple de Nice, et Cannes inaugura sa première bataille de fleurs en 1898. L'exemple niçois inspira également Isabelle, fille de Pedro II du Brésil.
Comme tout bon hivernant de l’époque, Pedro II le dernier Empereur du Brésil, assiste au carnaval aux côtés du baron de Bellet, dont le frère est consul du Brésil à Nice et sa fille Isabelle organisera, à Petrópolis, la capitale impériale du Brésil, le premier défilé de voitures fleuries pour célébrer l'abolition de l'esclavage, une bataille de fleurs directement inspirée de celle de Nice.
Nice est aussi à l'origine de la célèbre parade fleurie de Pasadena (Tournoiement of Roses) (USA) qui fut créée en 1890 par Francis Rowland, après qu'il ait assisté à la bataille de fleurs de Nice. Cela permet de mieux comprendre le prestige de cette fête niçoise à la Belle Époque et sa renommée internationale. Attention, certains confondent d'ailleurs Carnaval et bataille de fleurs, corso carnavalesque et corso fleuri. De toute manière sur la Riviera, il y a les deux ...
Pour sa 130° édition de l'époque moderne, le Carnaval de Nice s’annonce gourmand. C'est l’événement phare de la Côte d’Azur en hiver, un des trois plus grands Carnavals du monde. Pendant la période du carnaval, environ 40 personnes travaillent jour et nuit, mais ce sont plusieurs centaines qui travaillent au carnaval pendant les 6 mois précédent l'événement.
Pour retrouver les origines de cette fête, il faudrait retourner très loin dans le passé, peut-être, au temps de l'homme préhistorique… Fête païenne à l'origine, canalisée par l'Église au Moyen Âge qui l'insère dans le cycle précédant la période de Carême, Carnaval prend place pendant les "jours gras" (Mardi Gras), ou durant le cycle entre Noël et Mardi Gras. "Carne levare, levamen", "enlève la chair", est l'une des définitions étymologiques les plus usitées au sujet du Carnaval.
Elle fait allusion à la période où l'on "ôte la chair", où l'on consomme une dernière fois de la cuisine grasse avant d'entrer en Carême ou "quadragésime" (période de quarante jours pendant laquelle les chrétiens devaient consommer de la cuisine maigre, jusqu'à Pâques). "Carrus navalis", "char naval", est une autre définition avancée pour rapprocher les origines du carnaval, au char naval ou barque voiturée, sur laquelle Dionysos, le dieu venu de la mer, pénétrait dans les îles grecques pour célébrer les fêtes dignes de son nom. La bataille des fleurs navales se passe dans la voisine de Villefranche sur Mer.
Aussi, avant d'entrer en Carême, période d'abstinence et de cuisine maigre, le carnaval était la dernière fête qui donnait lieu à des débordements licencieux de la part des participants, à "des excès permis", pour reprendre la célèbre formule de Freud. Dans l'espace urbain, une mise en scène fantastique se crée, avec des rites respectés au cours des siècles, et des rôles joués par des personnages voisins du monde du Merveilleux, du Fantastique, issus de la mythologie populaire du Carnaval.
Parmi ces "rôles", apparaît celui fondamental, de l'Homme Sauvage : Végétal, feuillu, ou animal (ours, cerf, bélier, chèvre, symbole de fécondité et de régénération de la Nature ou Conducteur des "âmes des morts" qui errent pendant la période carnavalesque, entre le Monde des Ténèbres et le Ciel… L'espace carnavalesque devient un lieu de médiation entre le royaume des morts et celui des vivants.
Dans le prochain épisode, je vous emmènerai à la bataille des fleurs: Mondialement connu et reconnu, Carnaval de la démesure, la fête niçoise est surtout réputée pour son corso fleuri. Cette parade parfumée haute en couleurs a servi de modèle à Rio, Los Angeles, La Nouvelle Orléans, Québec et, plus récemment, Tahiti. Pas étonnant quand on connaît le savoir-faire niçois forgé depuis 1830 et l'énergie investie pour préparer la vingtaine de chars habillés de fleurs fraîches.
« Soixante fleuristes professionnels niçois réalisent des prouesses d'imagination, de dextérité et de rapidité. En effet, les fleurs arrivent dans les hangars atelier la veille du corso, en soirée. Commence alors une véritable course nocturne contre la montre afin que tous les chars soient prêts le lendemain. Œillets, roses, glaïeuls, gerberas, dahlias, iris, lys et autres mimosas (symbole de Nice) sont ainsi soigneusement piqués dans des coussins de mousse.
Quatre-vingts dix pour cent de ces fleurs proviennent de la production locale. Les plants ont été mis en terre dès le mois de novembre pour que la récolte soit disponible en temps voulu. Les 10 % restants sont importés des départements d’outre-mer comme la Martinique ou la Guadeloupe ou encore, du Kenya et même d'Amérique du Sud. Près de 10 000 tiges fleuries sont ainsi sacrifiées par char, pour le plaisir des yeux.
Au total, plus de 200 000 fleurs sont nécessaires pour l'organisation d'un corso (et il y en a cinq par carnaval...). Ajoutons à cela les 100 000 « munitions florales » offertes au public au cours de chaque bataille.
L'Euro choucroute d'Angela
Quand on vous dit que Nice fait dans la démesure ! Face à la mer, les 20 chars de la batailles de fleurs rappelleront le pouvoir des fleurs et mettront en valeur le patrimoine floral de la région (90 % des fleurs sont locales, 60 fleuristes, 80 000 à 10 000 fleurs lancées sur chaque char par des mannequins costumés). Il n'y a aucun equivalent dans le monde ....
DIAPORAMA DU CARNAVAL