Plus qu'une tradition, une coutume. La fête grassoise par essence ne peut rendre hommage qu'à une fleur. Rare et enivrante, forcément le jasmin à tapé à la bonne porte du terroir local. C'est un moment incontournable pour les adeptes des fêtes Grassoises avec la fête de la rose ou bien le salon de la parfumerie.
La jasminade fleurs emblématique de la cité vit pendant trois jours avec un programme de festivités non stop. Un moment de fierté pour les Grassois, de rêve pour les touristes. C'est tout ça le corso de la jasminade. Un mélange de couleurs, de magie, de danse, de musique. Qui (d) étonne. Et que, chaque été on attend avec impatience.
Tellement d'ailleurs que le défilé annoncé à 21 heures, a même débuté en avance ! Et ce n'était pas pour déplaire aux milliers de spectateurs qui trépignaient d'impatience (50.000 visiteurs durant le week-end). Il était donc 20h55 quand les chars ont quitté le cours Honoré Cresp. La nuit n'était pas encore tombée quand les premières fleurs commençaient à éclore sur le boulevard du Jeu-De-Ballon.
Les trés déjantés musiciens de la fanfare comique d'Italie ouvraient le bal avec leurs instruments aussi loufoques qu'improbable (les ciseaux, une chasse d'eau, des ustensiles de cuisine....), autant d'animations qui ont égayé le centre avant le défilé de chars fleuris tant attendu. S'en suivait donc un heureux cortège. Sept chars, des danseurs à gogo, des échassiers, des confettis, des lanceurs de drapeaux venant de la Province d'Alba en Italie etc.
On pouvait retrouver Miss Grasse 2014 avec les autres candidates au titre, ainsi que Miss Opole (Pologne) et Miss Kazanlak (Bulgarie) deux des principaux pays producteur de jasmin. Et bien sur ces fleurs par milliers qui s'envolaient vers le public, œillets, tubercules, arum etc. Les pompiers de Grasse aspergent aussi la foule d'eau de jasmin, et j'ai pu apercevoir de trop loin malheureusement pour faire des photos, des combats d'eau parfumé à la bassine.
C'est tout cela, un soir de Jasminade dans la capitale mondiale des fleurs et des parfums... J'ai enfin retrouvé une belle jasminade par rapport à celle de l'année dernière ou j'avais titré mon article: Une jasminade 2013 au parfum "l'insuffisant". Cette fois ci la nouvelle municipalité nous a enchanté !
C’est en 1946, les 3 et 4 août exactement, que la première Fête du Jasmin voit le jour à Grasse, le mois d’août correspondant à la période de la cueillette du jasmin. A l’époque, pas de corso fleuri ou de bataille de fleurs mais des réjouissances populaires avec concerts, exposition de peintures, défilés de musiques militaires, kermesses, spectacles de marionnettes, feux d’artifice et bal.
A partir de 1948, la fête du jasmin devient la véritable fête fleurie que nous connaissons aujourd’hui : deux carrosses fleuris font leur première apparition. Ils sont traînés par de magnifiques chevaux et présidés par cinq belles jeunes filles aux brassées de fleurs. Le jasmin fait alors son apparition comme «roi» de cette fête.
Aujourd’hui, la Fête du Jasmin a conservé tout son caractère traditionnel grâce à la présence permanente et imposante des fleurs. Le corso est composé de chars somptueusement décorés et présidés par de belles jeunes filles dont la Miss Grasse de l’année, accompagnée de ses deux dauphines. Le lancer de fleurs en direction du public demeure et, pour magnifier la présence du jasmin sans l’abîmer (puisque la fleur est très fragile), de l’eau de fleur de jasmin (jasminol) est utilisée par arroser le public qui s’amuse de cette tradition en se protégeant tant bien que mal de ce jus floral...
A ces chars fleuris viennent s’intercaler des groupes folkloriques et des formations artistiques en tous genres, nationaux ou internationaux, afin de colorer et pimenter cette soirée populaire. Ce corso fleuri et animé se déroule le samedi soir et revêt un caractère extrêmement populaire. Comme pour la bataille des fleurs de Nice, les spectateurs repartent les bras chargés de bouquets.
Indienne à ses origines, on la retrouve en Chine où elle est servie dans le thé. Voyageuse, son nom vient du Persan. Yasmine faite femme, elle a toujours été la fleur de l'amour, elle restera ici ou là, la fleur de la séduction et des aléas amoureux. Ainsi le Dieu de l'Amour, Kâma dans le panthéon indien, ancêtre de notre Eros/Amour gréco-romain, décochait les coeurs à coups de flèches serties de jasmin. Cléopâtre en aurait embaumé les voiles de son navire pour accoster Marc-Antoine. Délicate, est-ce vraiment étonnant de devoir à Madame de Sévigné d'en avoir lancé la mode à Versailles où on l'offrait dit-on, en échange d'un câlin...
Pendant plus d'un siècle et demi, la culture et le traitement industriel du jasmin pour l'obtention d'une essence absolue constituèrent le monopole du pays grassois. A l'origine, le jasmin occupait une place privilégiée dans la région : les plantations s'étendaient de Saint Paul de Vence à Pégomas (Alpes maritimes). Mais les surfaces cultivées et la production n'ont cessé de diminuer.
Actuellement, l'aire géographique de cette culture est délimitée par Bar-sur-Loup à l'est et Grasse à l'ouest. La récolte du Jasmin à Grasse est donc aujourd'hui un moment rare qui a lieu au début du mois d'août. La fleur étant photo et thermonastie, elle est à son paroxysme par une douce nuit à plus de 19°. Il convient donc de se lever un peu avant l'aube et d'aller la cueillir au tout petit matin. Fragile, elle doit être traitée dans les heures qui suivent.
7 millions de fleurs sont nécessaires à la confection d'un litre d'essence de jasmin... Réservée à la parfumerie de luxe, elle a marqué la légende de nombreuses compositions dont celle de la Maison Patou et de son parfum Joy créé en 1930 pour lequel il faudrait 10 600 fleurs pour une once de parfum. Célébrer ses noces de jasmin marque 66 ans d'amour, aussi se languit-on avec impatience de la 66ème fête du jasmin et sa jouissive bataille de fleurs qui s'est tenu à Grasse cette année.
Aujourd'hui se sont exclusivement les parfumeurs Chanel et Guerlain qui se partagent la production grassoise et qui possède un terroir unique au monde. En effet, son parfum tout à la fois fleuri et fruité, épicé et sucré, égal de la rose en termes de volupté et d’opulence est inimitable.
Le « jasmin pays » comme le nomment les Grassois est ainsi devenu un produit aussi rare que précieux.. « Une plantation produit annuellement entre 3000 et 3500 kilos de fleurs à l’hectare, soit 30 à 35 millions de petites fleurs qu'il faut cueillir une à une. Or, pour obtenir un kilo d'absolue de jasmin pays, il faut traiter plus de 600 kilos de fleurs, ce qui représente sept millions de fleurs et environ 1000 à 1200 heures de cueillette.
Evidemment, cela n’est pas sans effet sur le coût de cette matière première ! Car le jasmin grassois apporte bien plus que du prestige à un parfum : une nuance sans pareille. Sans doute parce qu’il est moins écrasé par le soleil que ses homologues d’outre-Méditerranée, il délivre un parfum délicat aux notes florales, confiturées, subtiles et suaves qui restent aujourd’hui encore sans équivalent dans le monde.
DIAPORAMA DE LA JASMINADE