le village de Bargeme
Bargème est une petite bourgade du Haut Var à mi-chemin entre les villes de Castellane et Draguignan. Depuis Grasse on emprunte la N 85 (route Napoléon) en direction de Saint Vallier de Thiey, puis on bifurque au Logis du Pin pour suivre la D 21 en direction de Comps sur Artuby.
L'origine du nom Bargème viendrait de la racine pré indo-européenne BAR signifiant rocher à pic. Ici, le village est dominé par la barre rocheuse du Brouis. Le village est une localité du Canton de Comps sur Artuby située dans la zone des pays du Verdon, ce bourg est évocateur d’un passé historique indiscutable, à 1097 mètres d’altitude il demeure un haut lieu, quasiment intact de vieux bourg féodal de Provence.
Il est le plus haut village du Var (le departement), inscrit parmi les plus beaux villages de France, labellisé Village de Caractère. Situé sur un piton rocheux, avec ses remparts, deux portes fortifiées, la Tour de Garde, la Porte du Levant, les ruines hautaines de son château. C’est la famille du Duc Sabran De Pontevès qui donna à ce village un aspect mystérieux, symbolique et attachant.
On pénètre dans la cité par la porte de Garde qui s'ouvre dans les remparts, puis on découvre les petites ruelles étroites anciennes, les voûtes, les venelles bordées de maisons souvent fleuries. Le Château des Pontevès mentionné dès 1225, fut détruit pendant les guerres de religion. Une grande partie des constructions intérieures a été démolie, mais sa silhouette se dessine encore, grâce aux éléments défensifs conservés. C’est un vaste quadrilatère flanqué de tours rondes et d’un imposant donjon carré.
A l’intérieur de son enceinte, la cour d’honneur donnait accès aux grandes et nombreuses dépendances et à la Chapelle. Le Château est depuis janvier 2008 patrimoine communal de Bargème. Le vieux village conserve de nombreux vestiges, remparts intacts dans sa partie Sud et Est. Inscrit à l’inventaire des monuments historiques. L’Eglise romane Saint-Nicolas située au sommet du village, est du XIIe siècle, dédiée à Notre Dame des Sept Douleurs, elle fut achevée en 1608.
Elle possède une abside en cul de four en bel appareil, moyen et un porche en arc brisé aux claveaux extradossés. A l’intérieur un retable du Maître autel, dédié à Saint-Nicolas, un retable Saint-Sébastien, sculpté en 1525 avec ses trois panneaux en demi relief, un retable avec peinture naïve primitive. Cette église rappelle le jour de fâcheuse mémoire en 1595, où le seigneur du lieu Antoine de Pontevès, fut égorgé par les villageois au cours d'une messe. Pour préserver le silence et le charme de ce merveilleux village, la municipalité a eu la bonne idée d'interdire la circulation automobile.
Mais comment parler de l'histoire du village sans évoquer le nom des Pontevès, et particulièrement celui de Jean-Baptiste de Pontevès, seigneur de Callas. La seigneurie de Bargème lui parvint au XVIème siècle. En 1578 (en plein cœur des guerres de religion qui ensanglantaient la France entière, et où s'opposaient les Ligueurs aux royalistes, et les carcistes aux razats en Provence), le seigneur, qui avait régné en effroyable dictateur sur ses sujets, était en procès avec les habitants de Callas. Menacé d'un jugement en sa défaveur, il fit appel à son neveu Hubert, le terrible Comte de Vins, et carciste devant l'éternel, qui rentra en ville avec ses hommes.
Sur la terrasse du restaurant "les jardins de Bargeme" , trés belle vue panoramique
Le village de Callas fut mis à sac, plusieurs de ses habitants furent égorgés ou rançonnés. Jean-Baptiste de Pontevès et son fils menacèrent les habitants d'extermination, s'ils ne se désistaient pas du procès. De ce fait fut signée une transaction reconnaissant comme consenties et légitimes les usurpations et les spoliations du seigneur. En avril 1579, après que Hubert s'en retournât à Vins, un habitant du nom de Jacques Sassy, lieutenant d'une compagnie de Huguenots, accompagné d'une dizaine d'hommes réussit à s'introduire sur la place qu'il désarma, et Pierre de Pontevès fut assassiné.
Le château fut alors pillé et entièrement démoli. Quelques mois plus tard, deux de ses fils, Joseph et Jean-Baptiste tombèrent à leur tour dans un guet-apens et furent égorgés. Le même sort fut réservé à leur frère Balthazar. Enfin, terminant la tragique série, en 1595, Antoine, fils de Joseph, âgé de 25 ans, fut tué dans l'église Saint Nicolas. C'est à la suite de ces tragiques événements que le parlement de Provence condamna les meurtriers à élever en 1607, en signe d'expiation, la chapelle N-D des Sept Douleurs que l'on voit donc un peu à l'écart, à l'ouest du château. Aujourd'hui Bargème s’étend sur 2795 hectares, avec une population de 142 personnes en saison hivernale, village à caractère culturel et touristique, Bargème est le lieu idéal pour l'amateur de vieilles pierres.
le village de Trigance
Après avoir déjeuner dans l’unique restaurant du village, nous partons boire un café dans le village voisin. Trigance est un beau village médiéval posé à l'abri du rempart formé par les murs extérieurs de ses maisons aux maçonneries épaisses. Le village est dominé fièrement par son château-fort qui abrite aujourd'hui un hôtel-restaurant de luxe. Dominant la vallée du Jabron, le village est situé à flanc de coteau au pied de la montagne de Breis à 790 mètres d'altitude.
Trigance cache sous les quatre grosses tours de son château du XIe de véritables trésors à remonter le temps : l'église paroissiale St Michel (XVe) avec son clocher carré, plusieurs chapelles, le portail du village, le pigeonnier, le campanile, le puits.... En vous baladant dans ses petites rues, vous y trouverez de belles façades de vieilles demeures, des passages voûtés, des linteaux aux motifs décorés, des rues en escalier et de vieilles enseignes.
Ancienne forteresse de méditation bâtie par les Moines de l'Abbaye de Saint Victor au IXème siècle, on ne trouve trace de la seigneurie de Trigance qu'à partir du XIIIème siècle. Elle fut la aussi occupée par la famille des Pontevès, très puissante jusqu'à la disparition de la branche aînée, puis par Romee, seigneur de Villeneuve prés d’Antibes, qui prétendait descendre des Comtes de Barcelone. On sait que ce personnage, d'origine italienne, vint en Provence, à la tête d'une troupe guerrière qui avait généreusement servi les intérêts de la Reine Jeanne, et que la Comtesse de Provence inféoda en sa faveur la terre et la seigneurie d'Eoux et les terres de Trigance.
La seigneurie de Trigance dont les armes portent « D'or à trois fasces de sable au chef de gueules chargé d'une main droite appaumée d'argent » fut une des familles provençales qui donna le plus de chevaliers à l'ordre de Malte. Le château fut détruit à la révolution, toutes les archives brûlées. Il servit longtemps de carrière de pierres aux habitants du village.
Nous reprenons la route en parcourant une toute petite partie des gorges du Verdon pour rejoindre Castellane puis rentrer sur Grasse. Une journée magnifique autant par la découverte des villages que par son ensoleillement radieux et estival en ce début de mois de Juin.
*Au Moyen Âge chaque région avait son dialecte, ou sa langue locale. La langue que pratiquaient les lettrés était le latin. Et ce n'est qu’au XVIe siècle que le français fut définitivement imposé comme langue officielle. La langue provençale est une de ces langues régionales. Monsieur le Maire de Bargème, Pierre Jassaud, a été élu pour la première fois comme conseiller municipal en 1960. A cette date-là, les débats du conseil municipal se passaient en provençal exclusivement. D'après Monsieur le Maire, à Bargème, sur une population de 115 habitants, tous hameaux confondus, il y aurait encore actuellement 50% de ses administrés qui parlent et écrivent le provençal. Vous voyez que le Moyen Âge vit encore ! En provence comme dans le comté de Nice , c'est souvent dans l'arriere pays que les traditions persistent. N'esperez pas trouver cela à Saint Tropez , à Toulon ou à Marseille, Ca fait longtemps que ca a disparu !
DIAPORAMA DE LA BALADE