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Rares sont les villages des Alpes Maritimes qui ne sont pas fortifiés et le Bar sur Loup n’échappe pas à la règle. Les habitants autrefois devaient se protéger des envahisseurs Lombards, Sarrazins, ne fussent même Français. Chaque pierre du village vous parle de ces temps troubles ou les remparts gardaient une improbable sécurité à l’intérieur de ses murs.
Pour la fête des orangers en ce 1er Avril 2013, le temps maussade et couvert donne une atmosphère encore plus étrange à ce village qui n’en manque deja pas …. Après le débarquement de Napoléon à Golfe Juan, votre serviteur bravera la pluie en moto pour un second week-end consécutif ! Il faut vraiment que je vous aime bien.
L'Histoire du Bar commence sur un piton rocheux, une garnison romaine s'y installe: on trouve sur les plateaux avoisinants des ruines de castellaras, bergeries, bories... signes d'une population nomade vivant d'élevage. Vers le Vème siècle, la population nomade devient sédentaire, on commence la culture dans le piémont (au pied des montagnes). Le plus ancien document connu portant la mention du village, le désigne sous le nom de Poncii Albarni : en 1078 dans le recueil des chartes de l'Abbaye de Lérins citant la charte de St Pons à Nice datée de 1004.
Il est ensuite dénommé Castrum d’Albarno, le 3 avril 1235. Le nom d’Albarno vient de la racine prélatine ALB (hauteur) suivie du suffixe ARN (fortification). La désignation sous la forme Lou Barn, puis Le Bar, n’apparaît qu’au XVIème siècle. En parler local, les habitants se nomment toujours Lei Aubarnenc. Les Seigneurs de Grasse se succèdent jusqu'à la Révolution Française, et en 1792, le Donjon, symbole de la puissance seigneuriale est rasé, le château pillé avant d'être réquisitionné par la Commune Révolutionnaire.
Jumelé avec Yorktown-Poquoson (Virginie, USA), le village est célèbre, car il est le lieu de naissance de l’Amiral de Grasse qui par sa victoire sur les Anglais permit aux colons Américains de gagner leur indépendance. C’est ici aussi que Célestin Freinet instituteur de 1920 à 1928 commença à concevoir et à mettre en œuvre ses techniques pédagogiques.
Ses vieilles rues où l’on ne circule qu’à pied, Le Bar sur Loup mérite une visite détaillée. Les maisons très anciennes, serrées les unes contre les autres autour du Château et de l’Eglise, forment un rempart toujours visible rue Estrabarry et rue du Cheiron. C’est en vous promenant au cœur du village que vous comprendrez que chaque pierre dégage l’atmosphère étrange des nombreuses légendes de la cité médiévale, dont l’une d’entre elle est représentée par un incroyable tableau (la danse macabre) dans l’église Saint Jacques le Majeur :
Au XVe siècle, le château du Bar, centre de décision, était devenu le rendez-vous de toute la noblesse locale. Chaque occasion y était prétexte à fêtes et réceptions brillantes, où se distinguait le beau Bertrand de Grasse, seigneur du Bar, héritier des Princes d’Antibes, célibataire et jouisseur impénitent, passionné et autoritaire, aimant le luxe et les plaisirs de la vie.
Nous étions en 1437, le Carême approchait. N’en ayant cure, le beau Bertrand préparait déjà une grande soirée célébrant à la fois les fêtes de ses jeunes et jolies cousines, Bernadette d’Agoult, Béatrice de Trans et Isabelle de Cabris (autre village au dessus de Grasse). Festoyer pour le Carême, pour le prieur du Bar, l’humiliation était à son comble ! Ce soir là, l’hôte du château du Bar se surpassa: les salles et les chambres décorées de superbes tentures, chauffées par leurs nombreuses cheminées, furent parfumées abondamment aux essences rares de roses, jasmin et violettes, les senteurs favorites des trois cousines, les trois fleurs reines du pays de Grasse.
Après le bal où ses invités se déchaînèrent enivrés de gaieté et de bons vins, la nuit se poursuivit en jeux galants (inutile de vous faire un dessin). Une fois de plus, témoins impuissants de ces ébats nocturnes, les habitants du Bar et leur prieur, observant pieusement le jeûne, se signèrent plus d’une fois lorsque leur parvinrent du château les rumeurs de ces débordements. Comme d’habitude aux premières lueurs de l’aube, tout s’apaisa, et avec le silence retrouvé, chacun put s’endormir.
Hélas, parmi les hôtes du château, certains comme frappés par une étrange malédiction, ne devaient plus se réveiller. L’atmosphère confinée des chambres surchauffées, avait entraînait trois d’entre eux dans un sommeil fatal. Parmi les victimes, la douce et tendre Béatrice de Trans. Fou de douleur le malheureux seigneur du Bar s’enfuit dans les Gorges du Loup pour y invoquer la protection de Saint Arnoux.
Dans ce lieu sauvage, en signe de repentir, il fit édifier une chapelle à l’entrée de la grotte où avait vécu le saint ermite. Après cet épisode funeste, devenu un homme anéanti par le poids du chagrin et des regrets, Bertrand le taciturne, torturé à jamais par le souvenir de cette nuit de Carême, vécut solitaire, enfermé entre les murs vides et austères de son château.
Pour la fête des orangers, le lundi de Pâques, souvent on peut apercevoir dans les festivités qui nous sont proposées, quelques diables et diablesses, dansant au son des fifres, des accordéons ou des cornemuses, des tambours et des galoubets, cette fameuse danse macabre représentée en peinture dans l’église .
Cette année encore les déambulations de rues de la compagnie Soukha et de la caravane des ménestrels nous ont proposé une musique médiévale festive et enivrante, faites de joyeux saltimbanques. Tout, ce qui aurait plu à notre beau Bertrand de Grasse, les jolies diablotines, très rebelles et diaboliques.
Principalement nocturnes, elles ne cessent de jouer avec le feu. A l'affût de la moindre espièglerie, elles déambulent dans une parade des plus démoniaques. Les diablesses, sous un vacarme de percussions, avancent dans un rituel de danses tribales. A la tombée du jour, nos diablesses affrontent la nuit avec l'art des serpettes, le diabolo enflammé, balles luminescentes et artifices....
Mais ne croyez pas qu’au Bar sur loup, seules les coquineries du Seigneur sont présentes ! Non non pas du tout, les villageois ont décidés de vous faire découvrir les métiers d’antan et sur la place vous aurez le privilège de croiser le médecin qui vous offrira la consultation du grand livre des remèdes.
La cartomancienne diseuses de bonne aventure. Les torréfacteurs qui font le café à l'ancienne, les vendeuses de primeurs, la fleuriste, les brodeuses de boutis, le facteur, les spécialistes de la confiture faite au feu de bois. Fraises, abricots, melons, cerises ... Tout dépend de la saison. Quand le temps n'est plus à la confiture elle est remplacée par la soupe paysanne au feu de bois.
On continue les métiers avec le videur de Quèli ou Tinettes (pot de chambre). Il passait dans les rues du village en criant bien fort pour signaler sa présence. Les habitants sortaient alors pots de chambre et seaux hygiéniques à la main pour les vider. La fileuse, un métier féminin par excellence et au Moyen-âge, toutes les femmes et jeunes filles savent filer.
Le rémouleur, la personne qui aiguise les ustensiles coupants et tranchants des ménagères ou des commerçants, mais aussi dans le passé, les poignards et les épées des gentilshommes, sur une petite meule ambulante qu'il tourne avec ses pieds. Le cardeur, un ouvrier qui carde, c'est-à-dire qui démêle des fibres textiles et les peigne à l'aide d'une carde.
Le maréchal-ferrant dont le métier consiste à ferrer les pieds des chevaux et autres équidés et à s'occuper de leur parage. Le ferrage des bovins de trait est aujourd'hui rarement pratiqué. Il existe environ 1600 maréchaux-ferrants en France. Métier vieux de plus de 3000 ans. On termine avec les lavandières et les bugadieres et bien sur avec Mr le curé et la bonne sœur. Un fête bien sympathique, dommage que pour ce 1er Avril, le printemps nous ai aussi posé un poisson !
Vous en pensez quoi. Votre serviteur aurait il fait le jeûne ou aurait il participé à la fete avec le seigneur ?
DIAPORAMA DE BAR SUR LOUP