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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 17:02

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Demo et préparation des confitures

 

En 1923, on estimait à 200 000 les orangers en production au Bar-sur-Loup, et à 2 500 tonnes la production de fleurs par année. Dynamique économique du village pendant longtemps, un oranger donnait environ 12 à 15 kg de fleurs, certains arbres pouvaient en fournir jusqu’à 30 kg. On disposait les draps sous les arbres et l’on montait aux échelles faire la cueillette des fleurs, une à une pour ne pas les endommager.

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Servez vous, c'est gratuit !


 Ensuite toutes les fleurs étaient regroupées, mises en sac pour être livrées par un courtier aux usines de parfumerie de Grasse, qui en distillaient deux produits: l’Essence de Néroli pour la parfumerie et l’eau de fleur d’oranger pour l’alimentation en pâtisserie. Aujourd’hui, les producteurs se comptent sur les doigts d’une seule main. Les principales utilisations actuelles sont la confiture d’oranges amères, et le vin d’oranges.

avril2013-0172.JPGSi la production n’est plus aussi importante qu’avant, reste que la qualité est exceptionnelle. L’oranger de Bar sur loup, c’est comme le citron à Menton, un fruit haut de gamme et les agrumiculteurs de la région se font un devoir de récolter le fruit du soleil et de le choyer. Cette année, ce sont tout de même une trentaine de récoltants qui participent aux divers concours (confiture, vin, pâtisserie).

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le panier des produits du terroir: Orange, Citron, Pamplemousse, Cedrat, Kumquat

 

Arracher les orangers ou reprendre le flambeau. Ange Pucci n'a pas hésité. Il a abandonné son métier dans le bâtiment pour s'occuper de la propriété familiale au Bar-sur-Loup. Il fabrique un vin aromatisé à l'écorce d'orange amère, de citron et même de mandarine. « C'est une boisson traditionnelle, les anciens lui attribuaient des vertus fortifiantes. On la consommait comme apéritif ou tout simplement additionnée d'eau fraîche pour se désaltérer que l’on mettait dans un cougourdons que l’on avait transformé en gourde. »

182.JPGTransmise de génération en génération, la recette connaît quelques variantes. Certains utilisent l'écorce, d'autres lui préfèrent le fruit entier, le tout mélangé à du vin doux, de l'alcool de fruit, sans oublier un bâton de vanille, de la cannelle et bien sûr du sucre. La vedette incontestée de ces vins d'agrumes reste la bigarade, une orange amère, venue des contrées lointaines de l'Asie du Sud-est, et qui s'est particulièrement bien acclimatée sur la Côte d'Azur et dans le Pays Grassois.

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Au Bar-sur-Loup, « cité des orangers », les terrasses pentues du village sont plantées de bigaradiers. Particulièrement apprécié des parfumeurs de Grasse, cet oranger avait conquis les reliefs et descendait jusqu'au golfe de Juan. Feuillage, fleurs, fruits, tout était mis à profit. Fin avril-début mai commençait la cueillette des fleurs. Une cueillette méticuleuse, fleur par fleur, qui mobilisait tout le monde dans le village et même au-delà.

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Servez vous dans le sabot, c'est gratuit.


 Face à l'ampleur de la tâche, les Italiennes des bourgs frontaliers de la Ligurie et du Piémont étaient en effet appelées à la rescousse. Femmes et enfants étaient à l'œuvre dès les premières heures du jour, aux hommes était réservée la manipulation des lourdes échelles, nécessaires pour atteindre les branches les plus hautes, difficilement accessibles. Recueillies sur des draps de jute disposés sous chaque arbre, les fleurs étaient ensuite transportées, de nuit, en charrette, vers les usines de Grasse (Mane, Robertet, Chiris, Charabot, Roure, Lombard, Méro et Boyveau).

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Tout l'art et la maniere de faire les coulanes pour le vin d'orange 

 

Là était fabriquée l'eau de fleur d'oranger et surtout le précieux néroli, essence recherchée par les parfumeurs. Il ne fallait pas moins de 1.000 kilos de fleurs pour un seul kilogramme de néroli, ainsi baptisé parce que la duchesse italienne de Baccione, princesse de Néroli, raffolait de l'odeur de l'oranger et adorait s'en parfumer.

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les etranges fruits du Cedratier   ...production Grassoise

 

La taille des branches intérieures (le brout) pour éclaircir le feuillage de l'arbre permettait aux parfumeurs de fabriquer par distillation l'essence de petits grains et l'eau de brout. Nés d'une seconde floraison, les fruits, cueillis verts en novembre, étaient vendus pour en faire de l'essence de bigarade. Enfin, l'écorce de bigarade était très prisée pour la fabrication de vins cuits et d'apéritifs, comme le Byrrh, le Quinquinas, l'Amer Picon... ou simplement pour une modeste consommation domestique.

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Jusqu'aux années 50, il n'y avait pas de machine pour peler les oranges, c'était un travail réservé aux femmes, qui d'un geste sûr faisaient tourner le fruit sur le couteau pour obtenir ce que l'on appelait les coulanes (colliers en nissart), une écorce d'un seul tenant qui coulait sur la main et que l'on faisait ensuite sécher. Dans les années 20, on estimait à quelque 200.000 le nombre d'orangers en production entre Vallauris et Bar-sur-Loup. La concurrence des pays du sud de l'Europe et du Maghreb, favorisés par une main-d’œuvre moins chère, ont fini par avoir raison des bigaradiers.

avril2013-0208.JPGSur le littoral, ils ont progressivement disparu sous les assauts répétés du béton. Dans l'arrière-pays, on les retrouve dans les jardins des villas et des résidences secondaires, mais les domaines agricoles d'autrefois ne sont plus que de minuscules parcelles.

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Avec ses 700 pieds d'agrumes, ses oliviers et ses figuiers, Ange Pucci fait partie des rares irréductibles qui refusent de baisser la garde. Il continue à cultiver et à soigner ses bigaradiers, comme l'a toujours fait son père, Georges, qui à quatre-vingt-douze ans veille sur ses arbres comme s'il s'agissait de la prunelle de ses yeux. Adeptes des méthodes naturelles, ils travaillent comme le faisaient les anciens.

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Des arbres encore chargés d'orangers


 « Sur les hauteurs du Bar-sur-Loup, nous avons du gel l'hiver. Un gel qui peut être fatal s'il est excessif, mais qui peut aussi être bénéfique car il permet d'éliminer, sans avoir à traiter les arbres, les parasites qui s'y installent durant l'été. » Voila aussi le pourquoi des raisons d’un fruit d’excellente qualité. D’Apéritifs à base d'agrumes, sirop de citron, confitures d'agrumes, eau de fleur d'oranger, Ange Pucci développe petit à petit une modeste production locale.

avril2013-0231.JPGAucun panneau ne signale son domaine sur la route de Vence, il préfère rester discret et confier la distribution de ses produits aux commerçants du village et de la Cote d’Azur. « Je fais tout moi-même, jusqu'à la conception des étiquettes. Cela demande du temps. » Un temps précieux qu'il enrage de devoir passer à monter des dossiers administratifs toujours plus complexes. « Il m'a fallu 14 mois pour obtenir l'autorisation de vendre mes apéritifs à base d'agrumes. Et cela fait près d'un an que j'essaie de monter un laboratoire pour la fabrication de confitures. »

avril2013-0318.JPGPourtant les produits du Bar-sur-Loup ont déjà franchi les frontières. Des boutiques les distribuent en Allemagne, en Italie et en Suisse. Un succès dû au simple bouche-à-oreille. Le village perché qui domine la vallée du Loup a séduit bien des citoyens allemands, Italiens et suisses. Amoureux du terroir, ils apprécient aussi la qualité de ses produits et sa chaleureuse hospitalité, qu'ils font partager à leurs concitoyens en leur faisant connaître ce vin d'agrumes que bien des Azuréens ont depuis longtemps oublié, tout cela à cause aussi d’une administration qui continue d’interdire plutôt que de construire.

avril2013-0405.JPGDans le prochain épisode, je vous ferais découvrir le village et les animations de la 19e fête de l’oranger 2013 et surtout l'etrange histoire de la danse macabre et du beau Bertand de Grasse.

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                   DIAPORAMA DE LA FETE DE L'ORANGER


 
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Published by BIKER06 - dans PROVENCE & PAYS NICOIS

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