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GRASSE EXPO ROSE : L’HISTOIRE DES CUEILLEUSES (2)

avril2013-6463.JPG L’exigence et l’attention attachées à la production et à la transformation de la rose de mai se comprend facilement quand on sait que cinq tonnes de fleurs sont nécessaires pour obtenir un seul kilo d’essence. La récolte de  la rose de Mai est groupée sur une vingtaine de jours, de mi-mai à mi-juin; il n’y a pas de seconde récolte. La fleur est cueillie demi-épanouie, tôt le matin et tard le soir. La cueilleuse casse la fleur sous le calice et la dépose dans un sac attaché à la ceinture. La cueilleuse peut ainsi cueillir de 10 à 20 kg de fleurs par jour. Les fleurs cueillies, souvent couvertes de rosée, sont étalées en mince couche à l’ombre et doivent être acheminées dans les 12 heures vers l’usine.

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Une matière première appelée « la reine de la matière luxe rare », et que l’on serait bien tenté d’appeler de l’or rose. Sa valeur est d’autant plus importante que la base naturelle de la rose de mai n’est pas reproductible en laboratoire grâce au procédé de synthèse. En effet, l’huile de la rose centifolia de Grasse est constituée de plus de trois cent constituants moléculaires, certains n’étant pas identifiables. On retrouve de l’absolue de cette rose unique dans des parfums comme Mitsouko, Dior, Chanel N°5 ou Shalimar de Guerlain.

avril2013-0151.JPGVoici déjà plus d’un millénaire que la ville existe. On dit que l'origine de son nom viendrait de "podium grassum" qui subsiste de nos jours dans le nom du "grand Puy", le rocher sur lequel la ville ancienne fut construite. Cette possession qui appartenait au seigneur Rodoard, vers le Xe siècle, obtint son indépendance. Au début du XIIe siècle, elle devient une commune libre administrée par des consuls comme à Nice.

avril2013-0024.JPGL'évêque d'Antibes y fixe son évêché vers le XIIIe siècle. La ville de Grasse est alors très puissante et son importance lui permet de traiter d'égal à égal avec Gênes, alors un des ports les plus important de la Méditerranée, ce qui n'est pas rien. La ville est située au carrefour des chemins des Alpes à la mer et de celui de l’Italie qui passe par Nice.

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Après la Grande Guerre, l'Italie est le seul pays à avoir une population accrue. Au cours de la guerre de 1914-1918, un grand nombre d'habitants du pays de Grasse tombèrent aux champs d'honneur, affaiblissant considérablement le potentiel agricole de la région. Il fut donc fait appel à une main d'œuvre italienne, soit en provenance du haut Piémont, soit d'Ombrie, soit d'autres Provinces italiennes.

avril2013-0266.JPGPlus de mille ressortissants italiens ont conservé la nationalité italienne et habitent aujourd'hui Grasse, sans compter bien sûr les très nombreux Grassoises et Grassois d'origine italienne dont l'apport a été particulièrement important et positif pour la cité. De toutes les régions italiennes, le Piémont est la plus fortement représentée. A la fin du XIXème siècle, la population italienne est au 3/4 piémontaise. Cette région a bénéficié d'une position géographique voisine du Comté de Nice, d'une similitude de mœurs, de langue, de climat.

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L'Amiral Comte de Grasse heros de l'indépendance americaine 

 

La région Grassoise et Niçoise sont d'ailleurs historiquement Italiennes par leur culture. Mais, l'Italie n'est pas le seul centre de recrutement de la main d'œuvre pour la cueillette. En Pays niçois, les villages montagnards des Alpes-Maritimes et les villes (Grasse, Cannes, Cagnes, Nice, Antibes...) fournissaient également des cueilleuses. Les habitants se rendaient tous les ans dans les exploitations et y restaient le temps de la cueillette.

avril2013-6475.JPGLa cueillette des fleurs est faite par des femmes et des jeunes gens de tout âge. Soso, sa mère et sa grand mère ont toutes trois cueillies les fleurs étant jeune. Les femmes étaient aidées par leurs enfants qui ne rentraient alors en classe qu'au mois d'octobre. Les cueilleuses de fleurs peuvent avoir plusieurs statuts. Premièrement, elles peuvent être l'épouse ou la fille d'un propriétaire de champs de fleurs, d'un fermier, d'un métayer ou être des cueilleuses saisonnières.

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Dans la première moitié du XXème siècle, les champs de fleurs s'étendaient à perte de vue. A cette époque, les cueilleuses de la ville allaient par groupes le matin dans les différents quartiers producteurs. Chaque groupe avait son lieu de réunion, puis, chemin faisant, on appelait les autres cueilleuses. Le cri des cueilleuses s'appelant de bon matin pour partir ensemble, animait les vieilles rues de Grasse: "Anèn" disaient les Provençales et "Andiamo" les italiens.

avril2013-6462.JPGPour faire la cueillette des fleurs, il n'y a pas d'apprentissage, de formation. On ne passait pas de contrat de travail, on s'engageait oralement à faire la cueillette des fleurs. "C'était un engagement oral, verbal. Vous venez à la fleur ? Oui ". " Le jour où on était fatigué, on ne venait pas. On ne nous disait rien. On n'était pas enchaîné, on y allait ou on n'y allait pas".

avril2013-6450.JPGSelon la fleur, la technique de la cueillette est différente. La cueillette du jasmin s'effectue avec beaucoup de précaution à cause de sa grande fragilité. Les fleurs cueillies sont placées dans un panier attaché à la taille par une ficelle. Le panier peut contenir un kilo. Quand le panier est plein, on vide le contenu dans une grande corbeille placée à l'ombre et recouverte d'un torchon humide pour éviter le dessèchement des fleurs. Chaque cueilleuse avait son panier et sa corbeille.

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Une cueilleuse expérimentée parvient à en prendre 25 dans chaque main avant de les vider dans son panier. Cela demande une souplesse des doigts qui ne s'acquiert qu'avec l'habitude. Parfois les femmes mettaient les fleurs dans leur tablier dont elles remontaient les bords pour les fixer à la taille et en faire ainsi une poche. Cette poche pleine de fleurs leur faisait une grossesse de fleurs. On prenait les fleurs blanches une à une en travaillant des deux mains. Lorsque les fleurs étaient mouillées, on les étendait sur des draps posés par terre, chacune avait son drap pour les sécher au soleil. C'est que les fleurs séchées étaient payées plus par les parfumeurs que les fleurs mouillées.

avril2013-0142.JPGA la fin de la journée, le producteur pèse les corbeilles des cueilleuses et note le poids dans un carnet. Chaque cueilleuse avait son carnet où figuraient le nombre de kilos ramassés et le salaire obtenu. Lorsque des familles entières venaient, on comptait une seule corbeille et un seul carnet pour tous les membres de la famille. La saison de la récolte terminée, le producteur calcule le poids total de jasmin cueilli pour chaque cueilleuse et paie cette dernière. A la fin de chaque journée, le producteur livre ses fleurs à l'usine car elles doivent être traitées sitôt cueillies. Il porte ses fleurs soit directement aux usines comme c'est le cas pour les producteurs de Grasse.

avril2013-6303.JPGPour la rose, la cueillette se rapproche de celle du jasmin. "Les roses n'emplissaient pas l'air de leur odeur de la même manière que les fleurs d'orangers. On se penchait sur elles, on les écoutait, elles parlaient et leurs paroles étaient du parfum. Le souci des cueilleuses est d'éviter les épines, cela donne à leur physionomie un air sérieux. Les cueilleuses relevaient à leur ceinture les coins de leur tablier pour faire une poche.

avril2013-6445.JPGLa tenue traditionnelle de la cueilleuse était le panier d'osier carré attaché à la taille, les bas blancs pour éviter les piqûres d'insectes et le chapeau retenu par une épingle plantée dans le chignon. On portait des bottines. Le procédé de ramassage des fleurs n'a pas changé au fil des ans. La cueillette s'effectue toujours uniquement à la main."C'est qu'aucune machine n'a pour l'instant réussi à soustraire au plant sans l'abîmer, les pétales veloutées du jasmin", de la rose et de la fleur d'oranger. La propriété très morcelée et la culture en terrasses rendent difficile l'adaptation de procédés modernes.

avril2013-6335.JPGLa cueillette du jasmin s'effectue toujours selon la même technique. La position des cueilleuses est la même, courbée en deux. Elles portent le même panier d'osier retenu à la taille par une ficelle où elles mettent leurs fleurs cueillies. Une fois leur panier plein, elles versent le contenu dans une grande corbeille qu'elles laissent à l'ombre d'un arbre. Elles couvrent leurs fleurs d'un chiffon humide pour empêcher leur dessèchement.

avril2013-6389.JPGDe même, après la cueillette, les propriétaires pèsent les corbeilles et inscrivent leur poids dans un cahier. On utilise toujours la balance romaine. La cueillette de la rose se fait dans les mêmes conditions qu'autrefois mais les cueilleuses portent parfois des gants pour éviter la piqûre des épines. Les roses cueillies se mettent toujours dans le tablier dont on a relevé les bords pour faire une poche. On pèse ensuite les fleurs et le courtier vient les chercher pour les porter à l'usine.

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La cueilleuse n'a pas de feuille de salaire et est rémunérée comme avant, au nombre de kilo. C'est une activité particulièrement douloureuse pour le dos. Il faut rester de longues heures courbé car les plants de jasmin sont très bas et l'on doit écarter précautionneusement les tiges pour atteindre les fleurs cachées. Les femmes devaient "cueillir sous un soleil de plomb". Elles portaient pour se protéger et éviter les coups de chaleur, de larges chapeaux qui leur couvraient pratiquement tout le visage. Pour éviter de brunir, elles s'habillaient avec des vêtements longs qui cachaient leur corps des rayons brûlants du soleil.

avril2013-6346.JPGLa pluie elle-même n'arrêtait pas la cueillette. Quand il pleuvait, on se mettait un sac sur le dos car il fallait ramasser quand même. On se mettait pied nu et on pataugeait alors dans la gadoue. En pleine floraison, il fallait la nuit guetter le ciel et, appeler dès qu'on voyait des nuages, pour prélever la fleur avant que la lourde eau d'orage ne l'atterre. On cueille au clair de lanternes pendues aux espalières.

avril2013-6479.JPGLes femmes qui ont cueilli les fleurs gardent la nostalgie de cette époque. Avant, tout le monde allait à la fleur; on ne disait pas, on va au jasmin ou à la rose, mais, on va à la fleur. Partout, on trouvait des champs de fleurs. C'était quelque chose. Aujourd'hui, on a un peu la nostalgie de cette époque, il faut le reconnaître. La récolte du jasmin, de la rose, de la violette ou de la fleur d'oranger, c'était une merveille. Il y en avait de Grasse à Mouans-Sartoux, les terrains se touchaient, ce n'étaient qu'un immense champ. On passait à côté et ça vous embaumait pour toute la journée.

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                          DIAPORAMA D'EXPO ROSE GRASSE


  
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