C'est par la vieille ville et son célèbre Suquet qu'il est conseillé de débuter la visite de cet ancien village de pêcheurs. On peut y accéder par divers versants en empruntant des ruelles pentues, entrecroisées d’escaliers pittoresques où le piéton est roi. Quand vous serez au plus haut des remparts et de la tour carrée, le point de vue sur la ville, le port, la Croisette et les îles de Lérins est remarquable.
depuis 1884, la chapellerie Tesi se transmet de generation en generation
Au pied de la vieille ville, l’âme de Cannes : le marché Forville et sa ceinture de magasins d’alimentation (bouchers, charcutiers, poissonniers, boulangers, cavistes…) vous fera découvrir une des facettes d'une cité depuis bien longtemps réputée "commerçante" en passant par la rue Meynadier et la rue d'Antibes.
Les bâtiments publics, architecturalement remarquables, retracent diverses époques du passé historique cannois, tandis que les villas et grandes demeures, évoquent la grande période de villégiature étrangère du XIXe siècle. Il faut remonter le boulevard Carnot pour admirer quelques édifices ornées de cariatides monumentales. De nombreuses demeures jalonnent alors le parcours, certaines de type haussmannien, d’autres marquées par l’éclectisme, l’art nouveau ou l’art déco. En 1894, cette artère majeure de 26 mètres de large et de 2,6 kilomètres de long prend le nom de boulevard Carnot, en hommage au président de la République assassiné à Lyon.
En toutes saisons cannes est toujours fleuris, du bld Carnot à la Croisette, du Palm Beach à la Bocca. Le centre de production du Service municipal des espaces verts est installé depuis 1980 au quartier de l’Abadie. Sur 32 000 m2, dont 8 850 m2 de serres, sont cultivées 400 000 plantes à massifs, 1 500 plantes vertes utilisées pour la décoration à l'occasion de manifestations cannoises et 200 jardinières mobiles utilisées pour des décorations en plein air (Festival international de la plaisance, Festival de Cannes…). Mais comment Cannes est devenue Cannes ?
Le Cannois était pauvre, certes, mais il possédait un trésor immuable. Il bénéficiait d’un don providentiel : un environnement enchanteur sous un ciel clément et doux. Cette baie merveilleuse, ce site harmonieux, cet écrin de collines qui apaisent les vents étrangers, ce promontoire dominant la plage, ces deux îles voisines qui enserrent et protègent la côte, toute cette conjonction astrale a toujours fasciné l’homme et l’a toujours attiré. Et ce… depuis la nuit des temps.
Cannes est un mot ligure qui désigne une hauteur, un piton ; un habitat perché comme "Le Cannet" sa proche banlieue, comme Cagnes, comme d’autres qui ont la même racine. Les petites maisons se serrent blotties contre le château et l’église, sur la crête et le long des pentes à l’est et au nord surtout, à l’abri des remparts : des « bàrri ».
On y mène une vie difficile dans des conditions souvent pénibles. Il n’y a, par exemple, qu’une seule source. Elle coule au pied du Suquet. Cette vie est faite de prières, de durs labeurs, de peines mais aussi de fêtes et de joie. L’activité se partage entre l’agriculture (riz, blé, olivier), la pêche strictement réglementée et le mouvement « portuaire ». Grasse la riche, vient y exporter ses tissus et ses cuirs, plus tard sa parfumerie , son jasmin, sa rose et son mimosa.
A la mort de la reine Jeanne, après une série de luttes âpres et dévastatrices pour sa succession, un événement va bouleverser l’équilibre de la région. En 1388 le Comté de Nice devient possession du Duc de Savoie. La frontière est désormais marquée par le fleuve Var. Cannes eut donc le redoutable privilège d’être ville frontalière et dut subir, de ce fait, les premiers chocs terrestres et maritimes des conflits des grands de ce monde.
A la fin de l’Ancien Régime à Cannes, se produisirent deux faits notables. Le premier bien connu est la séparation du Cannet de la Ville de Cannes en 1777. L’indépendance du Cannet qui était un hameau de Cannes fut octroyé par Louis XVI. Cela ne lui a pas, pour autant, porter chance. Le deuxième fait est moins connu mais doit être noté. Des marins cannois ont participé à la guerre d’indépendance des Etats-Unis. Ils furent soixante-treize, sous les ordres de l’amiral de Grasse à aider les Américains à recouvrer leur liberté. Certains y laissèrent la vie. D'ailleurs Cannes à des relations trés étroite avec les états unis et la ville est jumelée avec Béverley Hills. De plus au moment des évenements du 11 Septembre son maire actuel etait à New York.
L’Empire fut bien accueilli, au début, moins bien à la fin, a cause de ses guerres incessantes. Les Cannois étaient plutôt royalistes tout comme les niçois. Aussi quelle ne fut pas leur émotion quand, le 1er mars 1815, on leur annonça que Napoléon échappé de l’île d’Elbe et ayant débarqué à Golfe-Juan avait l’intention de bivouaquer à Cannes. L’empereur avait envoyé une ambassade auprès du Maire. Il aurait pu choisir un ambassadeur plus diplomate, c’était Cambronne. Il trouva en la personne du maire un personnage qui lui tint tête. Mais notre pauvre Maire ne pouvait rien contre l’Aigle, il s’appelait : Poulle. La Restauration Sarde avec le Comté de Nice ramena la paix et, avec elle, la reprise du « tourisme » avant la lettre.
En 1834, le choléra sévissait en France. A Nice, qui était alors ville piémontaise, on interdisait l’entrée de tout étranger venant de France. Or, sur les berges du Var qui servait de frontière, se présente, Lord Brougham and Vaux, ancien chancelier du Royaume-Uni. Celui-ci se rendait en Italie, lieu de villégiature à la mode à l’époque. Il ne put passer le fleuve. Dépité, il revint sur ses pas, s’arrêta à Cannes et descendit à l’Auberge Pinchinat. Pour cuver son courroux il s’en alla explorer le pays et en tomba, illico, amoureux. En lui mûrit alors l’idée de s’y fixer.
Chateaubriand, le Pape Pie VII , le roi de Naples, Victor Hugo vinrent manger la bouillabaisse chez pinchinat
Le dit lord hésitait. C’était une décision difficile à prendre, et il balançait encore quand M. Pinchinat lui servit… une spécialité de son invention, la bouillabaisse. Notre fils d’Albion scruta ce plat étrange, cela le changeait du gigot à la menthe, le renifla, le huma, en prit une cuillérée, la goûta, en prit une assiettée, puis une autre et décida, incontinent, de résider, in aeternam, à Cannes. Il mit en pratique, sans le savoir, la devise de la Ville « Qu li vèn li viéu ». (Celui qui y vient une fois y reste toute la vie). Il fit bâtir un château et attira chez nous les plus fortunés de la gentry britannique. Et Cannes fut lancée.
La suite, on la connaît. Les Anglais, devenus entre temps nos amis, parsemèrent nos collines de villas, de châteaux sortis tout droit de l’imagination d’un Walter Scott. Après les Anglais ce fut le tour de l’aristocratie russe entraînée par la richissime Alexandra Fedorovna Tripet Skrivistkine (Amie de Prosper Mérimée)…. Et toute l’Europe couronnée et fortunée suivit. Empereur, tzarine, rois, reines, princes, grand ducs, Lords, bourgeois nantis, tous viennent en hiver profiter, sous l’ombrelle, de notre soleil et y mener une vie mondaine.
Les artistes aussi participent à la fête. Notons Prosper Mérimée qui tomba amoureux de Cannes, y vécut et y mourut. Maupassant, sur son yacht « Bel Ami » navigua dans nos eaux et y écrivit "Sur l’eau". Debussy y composa ses premiéres notes. Victor Hugo, Chateaubriand et la liste serait encore longue. N’oublions pas Stephen Liegeard dont le titre de gloire est d’avoir inventé l’appellation : Côte d’Azur.
Le 10 avril 1863 la gare est ouverte. Désormais, grâce à ce progrès pharamineux, Paris n’est plus qu’à 22 heures 20 minutes de Cannes.
Cannes connut les restrictions, l’occupation allemande et aussi, en août 1944… sa dernière attaque par mer. Lors du débarquement des Alliés sur nos côtes, un grand acteur qu’on attendrait plutôt au Festival du film fit son petit cinéma personnel en canonnant nos rivages depuis son navire de l’US Navy « Prince Stewart » dont il était le capitaine. Il se nommait Douglas Fairbanks Jr. Mais, lui, c’était un ami qui nous voulait du bien.
La paix revenue, le Festival du film va pouvoir enfin commencer. Il va prendre son essor et, poussé par la folie pelliculaire, il va devenir, chaque année, la plus importante manifestation mondiale après les Jeux Olympiques. Cannes est depuis devenue une icone....
DIAPORAMA DE CANNES