Edith Piaf et Grasse, c'est toute une histoire d’amour. Pour finir ses jours, elle choisit le calme, la beauté et la richesse du Pays Grassois sur les collines du hameau de Plascassier. Cette année le salon exposition de la rose a souhaité, en cette 50e année de sa disparition, que la ville lui rende hommage, pour la faire revivre quelques instants, telle une rose, avec toute sa force et sa fragilité. Grasse, a mis à l’honneur pendant 5 jours, la chanteuse la plus renommée dans le monde aux côté de la reine des fleurs.
Grasse est une petite ville des Alpes Maritimes, construite sur un éperon rocheux à 350 mètres d'altitude. Le soleil y a des caresses plus douces qu'en aucun pli de la corniche, à ses pieds scintille le saphir de la mer. L'air y est dépouillé des acuités salines de la plage, le mistral expire avant d'y atteindre. Grasse se cache dans un nid de fleurs et de collines.
Les floraisons successives colorent le paysage et parfument l'air. Tout dans ce lieu, chante l'idylle, et dans cette atmosphère embaumée, tout y est léger, délicat comme des "Watteau ou des Fragonard". Grasse est la seule ville au monde où le mot usine soit poétique. Ici les usines s'appellent "Parfumerie" et culture florale. Remontons le temps un instant pour comprendre l'histoire de cette ville qui est la moins visité de la Cote d'Azur, car ville ouvrière, qui ne c'est pas imposée ni par les strass et ni par les paillettes mais par sa nature....
Grasse tire sa richesse (fleurs, fruits, huile d'olive et une importante industrie de tannerie facilitée par le torrent de la Foux, et les peaux venant des Alpes) de sa position géographique et de son micro climat. Le lent déclin de la tannerie est compensé par la naissance de la parfumerie, importée par un florentin de la cour de Marie de Médicis (la mode étant alors à parfumer les gants de peau). Cet artisanat se développe jusqu'à devenir une industrie très importante à la fin du XVIIIe siècle facilitée par le micro climat, les cultures florales alentours et l'expansion de la ville.
Un parfum à l’odeur fugace est créé après une longue série d’opérations alchimiques. Les paysans transportaient leurs cuves de distillation dans les montagnes aux environs de Grasse, récoltaient les fleurs sauvages et extrayaient le parfum directement à ciel ouvert au moyen de chaudrons de cuivre et de vapeur d'eau, sur place grâce à une découverte du XVIème siècle qui révolutionna les techniques de production, l'alambic.
Les Grassois, paysans parfumeurs pouvaient ainsi extraire le parfum des plantes, sous forme d'huiles. La découverte d’un moine italien fut également prépondérante ; il s'aperçut que les parfums sont solubles dans l'esprit de vin; il découvrit la conservation des parfums dans l'alcool. Dès cet instant la fabrication du parfum est simplifiée et les méthodes se modernisent à grande vitesse.
La ville de Grasse accède ainsi au titre de capitale du parfum, puis de capitale mondiale, tant son renom est propagé de par le monde. Aujourd'hui, la technique de production par distillation s'est encore améliorée. Chaque maîtresse de maison connaît le secret d'une méthode déjà employée depuis des siècles pour obtenir un parfum, "l’enfleurage à froid ". Faites l’expérience de mettre dans votre frigo le poisson à côté du beurre, celui-ci froid gardera l’odeur du poisson.
Ce procédé particulièrement utilisé pour la jacinthe et le jasmin dont les parfums très délicats sont extraits par répétition du processus. Selon les fleurs, on emploie différents procédés naturels pour en capter l’odeur. La production de parfums, à l'aide de solvants comme l'alcool est aujourd'hui très appréciée et développée dans l'industrie de la parfumerie. Un échange répété dans le solvant, extrait des plantes par un procédé chimique le parfum. Plusieurs filtrations permettent d’obtenir une solution à forte concentration que l’on appelle « l’absolue ».
La fabrication de l'essence de rose ou de jasmin joue encore aujourd'hui un rôle important à Grasse. Une cueilleuse doit travailler plusieurs milliers d’heures pour ramasser une tonne de fleur et il faut près d’un million de fleurs cueillies à la main, pour faire 1 kg seulement d'essence de jasmin. C’est le prix de l’or en quelque sorte ! Un litre d’essence de rose peut coûter entre 10 000 € et 20 000 €. Un litre d'essence absolue permet de produire prés de 3.000 litres de parfum à très forte concentration.
C’est à la fois peu et énorme. La ville de Grasse est devenue le principal centre mondial de la parfumerie avec un chiffre d'affaire de plusieurs milliards, elle emploie plus de 2500 personnes directement et prés de 10000 indirectement ainsi que des formations aux techniques de production modernes se déroulent dans ses Lycées et centres de formation. La ville est équipée pour former ses cadres de haut niveau.
Outre les parfumeries que l'on peut visité toute l'année...on peut en saison visiter les champs de fleurs des environs. Les fleurs à parfum de la région Grassoise : elles sont la lavande, la tubéreuse, la fleur d’oranger, la jacinthe, la violette, le mimosa et bien sûr les principales, les plus connues, auxquelles la ville est vouée et rend en quelque sorte un culte : La Rose, le Jasmin.
Inutile de décrire la reine des fleurs, ses variétés sont des plus nombreuses. Au mois de Mai chaque année une manifestation d'importance lui est réservée : L’exposition internationale de la rose ou Grasse expo-rose. Avec plus de 30.000 roses sélectionnées, Grasse, Capitale des parfums, organise une manifestation grandiose en l’honneur de la reine des fleurs. Ce n'est pas un hasard si cette Fête se déroule en mai.
En effet, la rose de mai ou " centifolia " très utilisée en parfumerie est récoltée en mai. La villa-musée Fragonard, présente à l’occasion une exposition rehaussée par des concerts, conférences, le thème de la reine des fleurs et fleur des reines. La première édition s’est déroulée en 1971, dans les jardins et les salons de la Villa Fragonard, ce musée consacré au peintre de la cour de Louis XV. Des bouquets artistement composés de fleurs multicolores enchantent notre vue et notre odorat. Un jury délibère avant l’ouverture pour choisir la plus belle rose.
Plus de 35 000 visiteurs visitent Expo Rose chaque année. Toute la ville vibre à l’unisson de la manifestation. La rose a pour notre ville une signification particulière. Il y a plus de 200 ans la mode était à parfumer les gants de peau avec de l’essence de rose, c’était les balbutiements d'une industrie aujourd'hui développée dans le monde entier qui a permis la renommée internationale de Grasse..
Hormis la rose, la récolte des fleurs de Grasse sont principalement :
Le jasmin: la récolte commence mi-juillet et dure jusqu’à une date décidée par les parfumeurs ; car bien que fleurissant jusqu’aux premières gelées en janvier la fleur ne contient plus assez de parfum vers la fin octobre. Tous les jours ou tous les deux jours, on cueille la fleur éclose dès le lever du jour. Une bonne cueilleuse peut, délicatement, ramasser 400 à 500 grammes de fleurs à l’heure. Il en faut 8.000 pour un kilo. Les paniers se remplissent lentement, de 7h00 à 13h00, pour peser deux kilos, voire plus de trois chez les meilleures cueilleuses. La récolte, stockée à l’ombre en couche peu épaisse, est livrée à l’usine le jour même.
La tubéreuse: la floraison débute vers la fin juillet. La cueillette des fleurs en boutons entrouverts se fait tous les matins entre 6 et 10 heures et la livraison à la parfumerie s’effectue aussitôt. Seules une ou deux fleurs à la fois et par tige qui sont prêtes à la cueillette sur l’épi foral comportant 20 à 30 boutons s’épanouissant toujours en partant du bas. La récolte peut se poursuivre jusqu’à novembre, tous les trois à huit jours.
La fleur d’oranger: La récolte a lieu en avril-mai. La veille, le sol est ratissé et on déroule des draps et des filets plastiques sous les arbres. La cueillette se fait le matin, après la rosée ; on cueille soit les pétales en secouant l’arbre, les faisant ainsi tomber sur le filet, soit le bouton floral, en s’aidant d’une échelle, et en le déposant dans un panier ; on repasse tous les deux jours.
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