La route passe devant les ruines du vieux greolieres
L’Estéron prend sa source au dessus du village de Soleilhas à prés de 1300 mètres d’altitude, sur les pentes de la montagne du Teillon (1893mètres).
Suivant un périple de plus de 65Km, l’Estéron vous entraîne au cœur d’une vallée riche d’un passé culturel typique de notre région, mêlant un cadre sauvage à de pittoresques villages qui dégagent une douce saveur de la Cote d’Azur Alpine avec leurs oliveraies qui ont fait pendant longtemps la richesse de cette vallée.
Arrivée au pont des clues d'Aiglun
Tout au long de mon itinéraire, je vous invite à découvrir les villages d’Aiglun, Sigale, Roquesteron-Grasse, Pierrefeu, Gilette… pour ne citer que ceux qui croisent le cours de L’Estéron. En partant du pays Grassois, vous rejoignez le pays Niçois pour découvrir ce qui était à l’origine l’ensemble du comté de Nice dans la vallée de l'Esteron, car contrairement aux dires des historiens Français proche des mouvements politiques provencaux, celui-ci ne s’arrêtait pas à la limite du fleuve Var, mais, se projetait aussi de l’autre coté du grand fleuve.
Sur la route du col de Bleine
Se jetant dans le Var (le fleuve), l'Estéron, nous offre une vallée pittoresque, vous y découvrirez de petits villages hauts perchés sur les sommets environnant la vallée, ainsi que nombres de villages encaissés tout au long du cours de la rivière. Une serie de villages perchées qui sont la marque de fabrique du departement des Alpes Maritimes.
le village de Sigale
Comme pour la balade à la réserve biologique du Haut Thorenc des Monts d'Azur et des clues de Saint Auban, j’emprunte la route de Grasse à Opio qui passe devant le mémorial Coluche, puis je continue ma route pour Gréolieres les Neiges en passant par les ruines du vieux village abandonné. J’emprunte à nouveau le col de Bleine, mais cette fois ci au lieu de tourner à gauche direction Saint Auban, je pars à droite vers le village d’Aiglun et la vallée de l’Estéron qui sont le but de cette promenade idyllique.
Avec votre serviteur, on commence toujours par un peu d’histoire du pays et le premier village traversé n’en manque pas.
En 1388, le village d'Aiglun se retrouve sous la protection des Savoie et de notre cher comté Nissart, comme le reste de la région, lors de la Dédition de Nice à la Savoie le 28 septembre 1388. Il suit l’histoire des luttes entre les comtes de Provence et la maison de Savoie. En 1388, il passe à la maison de Savoie avec le futur comté de Nice après la mort de la reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence. Les terres nouvelles de Provence prirent le nom de comté de Nice en 1526. Le territoire était enfin libéré de l'oppresseur provençal et la Savoie venait d'acquerir le territoire le plus important de son futur Royaume de Piemont/Sardaigne grace à son seul et unique port en mer Ligure.
Lors du traité de Turin du 24 mars 1760, elle devient française (le royaume de France et celui de Sardaigne procédèrent à des rectifications de frontière, et par conséquence a lieu un échange de territoires).
Le village d’Aiglun fait partie de l’arrière pays de grasse, à la limite de celui de Nice. Le 18 mars 1562, la famille de Grasse le vend aux frères Georgio et Claudio Malopera. Puis ensuite, aux familles Caissotti (1605), Fabri (1634), Claretti (1670), Bonetto (1673), Blanchi (1754), Après le rattachement du Comté de Nice à la France par le traité du 24 mars 1860, Aiglun est réuni, avec l’ensemble de l’arrondissement de Grasse, au nouveau département des Alpes-Maritimes par la loi du 23 juin 1860.
Niché à 620m d’altitude sur le versant sud du mont San Martino (1257m), il fait face au mont Cheiron (1541m) et domine l’Estéron.
Son architecture est typiquement montagneuse à l’aspect bas-alpin, ses maisons anciennes sont regroupées autour de l’église Saint-Raphaël et de la Mairie. Par position, accroché à la montagne du St Martin, Aiglun bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel.
Au nord, sa clue célèbre, de renommée internationale. Dans un cadre taillé au couteau, Aiglun, vous ouvre ses portes au travers d’étroits resserrements aux parois vertigineuses. C'est peut-être le canyon le plus célèbre du département, fréquenté de longue date, il permet une descente particulièrement esthétique en raison du site sauvage et grandiose où s'engouffrent les eaux vertes de l'Estéron. La clue d'Aiglun est incontournable (voir mon diaporama), c'est l'une des plus grandioses de la région avec des gorges de 200m à 400m de haut, ne manquez pas non plus la cascade de Vegay qui fait plus de 140m de haut que l’on aperçoit à partir de la route, malheureusement avec un contre jour très important pour la photo !
Tous ces paysages ont inspiré Frédéric Mistral dans son livre "Calendal" où il célèbre le charme d’Aiglun. Très aquatique et esthétique, au pied du village de Sallagriffon, vous pourrez observer la montagne littéralement fendue en deux. En effet, l'écaille rocheuse de calcaire s'est coupée sous l'effet de l'érosion du cours d'eau. Vous pénètrerez donc à travers ce mont dont le centre s'est évidé au cours du temps, formant un cratère.
On peut dire de la clue d'Aiglun que c'est la reine des clues, car c'est sans conteste la plus spectaculaire. C’est une curiosité géomorphologique qu'Edouard-Alfred Martel tenta de remonter en 1906. Son premier parcours intégral date de 1928. Il faut la visiter avec l'envie de découvrir un endroit exceptionnellement sauvage. On retourne dans la clue d'Aiglun comme on referait le sommet de l’Everest, tout simplement parce qu'elle est somptueuse.
Je continue ma route sur Sigale encore un petit village perché ou la centaine d’habitants me regardent passer en Harley Davidson comme si j’étais un extra terrestre. Cigala (en Nissart) possede lui aussi de belles clues, celle du Riolan qui sont un peu plus accessibles pour le piètre marcheur que je suis ….
Direction Peirafuec toujours en Nissart ! Pierrefeu, Pietra Ignaria, est un ancien poste romain, maillon de la chaîne qui servait à transmettre les messages par signaux depuis l'Ecosse jusqu'à Rome. A l'époque de César, 70 ans avant JC, la télégraphie était d'usage fréquent chez les Romains. Ils établissaient partout où s'étendaient leurs conquêtes, un système de communication rapide, qui favorisait singulièrement l'exercice de leur autorité sur les peuples soumis à leur domination. Comme la plupart des villages du moyen et du haut pays Niçois, Pierrefeu fut atteint, dès le début du XXème siècle par le phénomène de dépeuplement : les populations qui, depuis le Moyen Age, avaient vécu groupées dans le Vieux Village, commencèrent à descendre habiter le long des pentes, à proximité des routes, des terres les plus fertiles et de l'eau. Quelques familles niçoises vinrent s’y réfugier durant la seconde guerre mondiale.
La renaissance du village commença à la fin de la guerre. Le progrès, la démocratisation de l'automobile et l'amélioration des routes facilita le renouveau. Je décide donc de monter au vieux village par une route sinueuse et étroite. C’est ici qu’habite un oncle à Soso.Je m’arrête quelques instant pour me rafraichir à la fontaine du village et laisser reposer ma moto car la température est à son plus haut niveau. Même ici en altitude la chaleur est forte…
Je redescends sur Roquesteron de Grasse en franchissant le pont qui traverse la rivière Estéron. Dominé par son église perchée, le petit village de Roquestéron-Grasse semble s'accrocher à son rocher depuis la nuit des temps. Les curieux se demanderont peut-être d'où vient ce nom de Roquestéron-Grasse, qui n'est séparé que par la rivière Estéron du village voisin de Roquesteron. Il faut savoir qu'à l’époque romaine, le village se dressait sur le rocher escarpé surplombant la rivière. Au Moyen-âge, l’ancien "castrum de Rocca Stérone" est fief des Grimaldi de Beuil. C'est à la fin du 15ème siècle que le village descend du rocher pour s’implanter sur les deux rives de l’Estéron. Quand, en 1760, le traité de Turin déplace la frontière entre les royaumes de France et de Sardaigne, sur le lit de l’Esteron, La Rocca sterone est divisée en deux : la Rocca Sarde à l’Est, qui s’appellera ensuite Roquesteron-Puget, puis Roquesteron, et la Roque en Prouvença à l’Ouest, qui se nommera ensuite Roquestéron-Grasse.
Pour finir ma visite en restant dans le passé, je rentre vers Nice en empruntant la rive droite de l'Estéron par Conségudes, Les Ferres et Bouyon, trois communes qui firent partie, comme Roquestéron-Grasse, de l'ancien Comté de Nice tout en faisant un petit détour par Gilette qui est le village le plus important de la vallée de l’Esteron et qui possede donc un bar qui m’attendait avec une bière bien fraiche…
DIAPORAMA DE LA BALADE