Avant de commencer l’historique de mon article sur les deux villages et cette fameuse pyramide, il faut que je vous explique la signification du mot Ratapignata, auquel Bob Morane avait titré l’un de ses albums (la pyramide des ratapignata). Une ratapignata en Niçois est une chauve souris. Elle est par opposition la représentation inversée de l'Aigle, symbole héraldique de Nice. L'utilisation de la langue niçoise, de l'inversion et du symbole, par le peuple Niçois, leur permettra d'affirmer l'existence d'une communauté niçoise, positive et plus subtile que ne laissaient supposer les images parfois dévalorisantes que les membres de la « colonie hivernante » écrivaient à leur sujet, ou bien certains rapports de fonctionnaires français qualifiant de « sous-développées » les populations du pays niçois.
Cette communauté de résistants était bien sur en réponse au vote de 1871, dont la démocratie avait été bafouée, car les Niçois avaient obtenu pour une large majorité leur indépendance. Mais le Naboleon III de l’époque retourna la situation par les armes. Aujourd'hui encore, le panneau qui indique l'entrée du village est en langue Niçoise: Falcone" et non en Francais: Falicon. Mais , revenons à l’histoire de la pyramide de Falicon.
Perché sur une butte rocheuse face au Mont Chauve à 854 mètres de haut, le village de Falicon se visite à la force des mollets, un de plus me direz vous, mais vous ne serez pas déçu par ses belles maisons de pierre ou ses façades pastel bien restaurées, dont certaines décorées de superbes fresques en trompe-l’œil, par ses ruelles pavées en escalier et ses passages voûtés, ses petites fontaines et vieilles portes ouvragées, par son église de style baroque à clocher carré…
La Reine Victoria et Jules Romains ne s’y sont pas trompés, car tour à tour , ils sont tombés amoureux de ce village. C'est dans ce village perché qu'il situa l'action de son roman "La Douceur de la vie", dix-huitième tome de sa célèbre fresque "Les Hommes de bonne volonté".
La grotte et la pyramide des Ratapignata a été découverte le 24 mars 1803 par Domenico Rossetti qui s’intéressait à la recherche de monuments antiques. De passage chez un ami de Falicon possédant une propriété au pied du Mont Chauve, il apprit qu’il existait au-dessus de la maison, un trou très profond. Sa curiosité piquée, il partit vers 10 h du matin et put le découvrir grâce à un rayon de soleil qui, pénétrant dans une salle souterraine de la grotte, en éclairait une magnifique colonne stalagmitique d’albâtre, blanche comme neige. Il put ensuite explorer la grotte et fut tellement heureux de sa découverte, dont la beauté surpassait tout ce qu’il pu imaginer, qu’il se promit d’en faire connaître les merveilles par la publication d’un poème.
En quelques années, grâce à ce poème, la grotte du Mont Chauve devint célèbre : elle figure dans tous les guides de Nice du 19ème siècle et persiste même dans certains du 20ème siècle. Les visiteurs désireux de s’y rendre pouvaient emprunter sur place les échelles nécessaires pour y descendre. Si la grotte du Mont Chauve constituait un attrait touristique au 19ème siècle, la pyramide a largement mobilisé l’intérêt du public depuis le début du 20 eme siècle. Et avec elle, tout le mystère qui entoure son origine.
Une série d’articles rédigée par Fred Gerard, estimait que la grotte et sa pyramide constituaient une sorte de temple initiatique bâti il y a 4400 ans. Fred Gerard résume : Ce que l’on sait maintenant de la grande pyramide de Chéops, construite elle aussi sur une grotte, nous prouve que celle du Mont Chauve est un monument scientifique, édifié avec ordre, mesure et méthode, en vue de perpétuer à travers les siècles d’ignorance, des vérités essentielles à l’évolution et au progrès de l’humanité.
En démontrant que la grotte, telle qu’elle a été aménagée, avec son autel desservi par sept marches, répond aux critères des lieux réservés au culte de Mithra. Rappelons que Mithra est à l'origine un dieu iranien qui, à l'époque romaine, devient le pivot d'un culte à Mystères. Une légende voudrait que les templiers connaissaient l'existence d'un souterrain menant à une salle du gouffre et y ont enfoui le trésor tant convoité.
L’Ordre du Temple est implanté sur le secteur niçois dès le début du 12e siècle. En octobre 1307, Ange Guigonis, informé la veille de l’arrestation de son Ordre, décide d’évacuer un certain dépôt en objet et documents. Le site niçois et la région périphérique sont riches de lieux templiers très importants et primordiaux sur le plan tellurique. Près d’une trentaine d’emplacements sont occupés par l’ordre du Temple: Biot, Isola, Utelle, Cabris, Tourette-sur-Loup ...
La grotte possède plusieurs réseaux, aménagés de boyaux naturels de longueurs considérables pouvant fort bien correspondre entre eux et relier ainsi plusieurs endroits. Donc ! Pourquoi pas, l’Ordre du Temple n’aurait-il pas utilisé ces réseaux souterrains pour dissimuler son dépôt de la commanderie de Nice. Du temps de sa splendeur, la pyramide de Falicon devait mesurer une douzaine de mètres de haut et huit de côté. Les outrages du temps ont abîmé son sommet et le fait d’avoir fait entrer les Templiers dans la légende, beaucoup de chercheurs de trésors contribuent à en réduire la hauteur d’année en année.
C’est pour cela que l’état décida de la classé monument historique en 2007. La grotte et la pyramide de Falicon continue d’entretenir le mystère et celle-ci n’a toujours pas dévoilé tous ses secrets. Je termine ma route en passant par le village d’Aspremont, village perché ou les maisons y sont installées en spirale, bâties en cercles concentriques autour de sa belle église gothique, formant une sorte de couronne au sommet de la colline , dominé par le Mont Chauve et surplombant la plaine du Var.
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