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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 11:12

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Les festins de Carême ponctuent, chaque dimanche, les quarante jours qui précèdent Pâques. Ils ont pour objet, à la fois de canaliser l’approche du printemps, de rendre acceptable la longue période d’abstinence du Carême, et de dissiper posément les effets du Carnaval qui s’est achevé le Mardi-Gras, veille de l’entrée en Carême.

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L’empreinte et le pragmatisme de la religion catholique sont immédiatement perceptibles dans cette organisation du temps. Tous ces festins s’organisent autour de l’interprétation religieuse chrétienne, qui se superpose parfois à des rites antérieurs. Le temps du Carême s’ouvre donc par le festin des Reproches, le dimanche suivant immédiatement le Mardi-Gras: à Cimiez (Cenemelum la capitale romaine de la province des Alpes Maritimes), on purge entre couples les griefs de l’hiver et les écarts de Carnaval.

MAI-2013-0416.JPGLe dimanche suivant, c’est le festin de Saint-Barthélemy, ou de la Réconciliation: les couples se pardonnent; le dimanche d’après se place le festin de Saint-Etienne, ou de l’Amitié, lou calignatori (le flirt), le surnommait-on, c’est-à-dire celui où les relations conjugales se renouaient.

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Vient ensuite le festin de Saint-Pons, dit des Vents; autour de ce dimanche se place l’Anounciada, ou festin des Cougourdons, obligatoirement organisé le 25 mars. Viennent ensuite le dimanche des Rameaux, puis le dimanche de Pâques: pas de festins en ces circonstances solennelles exclusivement religieuses.

MAI-2013-0164.JPGEnfin, le dimanche In albis (premier dimanche après Pâques), c’est le festin de Saint-Pierre d’Arène, dit lou festin dei Ràngou (le festin des Boiteux), ainsi surnommé parce que, comme il se déroulait dans le quartier campagnard le plus proche de Nice intra muros (Saint-Pierre d’Arène étant au centre du quartier de la Buffa, et Nice intra muros étant constituée du Vieux-Nice d’aujourd’hui), même les boiteux avaient le temps de s’y rendre.

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Chacun de ces « « festin » prend place autour d’une chapelle, alors en pleine campagne, et anime le hameau qui l’entoure. Il en va de même, en partie au moins, pour les Mai. Les festins des Mai reposent sur le même principe. Toutefois, leur dimension religieuse est moins patente. Chaque quartier ou hameau de la commune de Nice (Bellet, Cappan, Gairaut) organise ses "mai".

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Le mois de Mai à Nice a été particulierement terrible cette année, il a du faire 4 à 5 jours de pluie dans le mois.


 Au milieu du XIXème siècle, le plus renommé était le Festin dei verna (du niçois verna, l’aulne, arbre omniprésent dans les sols humides de la plaine du Var, le fleuve), ou Mai du quartier Sainte-Marguerite, à l’extrémité occidentale du territoire communal.

MAI-2013-0259.JPGTrès développée durant la Restauration sarde, pendant la première moitié du XIXème siècle, les Mai connurent un temps d’éclipse avant d’être relancés, au début du XXème, par un groupe de Niçois attachés à la renaissance de ces traditions, en particulier Menica Rondelly le barde créateur de l’hymne niçois : Nissa la Bella.

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Dès lors, les Mai de quartier, de plus en plus souvent urbains désormais, marquent le souvenir des Niçois du XXème siècle de leur caractère simple, joyeux, convivial, festif et familial. On décore de guirlandes et de lampions la place ou le carrefour principal du quartier, on y mange, on y joue au vitou, à la pignata, à la moura ou au pilou, on y danse autour du mât de cocagne, symbole de l’arbre de mai, renouveau de la nature aux origines païennes, si vira lou mai-on tourne le mai dit-on, dans la tiédeur des journées et des soirées de printemps. Une multitude de fêtes couvrent ainsi la ville, découpant clairement des quartiers, au cœur même du Vieux-Nice, où le Mai de la Condamine rivalise avec d’autres.

MAI-2013-0276.JPGCependant, à la fin du siècle dernier, divers acteurs de la vie niçoise s’inquiétèrent de la tristesse dans laquelle tombait la ville une fois la saison touristiques terminées, au début du printemps, et avec elles ses plaisirs ordonnés, mondains et éblouissants, et une fois passés les deux grands temps des festins traditionnels, simples et conviviaux, qui concordaient  accidentellement  avec elle.

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On établit donc une sorte de calendrier estival qui, en reprenant le même modèle (répartition par quartiers, semaines après semaine, du même type de réjouissances), tentait d’organiser ces festins d’été. Ainsi, en 1899, on programma chaque dimanche des mois de juillet d’août un festin de quartiers : Gambetta, Malausséna, La Madeleine, Saint-Etienne, Saint-Philippe, Cimiez, Saint-Isidore, Saint-Barthélemy, Sainte-Hélène en bénéficièrent successivement, parfois en rapport direct avec la célébration du saint patron du quartier (Marie-Madeleine le 22 juillet, Hélène le 18 août, Barthélémy le 24 août), renouant ainsi avec une tradition religieuse ancienne.

MAI-2013-0290.JPGMais cette tentative, malgré une logique respectueuse et novatrice à la fois, ne résista pas à la force des fêtes traditionnelles, à la croissance urbaine, au développement de la circulation automobile et à l’apparition d’une nouvelle conception des loisirs.

Ainsi vont les festins traditionnels niçois, ancrés dans la volonté de partager un bonheur de vivre souvent fugace, prodigué à Nice par la nature et enraciné dans une culture qui, longtemps, adoucit un quotidien rude et laborieux. Le niçois est à la fois un pécheur et un montagnard ...

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                                  DIAPORAMA DE LA FETE


  
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Published by BIKER06 - dans PROVENCE & PAYS NICOIS

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