Rares sont ceux, qui s'interrogent sur les origines de la ville. À peine si l'on remarque les ruines d'un théâtre à la sortie de la commune en direction de Bordighera (C'est en face de celui ci qu'habitait l'une de mes tantes). Impossible en effet pour le touriste de passage de s'imaginer qu'il arpente l'antique decumanus bordé de thermes et de maisons cossues de la prospère et élégante Albintillium romaine.
Vintimille (Ventimiglia) la vraie, ne se dévoile progressivement qu'à celui qui s'y attarde suffisamment et qui ne se précipite pas le vendredi à son populaire marché aux fringues et autres bricoles. On se surprend à trouver la vieille ville pittoresque avec le linge aux fenêtres et l'on se dit, poussé par la curiosité, qu'il serait peut-être intéressant d'aller voir derrière les murs de la vieille ville.
Ici, on joue aux boules, on papote, on se chauffe tranquillement au soleil, la dolce vita prend tout son sens. Sur la plaza della Cattedrale di nostra Signora Assunta, quelques petits vieux regardent les produits d'un camion immatriculé en Sicile transformé en épicerie ambulante. On marchande la qualité des harengs salés, du vin en jerrycan, de l'affinage du fromage fumé. Une fois l'entrée franchie dans la vieille ville, c'est un autre monde.
Sans transition, la lumière cède la place à la pénombre. Les façades pour la plupart vétustes se succèdent sans aucune monotonie. Ici, un oratoire fleuri à la Vierge, là, des fougères ont élu domicile dans les anfractuosités d'un mur. La rue principale, la via Garibaldi, est bordée en son centre par un jardinet dont l'exubérance des plantes étonne les plus grands botanistes. Des bananiers avec leur régime s'étirent vers la lumière et des chats paresseux se prélassent dans les rares coins ensoleillés.
Ici les touristes ne montent pas, il reste indéfiniment dans la ville moderne pour son marché ou ses boutiques de mode. C'est vrai aussi que la vieille ville fait un peu peur et qu'elle donne l'impression d'un coupe gorge. Ce n'est qu'en apparence bien sur ! Quelques mots en italien, même avec mon accent exotique, suffisent à lever toute inquiétude avec les habitants du quartier.
Et si je dis que je suis "di Nizza", que ce soit à Naples, à Rome ou à Palerme on vous considère comme à moitié Italien. Nizza n'est pas une ville française, mais la dernière ville italienne de la Riviera pour les transalpins. La ville ou est né le père de la nation ne peux être qu'italienne bien sur... D'ailleurs au bout de la rue Garibaldi, la grande porte médiévale est surnommés " la porta di Nizza".
De ruelles en ruelles et après quelques égarements, la perspective s'élargit devant l'église Saint-Michel. Les piliers de la crypte ont été taillés à partir de bornes miliaires de la via Aurélia. Attiré par la crypte, je découvre un univers souterrain de « presepi », de santons, installés là pour les fêtes de Noël. Un petit village haut en couleurs avec ses vieux métiers, ses traditions séculaires qui tranche avec la monochromie de la pierre.
Au moment ou je me promène, il y a du monde, la messe vient de se terminer, les italiens sont très pieux et fideles. En sortant je remarque une statue avec un scapulaire, chose que l'on ne voit plus guère en France. L'esplanade de l'église Saint-Michel est baignée par le soleil, dans la semi obscurité des ruelles, j'avais fini par oublier qu'il faisait beau. Les rues se sont remplies de monde.
Le big Boss du ristorante Pasta e Basta sur ma moto
De l'autre côté de la vieille ville, via Cavo, s'élève la cathédrale dont la fondation remonte au VIIIe siècle. C'est l'un des plus beaux édifices romans de la Ligurie. Sous le chœur, dans la crypte on aperçoit les soubassements du haut Moyen Age et des pierres tombales gravées de symboles. Les derniers échos de la messe qui vient de se terminer ne descendent pas ici.
On vous porte une assiette avec les differentes familles de pates, vous choisissez ensuite avec quelle sauce ou spécialites vous les mangerez...
A l'extérieur au pied du chevet des oliviers et des palmiers chétifs me font penser au Mont des Oliviers. Nous dominons la ville moderne et aucun bruit ne monte jusqu'à moi. Toute proche et si lointaine.
C'est en empruntant le tunnel de San Guiseppe qui passe sous la vieille ville que l'on trouve le restaurant Pasta e Basta. La aussi, les touristes ont l'habitude de se rendre dans les trattoria de la ville moderne qui sont des attrapes nigauds, plutôt que de se rendre de l'autre coté du pont de la Roya.
Pasta e gambas
Pour parodier la pub, on pourrait s'exclamer, pris en flagrant délit de gourmandise: " Mais ce ne sont que des pates !" Oui mais quelles pates ! Les français ne savent pas ce que sont les bonnes pates fraiches faites artisanalement. Ils ne connaissent que les pates des supermarchés.... Des Panzani ! Ce qui me fait plutôt rire, en fait, cette marque est française et, on lui a donné un nom italien pour mieux la crédibiliser.... Vous appeler ça des pates ? Mon Dieu quel malheur...
Pasta e Basta, c'est le royaume de la pate, ce restaurant aux grandes baies vitrées avec vue sur la mer est une institution à Vintimille. A l'accueil, Sabrina, Cinzia, Loana vous accueillent le sourire aux lèvres en dépit de l'affluence. Le chef propose toutes sortes de pates fraiches de sa production artisanale (gnocchi, tagliatelles, fettucine, troffie, raviole à la bourrache, penne, strozzapreti) à marier à plus de 21 sauces différentes.
vino bianco vermentino di sardegna con pasta con gambas
Mais aussi 20 suggestions de son invention comme les tagliatelles au curry avec poulet et fruit de mer ou bien les troffie aux langoustines, cèpes et tomates ou encore les strozzapreti d'oursins et son jus. L'obsession de se maitre des pates: des produits d'une qualité irréprochable. Et la, impossible d'y échapper, vous aurez obligatoirement les yeux plus gros que le ventre.
Car le chef ne lésine pas non plus sur la quantité. 300 à 450gr de pates selon la recette, le tout arrosé de vin rouge comme le barolo, de rosé comme le surprenant lambrusco frizzante ou le blanc de Sardaigne. Et si malgré tout, il reste une petite place pour les desserts, on a le choix entre une succulente panna cotta, l'incontournable tiramisu aux amaretti et j'en passe...
Signora Solange Giordano-Pistolesi ama la pasta
Si vous êtes plusieurs, comme ce fut le cas pour nous, il est ingénieux de prendre un plat différent par personne, vu que les quantités sont énormes. De toute manière à la fin du service, on vous proposera un doggy bag (sachetto per gli avanzi) à la façon des restaurants américains pour emporter les restes à la maison.
Une grande assiette de Panna Cotta
Nous avons donc choisi: Tagliatelle à la pulpe d'oursin, ciboulette et sauce tomate; Strozzapreti aux aubergines, tomates, mozzarella et basilic; Ravioli aux champignons, cèpes et crème fraiche; Tagliatelle aux gambas, cèpes, champignons et tomates; Tagliolini au lapin à la ligurienne et olives.
Enfin, les desserts: Poires au four avec glace vanille et cannelle; Panna cotta à la vanille de Madagascar; Amaretti avec la crème pâtissière et chocolat gianduia. Compter entre les plats de pates, les desserts, la bouteille de vin blanc de Sardaigne, deux bouteilles d'eau gazeuse San Pellegrino, les cafés, le limoncello, 25€ par personne. Un conseil, il est préférable de réserver, tous bons niçois et locaux connaissent cette adresse atypique...
En face, à l'embouchure de la Roya, la palmeraie de Vintimille
DIAPORAMA DE LA BALADE