Le jour de ma visite, c'etait alerte orange dans les autres departements. Dommage le ciel etait capricieux
Dans son écrin de montagnes brodées d’azur, Sainte Agnès, se situe à seulement 3 km de la mer à vol d’oiseau et à 10 km par la route de Menton de la frontière italienne. Véritable nid d’aigle, il domine la baie de Menton du haut des vestiges de son château Fort qui se dressent à près de 800 mètres.
L'autoroute suspendu du tronçon Nice-Vintimille
De ce point culminant se découvre à 360° un panorama époustouflant qui offre un contraste étonnant, particulièrement l’hiver, entre le bleu de la Méditerranée, si proche, et les sommets enneigés des montagnes du Mercantour. Ce mélange original de littoral et de montagne se rejoint dans la végétation qui s’étage depuis les oliviers argentés et les mimosas odorants qui poussent dans la « vallée » près de la mer jusqu’aux sapins qui s’accrochent aux pentes du Mont Baudon, en passant par les herbes aromatiques, les genêts et les genévriers typiquement méditerranéens. Sans oublier la lavande sauvage, au cœur des réjouissances d’une fête parfumée qui se déroule chaque année, au mois de juillet.
L’origine du village se perd dans la légende, qui est d’ailleurs bien jolie. Agnès, était une princesse romaine qui voyageait avec son escorte non loin de la Via Aurélia qui passe par Vintimille et Menton. Elle se serait abritée dans une grotte lors d’un terrible orage (très fréquent à cet endroit, comme j’ai pu encore m’en apercevoir le jour de ma visite). Sauvée de la fureur des éléments, elle fit ériger une chapelle à sa sainte patronne, en signe de reconnaissance.
La légende prête aussi au lieu un passé sarrasin : un redoutable pirate barbaresque, Haroum, s’éprit d’une beauté du pays, Anna. Elle accepta de l’épouser, à condition qu’il renie sa foi. Par amour, le musulman se fit chrétien, et le comte Guillaume de Provence fut témoin du mariage. On retrouve la légende au fil des ruelles : montée du Seigneur Haroum, rue des Sarrasins etc...
Une autre légende est celle de la source de la mouniga (la nonne en nissart). La légende rapporte que vers le Xe siècle, un chevalier troubadour Provençal était tombé amoureux d'une jeune fille noble du pays Niçois, cloitrée dans un couvent de Nissa. Un jour, ils partirent tous deux à cheval vers l'Italie toute proche, poursuivie par les frères de la dulcinée. Arrivés au plateau aride situé sous Saint Agnés, le fiancé fut tué et la jeune fille, folle de désespoir, saisit une épée et se transperça la poitrine. Instantanément, une source jaillit en ce lieu désert.
Le village s’édifia au XIVème siècle, sur un habitat celto-ligure. Le château féodal fut érigé par les comtes de Vintimille et détruit sur ordre de Louis XIV.
Par ces atouts incomparables, ce nid d’aigle sera l’enjeu d’incessantes hostilités entre le Comte de Provence et les Gênois, avant de passer, en 1388, avec tout le pays de Nice, sous la protection des Ducs de Savoie et d’Amédée VII. Pendant près de cinq siècles, c’est la Maison de Savoie qui entretiendra une garnison au château et qui entreprendra de nombreux et importants travaux d’agrandissement, dont des vestiges subsistent encore.
Les nombreux combats entre les Français de Louis XIV et les Sardes au 18ème siècle, prouvent l’importance stratégique de cette forteresse qui se dresse fièrement sur son rocher.
Sainte Agnès deviendra française en 1792, mais retournera en 1814 dans le royaume de Piémont Sardaigne, jusqu’en 1860, où par le plébiscite truqué du 24 mars, elle sera réunie définitivement à la France avec le reste du Comté de Nice.
Blotti à l’intérieur des remparts, le petit jardin médiéval entraîne le visiteur à flâner et à rêver dans les allées bordées de lavandes et à découvrir un panorama exceptionnel sur la Méditerranée. Le jardin des vertus, des délices ou des vices évoquent le temps où les gentes dames aimaient à se promener en écoutant les Troubadours chanter l’Amour Courtois. Représentés en topiaires, ils sont, désormais, les gardiens silencieux de secrets ésotériques. Au pied du donjon, le blé et la vigne, s’étagent sur les terrasses comme au temps où le site était habité par les villageois, et côtoient le potager aux arômes et aux senteurs méditerranéennes.
Depuis le 16e siècle, les plus grands ingénieurs militaires et architectes se sont succédés pour renforcer et améliorer les systèmes défensifs. Les fortifications alpines sont les témoins d’une histoire mouvementée, faite de conflits, de traités, d’unions et d’échanges de territoires. Plus que partout ailleurs le département des Alpes Maritimes témoigne de cette histoire surprenante entre Français et Italiens, Sardes et Piémontais, Autrichiens et Allemands, Sarazins et Provençaux, Niçois et Génois.
En 1932, l’armée française choisit ce point hautement stratégique pour ériger un fort, l’un des plus au sud sur la ligne Maginot. Sa construction dura six ans. Il permit tout de même, grâce au feu de ses canons, d’empêcher les Italiens de Mussolini, ennemis d’alors, d’entrer dans Menton ! Qui, à l’époque, revendiquait, entre autre, la région de Nice.
C’est une vraie ville souterraine, creusée dans les profondeurs du rocher, avec ses 2000 m2 de galeries et de salles, elle s’enfonce sous plus de 55 mètres dans le rocher. Le fort est toujours équipé de son armement d’artillerie sous casemate (canons obusiers de 135 et 75, mortiers de 81) : son bloc sud était la casemate frontale la plus puissamment armée de toute la ligne Maginot.
Cette construction est à plus d’un titre remarquable et plus particulièrement par son architecture novatrice. Prévue pour fonctionner en complète autonomie, elle fut dotée d’installations vitales, à savoir, une centrale de production électrique, un ensemble de conditionnement et de filtration d’air, permettant de résister à une attaque par les gaz, un atelier de réparation, des réserves d’eau, des systèmes de transmissions perfectionnés et bien sûr, de tous les équipements nécessaires à l’existence autarcique des 300 hommes qui la faisaient tourner : cuisines, dortoirs, sanitaires et même une infirmerie avec bloc opératoire !
Grâce à sa force de feu, il permit de stopper les troupes fascistes en juin 1940 : les canons de 75 mm de son bloc 3 entrèrent en action le 22 juin et tirèrent jusqu’à l’Armistice. Son bloc 2 participa de tous ses feux (75mm, 81 mm, 135 mm) aux tirs de barrage qui, sur le littoral, bloquèrent l’avancée des troupes italiennes vers Nice les obligeant à refluer sur la frontière.
Saint Agnes est un village à la beauté extraordinaire, regardant la mer tout en étant à la montagne. Le charme italien en plus tout en étant en France. C’est la magie de cette région.... La culture et l’histoire associée à l’exceptionnel panorama.
DIAPORAMA N°1 : LE FORT DE SAINTE AGNES
DIAPORAMA N°2: LE VILLAGE DE SAINTE AGNES