Contrairement à la fête du jumelage de Nice et de Papeete avec la Polynésie qui est parti dans l'oubli… et c'est bien dommage de ne pas avoir renouvelé cette fiesta qui c'était déroulé sur la promenade des Anglais, cette fois ci les cérémonies des offrandes à l'orixas Yemanja sont bien partis pour durer. Faut dire aussi que la communauté brésilienne est bien plus importante que la Polynésienne. Mais qui est Yemanja ?
Yemanja ! Orixas qui donnent la force. Yemanja, mère de tous les orixas. Yemanja, mère de la fertilité et des eaux salées. Même quand elle se retourne dans son sommeil, elle crée de nouvelles sources. Le jour de sa création, elle vivait dans la terre. Mi déesse, mi humaine, elle agirait guidée par des forces surnaturelles à contrôler.
Contrôler ses énergies divines, son corps à travers des offrandes, des sacrifices et des cérémonies. Un contrôle nécessaire au maintien de leur pouvoir. Yemanja, l'archétype du romantisme. La plus belle des femmes. La belle, la douce, pudique et raffinée. Réduite en esclavage. Docile. Un teint clair, parée de nacres. Yemanja, l'insoumise.
Entre les lignes des chants de louanges aux saints du paradis, un chant d'esclave s'élève. Cacher les dieux d'Afrique sous des traits de saints catholiques. Orixas ou la résistance d'un groupe à l'oppression, chant de lutte contre l'oubli. Offrir à l'oppressé une mémoire. Yemanja c'est un peu tout cela à la fois. Un mélange de religion catholique et de culte païens....Dans notre pays niçois on peut comprendre cela, nous qui mélangeons aisément les traditions religieuses et païennes venus des montagnes de notre Mercantour. Souvenez-vous de mon article sur "la montagne du Dieu Taureau".
Yemanja, hybride. Mi femme et mi déesse. Yemanja, allégorie du pouvoir. Par les mers, les pouvoirs politiques, économiques se sont imposés. Yemanja, Peau blanche. Yemanja, Déesse de l'océan, à la fois matrice et témoin. Yemanja, Mère de tous les hommes. Mère de toute vie. Parfois douce, parfois violente, mère du jeu dynamique des opposés, rien ne peut lui résister. Rien ne résiste à l'eau.
Yemanja, celle qui protège. Yemanja, celle qui noit ceux qui blessent ses enfants. De son corps est né le premier homme. De son corps sont nés les hommes. De son corps, la construction des puissances coloniales. De l'Afrique à l'Amérique, Yemoja est devenue Yemanja, fusionnée avec les saintes images catholiques. Yemanja, protectrice des femmes. Yemanja, protectrice de toute chose vivante.
Créature fabuleuse émergeant des flots. Yemanja, mère qui accompagne ceux qui sont arrachés à leur terre. Yemanja, à l'apparence de sainte vierge. Les niçois pourraient presque s'approprier le culte, eux qui ont été protégé par la vierge Marie lors du siège de Nice par les Franco Turcs. Eux qui sont issu de la terre et de la mer, eux qui sont toujours colonisés par un état impérialiste. De la à ce que Yemanja soit niçoise, il n’y a qu’un pas !
le groupe de Capoeira
On raconte que Yemaya a toujours existé et que toute vie est née d'elle, y compris tous les orishas (divinités). Cette Divinité africaine yoruba, Yemanja a fait le voyage vers le Brésil avec les esclaves noirs que l'on arrachait à la terre de leurs ancêtres. Les clercs portugais chargés de l'évangélisation des Noirs se sont bien sûr méfiés de la religion animiste. Le paganisme devait disparaître pour laisser la place à la « vraie foi », le christianisme.
Dans ce but, et afin de faciliter la conversion des esclaves noirs, le clergé présent au Brésil a encouragé le syncrétisme, c'est-à-dire l'association de divinités non chrétiennes aux saints catholiques. C'est ainsi que Yemanja a été assimilée à la Sainte Vierge. C'est de ce syncrétisme que sont nées les religions afro-brésiliennes. En fait les deux religions principales islamo chrétiennes se sont éternellement battues pour convertir les sous croyances à leur religion dictatoriale.
Pour l'heure c'est une association brésilienne de Nice qui nous a offert ces 3 jours de fêtes et de cérémonies diverses. Organisée par l’association culturelle brésilienne Brasuca, cette manifestation inédite et originale a enflammé les rues du Vieux Nice, offrant aux niçois, brésiliens d’origine et aux touristes, un moment unique pour découvrir et partager la culture brésilienne.
Le dimanche 16 juin, un cortège orchestré par des percussionnistes de Samba reggae, Maraketu (rythme du Nordeste) et Samba Enredo, suivis des toujours si populaire danseuses Brésiliennes et Bahianaises ont défilé sur des rythmes latinos africains dans les rues de la vieille ville. Des groupes de folklores portugais, cubain, cap verdien, antillais, angolais, sénégalais, Malgache se sont joints au défilé.
sur la plage de l'opera, chacun prend une offrande
Ensuite, la fête continua sur la plage de l’Opéra, où l’on retrouva des dégustations culinaires et de la musique brésilienne pendant plus de trois heures. Les participants en ont profité pour rendre hommage à la déesse de la mer, en réalisant des offrandes de roses blanches et de fleurs qui sont jetées à la mer. D’autres s’asperger d’eau de Cologne ou bien vider des bouteilles de bières dans la grande bleue.
La Clôture du Festival c'est faite par un show musical 100% Brésil, avec un Workshop Culturel et un Flash mob qui a été présenté pour faire connaitre les différentes danses. A la base de la danse africaine et de toute danse contemporaine, la danse des Orixas est un travail sur les éléments lié à la nature, eau, air, terre, feu. Il approfondit la conscience du corps et l'expression des gestes.
les offrandes sont apportées à la mer
Les Orixas sont devenus les symboles culturels de la culture bahianaise et leurs danses constituent la base des danses brésiliennes populaires telles que la samba, les danses des blocos afro, l’afoxé, l’afro-brésilien, l’afro-reggae, le maracatu, etc. Elles forment également la base gestuelle et symbolique de la "Technique Silvestre". Chaque Orixa représentant un archétype complexe et un élément de la nature, ces danses nous permettent d'explorer une multitude de gestuelles et d'émotions différentes: la sensualité, la férocité, l'élégance, la souffrance, l'arrogance, la douceur et plus.
La fête est donc plus rituelle et moins carnavalesque que le Mardi Gras, bien qu’elle soit tout aussi festive et coloré avec des participants qui arrivent même en rentrer en transe. En tous les cas, si je ne suis pas un fervent partisan des religions quel qu’elles soient, je suis un fervent admirateur des danseuses brésiliennes et Yemanja a toute ma bénédiction ! Vous savez, c’est comme quand on signe à la fin d'un document avec la mention : Lu et Approuvé.
Et bien j’approuve tout à fait de revoir une troisième édition en 2014 avec yemanja en déesse de la Méditerranée.
DIAPORAMA DE LA FETE