Le domaine des Collettes à Cagnes sur mer (Alpes Maritimes)
C’est alors qu’il est en route pour l’Italie en compagnie d’Aline Charigot sa future épouse que Renoir découvre la Cote d’Azur en 1882. Pour des raisons de santé (polyarthrite rhumatoïde), il recherche la douceur des hivers méditerranéens, il découvre Grasse, Cannes, Le Cannet ou bien encore La Gaude.
La villa de Pierre Auguste Renoir au milieu d'une orangeraie et une oliveraie.
Il se fixe finalement à Cagnes sur mer. Il parcourt les alentours et notamment le domaine des Collettes, une exploitation complantée d’oliviers multiséculaires, d’orangers et de pins parasols. Il est aussi à la recherche de motifs pour ses tableaux.
Les oliviers millénaire du domaine des Collettes
Situé sur une colline de Cagnes, le domaine jouit d’un panorama exceptionnel, embrassant le village médiéval du Haut‐de‐Cagnes, la mer et le cap d’Antibes. Il n’avait jamais rien vu de pareil, un décors et une lumière incroyable. Ici, les couleurs explosent et composent de formidables tableaux. Rien de fade, rien de pastel. Partout, la couleur jaillit et la lumière exulte…
La lumière et les couleurs incomparables de la Côte d’Azur ont, de tout temps, attiré les artistes. Écrivains, sculpteurs, peintres, cinéastes ont trouvé ici l’inspiration, l’éblouissement et le bonheur de créer. Les Alpes Maritimes ont en effet toujours su les séduire et les envoûter au point de les inciter, pour certains, à ne plus en repartir. Matisse, Renoir, Modigliani, Dufy, Nicolas de Staël, Klein, César, Arman, Ben, Cocteau… ont rencontré leur muse et noué des relations privilégiées avec ce département !
Le château des Grimaldi à Cagnes sur mer. Edifié vers 1300 par Rainier Grimaldi, Seigneur de Cagnes (prince d’Antibes)
Conquis par la magie des lieux, Renoir s’en porte l’acquéreur tout de suite. Le domaine du peintre s’étend sur plus de 8 hectares et se compose d’un jardin d’agrément, de terres destinées à l’exploitation. La récolte des olives, la cueillette des fleurs d’oranger, la culture de la vigne et le potager rythment la vie quotidienne.
Troncs noués des oliviers millénaire
C’est d’ailleurs cette nature agricole et authentique qui séduit Renoir et qu’il se plaît à représenter dans ses tableaux. Aux côtés de la petite ferme déjà existante, il fait construire par l’architecte Niçois Jules Febvre, une vaste demeure qu’il habite jusqu’à sa mort en 1919.
Les Collettes
La maison est suffisamment grande pour accueillir le couple, leurs trois enfants, Pierre, Jean et Claude dit “Coco” qui sera l’enfant roi du Domaine. Ainsi que Gabrielle Renard qui est à la fois la nounou de Jean et le modèle du peintre.
La vue sur les Hauts de Cagnes et le château des princes Grimaldi
Elle apparaît dans près de 200 tableaux de Renoir parmi lesquels « Femme nue couchée », « Gabrielle en blouse ouverte », « La famille de l’artiste », « Gabrielle à la rose », « Gabrielle et Jean »… Bien qu’affaibli physiquement, Renoir conserve une vitalité créatrice intacte et poursuit son œuvre.
L'orangeraie des Collettes
L’atmosphère qui règne aux Collettes est propice, l’artiste y réalise les « Grandes Baigneuses » aujourd’hui conservées au musée d’Orsay. Parallèlement à son travail de peintre, il aborde la sculpture grâce à la collaboration du jeune sculpteur Richard Guino.
A Cagnes, Renoir n’est pas isolé, il y reçoit ses amis, des artistes, ses marchands ou bien encore ses mécènes. Le collectionneur Maurice Gangnat, les marchands Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel et le peintre Albert André comptent parmi les plus assidus visiteurs tandis que nombre de jeunes artistes viennent rencontrer leur aîné pour qui ils éprouvent respect et admiration.
Dans mon jardin de Californie, près de la porte de la cuisine, il y a un oranger. Je le regarde et je le respire. Il est couvert de fleurs. Je ne puis voir un oranger en fleurs sans penser à Cagnes. La pensée de Cagnes évoque immédiatement en moi l’image de mon père…. Jean Renoir
C’est ainsi que se succèdent aux Collettes Maurice Denis, Henri Matisse, Albert Marquet, Pierre Bonnard, Charles Camoin, Amadeo Modgliani… Tout le gratin de la peinture se trouve sur la Cote d’Azur, car aucun autre endroit ne possède une telle lumière si propice à la peinture.
le parfum des orangers est toujours le même et les vieux oliviers n’ont pas bougé. (...) Si l’on me menait aux Collettes les yeux bandés, je crois que je les reconnaîtrais tout de suite rien qu’à l’odeur. Jean Renoir
Bien que la maladie le fait souffrir, lui déforme les mains, lui tord les pieds, il ne s’arrête pas de peindre malgré un supplice permanent. La maison de Renoir est une grosse bâtisse bourgeoise de plan carré, sur deux niveaux. Les pièces les plus évocatrices de la vie aux Collettes au temps du peintre sont la salle à manger du rez-de-chaussée et le grand atelier de l’étage.
L'atelier de la villa du peintre
Un peu partout sont présentés des pièces du mobilier d’origine, des objets, des souvenirs, des photographies anciennes, des reproductions, des oeuvres d’artistes amis de Renoir.
Le chevalet et la chaise roulante du peintre
On y admire seize toiles originales (en dépôt du Musée d’Orsay), une trentaine de sculptures, son mobilier et son atelier tout en bois. Ainsi que de nombreuses archives personnelles et des céramiques signées de son fils Claude.
Les bas-relief aux danseuses
En pénétrant ainsi dans l’intimité du peintre, on l’imagine admirant le panorama qui s’étend jusqu’au cap d’Antibes. Racheté par la ville en 1960 et ouvert au public, le domaine actuel est une propriété de 2,5 hectares. A l’oliveraie originelle préservée, sont venus s’ajouter d’autres espèces (pins, palmiers, eucalyptus agaves, yuccas…) et des zones d’agrément aménagées au temps de Renoir (verger-roseraie, potager…).
Les cariatides et le nu assis
Les jardins, aujourd’hui parc public municipal, n’ont pas subi de transformation majeure, mais ils se présentent de manière plus entretenue, plus "léchée" qu’au temps du peintre. Les deux bâtiments subsistent également. Au centre, l’ancienne ferme du XIXe siècle, devenue lieu d’accueil, est entourée de ses dépendances (citerne, four, bûcher, lavoir).
Les grandes Baigneuses (dépôt du musée d'Orsay)
Les bigaradiers d’aujourd’hui sont une réminiscence de ceux plantés par Aline. Fine cuisinière, elle faisait des confitures avec ces oranges amères et transformait les autres oranges. Leurs fruits enchantent les visiteurs. Et quand ces agrumes fleurissent en avril, leur parfum très puissant embaume tout le Domaine.
Renoir dans son atelier peignant un modele
Ses trois fils ont hérité du Domaine. Claude est le dernier à avoir habité la maison de son enfance. Jean, devenu réalisateur, a tourné ici son célèbre film « Le déjeuner sur l’herbe ». Ce fut un grand moment dans sa carrière.
La cuisine de la villa
La ville de Cagnes-sur-Mer devient propriétaire du Domaine en 1960 et transforme les lieux en musée. Le musée a reçu le label Maisons des Illustres et est classé Monument Historique. Ne serait ce que de se promener dans le parc est deja bucolique, mais les grandes stars du domaine sont les oliviers. Aujourd’hui, il reste près de 150 oliviers, très vieux, avec de sublimes troncs noueux.
La salle de bain de la villa
Rien que de voir ces arbres sacrés et immortels vaut le déplacement. L’olivier est une mémoire à lui seul. Un fil conducteur en liaison avec l’humanité et l’aube de notre civilisation. L’olivier, c’est l’arbre entre tous.
Autoportrait de Pierre Auguste Renoir
Pensez un peu, aux temps bibliques, c’était déjà un vieillard chenu. Cultivé depuis des millénaires. Mathusalem à coté ? Un gamin ! Une pareille longévité appelait les symboles en nombre. immortalité, fertilité, robustesse et j’en passe. C’est l’arbre de tous les Dieux. L’olivier est l’arbre dieu !
La ferme et le lavoir du domaine des Collettes ( salle de projection de film aujourd'hui)
L’olivier sur les cotes méditerranéennes françaises était présent sous la forme sauvage depuis prés de 8000 ans, des feuilles fossilisées furent trouvé dans le massif de la Saint Baume. Mais l’olivier cultivé est arrivé en 600 av.J-C. avec les phocéens. La vigne faisant aussi parti du voyage.
L'atelier du jardin
Ils porteront ces deux cultures dans toute la région. L’arbre est remonté ensuite dans les terres, mais rapidement limité au climat trop froid de la Gaule. Dans les Alpes Maritimes, l’huile d’olive, les olives et la pâte d’olive sont identifiés par une AOP. Celle ci rassemble 99 communes du bord de mer à la montagne, des pays grassois au pays mentonnais.
Les oliviers, l'arbre des Dieux ...l'arbre dieu
La variété est la Cailletier, la fameuse petite olive de Nice. Attention, les seules AOP existante en France sont: AOP de Nyons, de la vallée des Baux, du pays d’Aix, de Haute Provence, de Corse et bien sur de Nice. Tout autre appellation d’origine protégée sera de la contrefaçon.
Lorsque un olivier meurt, un autre arbre lui succède, issu de ses rejets, comme un autre lui même, porteur de son génotype. Le rameau d'olivier est choisi par Dieu pour signifier à Noé que le Déluge est fini et que la décrue commence, symbole du pardon. L’olivier est immortel, Dieu est l’olivier.
Je ne vais pas vous rallonger l’article en vous énumérant tous les bienfaits de l’huile d’olive médicalement. Je vous dirait simplement que de ne pas utiliser l’huile d’olive dans sa cuisine pour sa santé, c’est se tirer une balle dans le pied ….
Un pauvre petit mimosa à la villa des Collettes...
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