Dans la vallée le petit village de Fontan (Funtan, comté de Nice)
Comme en témoignent les vastières de Causéga, des enclos de pierres sèches situés sur la draille du col de Raus, une des principales routes de transhumance entre les vallées de la Roya et la Vésubie.
Quinze kilomètres de route étroite qui ne permet pas le passage d'une moto et d'une voiture en meme temps.
Ne recherchant pas le commerce, les habitants de ces hameaux évitaient la proximité des grands chemins sources de dangers: invasions sarrasines ou lombardes, soldatesques révolutionnaires françaises, brigandage, épidémies...
On aperçoit le château de la Causéga et Fontan dans la vallée
La vie se déroulait donc en quasi autarcie, les relations avec le monde extérieur se limitaient aux impératifs de la vie quotidienne ou basés sur les activités pastorales : achat de sel, vente de fromages, de laine et de viande…
La route est très sinueuse...un régal en moto !
Berghe s'écrit avec un h... depuis le cadastre napoléonien !... Alors que la carte IGN actuelle persiste à écrire "Bergue" avec un « u »...(voulant francisé à tout prix ces territoires d’origine italienne).
Les routes que je préfère dans le comté de Nice
Quant-aux vieilles cartes IGN, elles indiquaient "Berghe Supérieur", et, pour le petit frère inférieur, « Lou Pichin Bergou »... Les deux hameaux de Berghe sont composés de populations très pauvres à moitié sauvages par leurs mœurs. Ils vivent principalement de châtaignes. Beaucoup d'entre eux sont bergers.
Le village de Berghe superieur
Berghe était un repaire de résistants. Il contenait une grande partie de ces Barbesi (barbets) qui ont terrorisé les soldats de la république Française. Plusieurs soldats français attirés dans des guets-apens ont été précipités du haut des falaises par les gens du pays. Les barbets étaient à l'origine des miliciens volontaires armés par les Sardes (royaume de Sardaigne). Ici les mentalités sont similaires à ceux de la Corse.
Si vous voulez du reseau téléphonique et internet, il faudra repasser ! Ici dans nos montagnes il n'y a qu'un seul drapeau
Après le traité de 1796, on désigne sous ce nom, les résistants niçois qui furent plus de 4000 dans les vallées de la Vésubie, de la Tinée, du Var et la Roya qui résistèrent aux barbares jacobins. Rattachés à Fontan pour former une commune unique en 1870, Berghe Inférieur et Supérieur, adossé à leur adret en balcon au-dessus de la vallée, ne furent desservis par une route audacieuse qu'en 1945.
Il y a du monde....quatre voitures
La construction de cet ouvrage mérite un bref rappel : le projet en fut lancé en 1900 et le chantier démarra en 1907 seulement. Les deux guerres mondiales ralentirent le cours des travaux et la route ne fut achevée qu’en 1947 grâce à la main-d’oeuvre fournie par les prisonniers allemands et autrichiens.
L'église Notre Dame de la Merci
Pour les habitants et dans leur conversation, le trilinguisme est de rigueur: français, italien, royasque, la langue locale (encore aujourd’hui, j’ai parlé avec un vieux monsieur du village en italien). La Roya est l'une des vallées les plus sauvages du département des Alpes Maritimes. Les voies d'accès sont longtemps restées difficiles et les stations de ski s'y sont faiblement développées. Ici, le patrimoine naturel et humain alterne avec une égale richesse.
Dans la vallée de la Roya, les lauzes sont utilisées sans taille régulière, souvent sur faible pente (donc pas de charpente, mais des poutres porteuses) les lauzes sont posées par taille croissante vers le bas du toit, une rangée de larges lauzes est réservée pour le débord du toit et pour les rives.
Les lauzes de forme et de taille irrégulières, se chevauchent de haut en bas mais aussi dans la largeur du toit, selon la résistance aux vents dominants. Les dimensions sont grandes, entre 40 cm et 1 m de coté. Autre matériaux pour les toitures dans la vallée que l'on peut aussi remarquer ce sont les bardeaux de mélèze qui sont toujours utilisés de nos jours dans les villages des hautes vallées niçoises.
La aussi une villageoise est venu m'ouvrir l'église
Les bardeaux sont posés sur des lattes de bois qui reposent sur des chevrons. Une des caractéristiques des villages perchés est leur caractère minéral. L'élément végétal cerne le groupe de bâtiments. La végétation présente intra muros est dans l'ensemble composée de plantes grimpantes qui donnent beaucoup de charmes au village.
des maisons adossées à la falaise
Ces hautes vallées niçoises, qui couvrent 75 % de la superficie du département avec des sommets allant jusqu'à 3200 mètres, ne retiennent que 3 % de sa population et les quelques villageois vivent en hiver en complète autarcie coupés de la capitale du Comté.
Mais, réunir en un même lieu la séduction des alpages et des forêts, la majesté des hautes cimes, le pittoresque des villages perchés, l'attrait des sites géologiques grandiose ou encore les richesses de l'histoire et de la préhistoire, avec en prime un miroir bleu, seul le département des Alpes Maritimes possède cet attrait exceptionnel.
On cueille la lavande pour parfumer les placards à vetement
Au plus haut de la route, j'aperçois Fontan, crée au XVIIème pour servir de relais sur la Route Royale (la real strada de Nice à Turin), le village de Fontan dont dépend Berghe s'étire le long de la Roya au coeur de la vallée et de ses gorges rocheuses. L'étymologie de son nom Fontes Aquarum vient de ses sources aux multiples vertus curatives qui alimentent le village en eau.
Tous les toits sont en pierre de lauze
Le 30 Juin 1616 une ordonnance de Charles-Emmanuel duc de Savoie décida l'installation du village de Fontan sur son emplacement actuel. Ce lieu fut choisi par commodité : près de la route qui reliait la mer au Piémont (Nice la capitale du comté est à 80km, Turin la capitale du royaume à 150), où l'approvisionnement en eau était aisé.
et il y a du stock.....
Cet endroit fut destiné à devenir une halte pour les porteurs de sel en direction du Piémont. En effet, la route du sel qui partait de Nice fut ensuite déplacé vers la Vallée de la Roya, car la vallée du Var, qui servait de frontière avec les états de Provence, était considérée comme trop exposée et les vallées de la Tinée aux mains des Grimaldi favorable à la France n’étaient pas conseillée. La Roya, possédée par les Lascaris devenait donc plus sure.
Ici les habitants savent à peine qu'il existe une capitale qui s'appelle Nice...certains n'y ont jamais mis les pieds !
Au retour vers la côte méditerranéenne, le chargement se composait de riz et de chanvre. Fontan et ses hameaux de Berghe sont inféodés par achat au comte Solaro de Govone, marquis de Breglio (aujourd’hui francisé en Breil sur Roya), écuyer de la duchesse de Savoie et gouverneur du prince de Piémont. Il cède ce fief aux Roffredo qui sont restés seigneurs de Fontan et de Saorge jusqu'en 1794.
Village du comté de Nice, village des Alpes Maritimes qui abrite la Cote d'Azur.... quel paradoxe !
Au détour d’un virage en redescendant la route de Berghe, on aperçoit la tour d’un château qui parait médiéval. En fait, le Château de la Causéga est un domaine du 19e siècle qui fut construit par le baron Schirrer, riche industriel allemand, en 1890 dans un style éclectique, empruntant des caractéristiques au vocabulaire médiéval (tours couronnées de créneaux) et Renaissance.
Tu veux des kiwis ? il n'y a qu'a cueillir ....
On a très peu d’information sur son histoire. La encore, il faudrait peut être chercher dans les archives de Turin ? Je sais juste que celui ci a été racheté par la ville de Menton pour accueillir des familles en détresse de maladie.
Tu veux des mures et des châtaignes ? il n'y a qu'a ramasser...
Véritables nids d'aigles accrochés à un versant sauvage et escarpé, les deux hameaux de Berghe dominent de 300 à 400 m le cours de la Roya. On quitte Berghe avec regret. Dans cette vallée de la Roya riche en villages pittoresques, les deux Berghe ne sont pas les plus connus mais ils méritent vraiment le détour. Allez-y et vous succomberez aussi à leur charme !
Château de la Causéga en redescendant sur Fontan
DIAPORAMA BERGHE SUPERIEUR