Les lettres NI... pour Nice, qui est la Prud'homie de péche principale des Alpes Maritimes
Comme chaque année depuis 1902, a lieu à Villefranche-sur-Mer, le mythique combat naval fleuri. Tout a débuté avec la Yole " Laïssa Ana", fierté de l’association locale qui a ravi le public avec une magnifique démonstration de manœuvres à l’aviron.
L'oeillet, la fleur emblématique du Pays de Nice
Puis la flotte de pointus, bateaux typiques du Comté de Nice, ornés de fleurs du pays composées en différents motifs ont défilé dans le port de la Santé devant une foule immense, rassemblée sur les quais en ce lundi 15 fevrier.
Après un passage devant le public, les navigateurs longent les quais et jettent leurs fleurs aux spectateurs. Le port devient multicolore. Chaque année, de nombreuses familles villefranchoises viennent avec leur bateau pour perpétuer cette fête plus que centenaire.
Le pointu sorte de felouque niçoise
Les pointus sont ainsi transmis de génération en génération en héritage d’une culture unique. Et même s’ils ne sont plus destinés à leur vocation première, la pêche, ils sont devenus un formidable outil de transmission vivant du patrimoine et de l’âme niçoise.
Armoirie de Villefranche sur mer la Croix de la Maison de Savoie
Mimosas, roses, lys et oeillets ont commencé à être détachés de la vingtaine de pointus venus défiler le long du port de la Santé et ont transformé la mer en un arc-en-ciel de pétales multicolores.
Nice est le premier marché aux fleurs de France
Au début du siècle, on assiste au développement des fêtes carnavalesques sur la Riviera (la première bataille de fleurs niçoise a lieu sur la Promenade des Anglais en 1876), les autres villes de la Côte développent les animations de rue et autres batailles de fleurs.
Villefranche-sur-Mer ne fut pas en reste dans l'organisation de ces joyeuses fêtes célébrant le printemps et décida de faire mieux et différemment ! A l’élément naturel qui la caractérise, la mer, elle associa les deux symboles de l’activité économique de cette époque : les pointus et les fleurs.
Pour la toute première fois, on allait assister à une bataille de fleurs sur les flots de la Méditerranée ! Les pointus méditerranéens fleuris de décors originaux composés d'œillets (principale culture florale Villefranchoise) et mimosas attirent ainsi toute la " jet set " des années folles sur les quais du port de la Darse. Amiraux et préfets se côtoient sur les bancs des tribunes....
Une grande fête est née : le Combat Naval Fleuri. Ce rendez-vous incontournable du prés-printemps fait d'ailleurs des émules, puisque l'on note l'apparition d'autres batailles de fleurs nautiques à Antibes, à Monaco ou à Cannes. Cependant, Villefranche restera toujours le point d'orgue de ces manifestations.
Le bâtiment de la prudhommie de Pêche, une institution juridique, composée de trois prud’hommes élus et assermentés.
Depuis l'époque de son émergence historique au XIe siècle, la fête carnavalesque a évolué. La plus ancienne mention de divertissements de Carnaval à Nice remonte à 1294. Au cours des siècles, le Carnaval niçois doit se transformer, s'adapter au contexte culturel ambiant ; fondamentalement, le Carnaval est une fête du printemps célébrant une nature tendue vers le renouveau, vers la bonne saison et ses possibilités accrues de vie.
Derriere la Prudhommie, la chapelle Saint Pierre décorée par Cocteau
On enterre joyeusement l'hiver et ses affres mortelles dans un défoulement populaire qui ne va pas sans un délire un peu excessif : bataille de rue à coup d'œufs pourris, ou remplis de suie, boulettes de plâtre !
La Yole "Laissa Ana".
A la fin du XIXe siècle, pour les bourgeois et les riches hivernants de Nice, il devient nécessaire de remplacer ces batailles par quelque chose de mieux organisé et de plus " délicat ". Le développement de l'industrie florale sur le territoire de Nice et de sa région donne l'idée aux organisateurs du comité des fêtes de Nice de proposer les fleurs comme sujet de bataille.
C’est ainsi qu'en 1876, on crée pour le Lundi Gras la première bataille de fleurs sur la Promenade des Anglais (lou camin dei ingles). La fête populaire laisse la place au divertissement pour touristes. Les batailles de fleurs vont surgir partout de Cannes, à Menton. Villefranche va faire plus fort: à l'image véhiculée par les batailles de fleurs terrestres (le soleil, les fleurs, la fête), elle va ajouter un élément supplémentaire : la mer avec des flots si calmes au cœur de l'hiver qu'ils peuvent servir de terrain de divertissement.
Sandro et son Va'a en solo
Après le rattachement du Comté de Nice à la France en 1860, la ville de Vilafranca de Mar est désenclavée grâce aux deux axes de circulation crées dès les premières années : la real strada (la route royale) ou " basse corniche " inaugurée en 1861 et le chemin de fer en 1868. Par la route et par le train vont affluer les riches hivernants anglais et russes.
Méme pas froid en Fevrier sur la Riviera
Toute une population fortunée qu'il faut distraire ! Sur le territoire de Villefranche, les exploitations florales extensives et commercialisées connaissent leur essor dès la première moitié du XIXe siècle. L’œillet devient rapidement le grand favori des floriculteurs pour sa beauté et sa robustesse. A la fin du XIXe siècle, à Villefranche-sur-Mer, 100.000 m² sont consacrés à la culture intensive de l'œillet.
Casa di Savoia fidelità e óunour
S’inspirant de l'idée d'Andriot Saëtone, secrétaire général du Comité des Fêtes de Nice qui le premier proposa de créer une bataille de fleurs sur la Promenade des Anglais, le président du Syndicat d'initiative de Villefranche imagine une version nautique de la bataille de fleurs: le Combat Naval Fleuri.
Cette manifestation infiniment chic et distinguée, taillée sur mesure pour sa clientèle haut de gamme avec l'aspect caritatif indispensable à toute fête de la bonne société, aura lieu pour la première fois en 1902. Que voit-on à ce spectacle ? Pas moins de quarante barques admirablement fleuries, rehaussées de décors rivalisant d'originalité qui défilent devant le jury pendant que les participants se battent " à coups de projectiles parfumés ".
Certaines embarcations sont affrétées par des vieilles familles de Villefranche alors que d'autres sont des chaloupes appartenant aux navires de l'escadre française et de l'escadre américaine, piliers de la fête depuis pratiquement sa création. Il ne faut pas oublier que cette manifestation se place depuis toujours sous le patronage du Ministre de la Marine et que les profits vont aux œuvres de la Marine.
Forza Nissa per sempre, a la vida, a la mouòrt
Pour décrire cette fête, les qualificatifs élogieux ne manquent pas: " exquise réunion mondaine ", " une fête unique digne de figurer en tête des grandes réjouissances de l'hiver « , « par son cachet pittoresque par son élégance souveraine, le combat naval fleuri domine tout le programme des grandes réunions aristocratiques du littoral « …
Nizza regione piemonte e Liguria
DIAPORAMA DE LA BATAILLE