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C’est en se pressant d’aller étendre son linge que Catherine Ségurane (en niçois Catarina Ségurana) aperçut l’immense armée Française, conduite par le duc d’Enghien qui traversait le fleuve Var pour aller rejoindre les troupes turques de Soliman le Magnifique et de l’ignoble Barberousse son allié. Un matin de juillet l’apparition des galères franco turques devant Nice raviva l’inquiétude des niçois à la vue de ces trois cents vaisseaux que le mistral poussait vers le rivage.
L’armée française et turque était impressionnante. Barberousse avait déjà débarqué des soldats sur la plage, pillant, saccageant et massacrant hommes, femmes et enfants sous couvert du Duc D’Enghien pourtant conscient de la sinistre réputation du barbare.
La Cour de la Maison de Savoie ( Della Real Casa di Savoia)
Le duc de Savoie en apprenant ces terribles nouvelles voulut s’assurer qu’il était en mesure d’opposer une vigoureuse résistance, mais le duc connaissait le courage, la fidélité et les énormes sacrifices des niçois pour la maison de Savoie. Ils pouvaient compter sur eux. Dans la soirée toutes les églises de la ville sonnèrent le tocsin. Mais tout d’un coup les canons retentissaient avec une sonorité de tonnerre.
Un grand nombre de boulets tombaient sur la ville et écrasaient les toits. Cette nuit la du 14 Aout 1543, de violents tirs d’artilleries eurent lieu entre les Franco-Turcs et la garnison du château qui riposta avec vivacité et une force inimaginable. A ce moment la Catherine choisit de monter aux remparts.
Le combat faisait rage, c’était l’enfer, la tour sincaire s’écroula dans un fracas que l’on entendit au delà du fleuve Var, les eaux du Paillon quand à elles devenaient rouges du sang des combattants. Le 15 Aout 1543 au matin, ce fut l’assaut suprême. Cent vingt galères turques sortirent de la rade de Vilafranca (Villefranche) et ouvrirent le feu.
Les batteries françaises qui avaient tant pilonné la veille, accentuèrent leurs tirs. Ensuite ce furent les Franco-Turcs qui se lancèrent à l’assaut des murailles. Ce jour la, chaque citoyen devint un soldat. Catherine prit son battoir de lavandière, embrassa ses parents, retroussa ses jupes, passa devant Sainte Reparate et esquissa un signe de croix et hurla : Camarades lavandières ! Bugadieres du paillon, c’est moi Catherine Ségurane qui vous parle et vous en prie; Femmes de Nice ! Lavandières courageuses, toutes aux remparts pour aider nos hommes.
Lors du siege de Nice on prétend qu’une apparition de la Vierge Marie aurait protégé la ville.
Ecoutez bien les filles ! Les Turcs et les Français sont presque arrivés en haut de leurs échelles. Dans quelques instants Nice sera prise. Niçois, Savoyards et Piémontais qui un instant faiblirent réussirent à repousser une fois de plus les assaillants grâce à cette aide inespéré.
Mais la situation de Nice semblait désespérée face à un adversaire cent fois supérieur en nombre et en armement. Les galères de l’amiral Français entretenait un ouragan de fer et de feu, tandis que de Cimiez et du Mont Boron toutes les pièces d’artilleries tiraient sans interruption. Le château tenait tête à l’une des plus grandes armées d’Europe.
Les joues en feu, le front en sueur, les yeux qui lançaient des éclairs, Catherine colmatait la brèche de la tour sincaire. Hélas pour une brèche colmatée, il y en a deux qui s’ouvrent. Et pour un Franco-Turcs mort, dix surgissent du vide…… Les défenseurs sont épuisés, les soldats de métier luttent jusqu'à la mort. Nice est au bord du chaos !
Un enseigne turc, portant cotte de mailles, la tête ceinte de son turban parvint à se cramponner aux montants d’une échelle poignards entre les dents et son grand étendard surmontée d’une boule d’or avec croissant turc. Catherine Ségurane sentit ses jambes se glacer jusqu’aux genoux mais la rage lui brula le visage. Prompte comme l’éclair, Catherine se jeta sur lui et le frappa violemment avec son battoir et s’empara du grand étendard du prophète, le drapeau sacré marqué du croissant de l’islam. Elle se mit à hurler : Vitoria ! Vitoria ! Victoire ! Victoire !
Alors, retroussant ses jupons se mit à dévoiler son postérieur. A cette vue les Turcs entrainèrent dans leurs chutes et dans leur déroute les soldats Français qui se mirent à fuir. Les cloches se remirent à sonner, tandis que dans la plus haute tour du château, l’étendard du prophète passait de mains en mains. Les combattants pour la liberté venaient de repousser l’armée qui semait la terreur partout en Europe.
C’est ainsi que Nice dut au courage et à la ténacité d’une jeune lavandière, d’échapper au plus grand danger qu’elle eut jamais couru. Mais le 23 Aout, les français du duc d’Enghien vexés reprirent les hostilités. Les Niçois remontèrent sur les palissades et à toutes sommations ennemies, ils répondaient : Nous, Nissarts, tant que nous vivrons, sommes déterminés à mourir les armes à la main pour la sauvegarde de la ville. Nous, Niçois, ne capitulerons jamais devant l'armée de François 1er !
Catherine pris la parole à nouveau. Ecoutez, mes amis. Un terrible combat doit s’engager aujourd’hui. Vous tous qui guerroyez avec moi, me croyez invulnérable depuis ma victoire au bastion sincaire. Il faut abandonner cette croyance. Je suis sure de vaincre mais avec vous à mes cotés. Puis elle se retourna : Soldats ! Chacun à son poste !
Le siège de Nice continua à nouveau mais le 7 septembre 1543, la chance ou plus exactement le vent tourna en faveur des Niçois. Les renforts du Piémont arrivaient et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, on apprit que Charles Quint l’allié de Charles III de Savoie s’approchaient de Nice à la tête d’une armée de secours. Le 8 septembre les Franco Turcs détalèrent comme des lapins.
L’armée des tyrans donnait un triste spectacle d’elle même après avoir pillé et massacré la population, ils partirent dans la plus grande honte. Soliman le Magnifique et Barberousse connurent la plus grande défaite de leur histoire. Francois 1er quand à lui avait affamé son peuple avec ses guerres incessantes et couteuses. Son armée a été battu par une lavandière. L'Europe sera débarrassé de ce monarque despote le 31 Mars 1547...
Cansoun per Catarina (chanson pour Catherine) En nissart avec traduction français:
Catarina Segurana, erouina dei bastioun, Catherine Ségurane, héroïne des bastions,
Catarina Segurana, que desfendia maioun, Catherine Ségurane, qui défendait [les] maisons,
Noun jugava à fà la bella, Ne jouait pas à faire la belle,
Noun s’ausset lou coutilhon. Ne se haussait pas le cotillon.
Manejava una massola Elle maniait un battoir
Per picà sus lu nemic ! Pour frapper sur les ennemis !
Pica ! Pica ! Pica ! Pica ! Frappe ! Frappe ! Frappe ! Frappe !
Per picà sus lu nemic ! Pour frapper sur les ennemis !
Man e testa soun pistadi, Mains et têtes sont écrasées,
Si vé pu que camba en l’ària, On ne voit plus que des jambes en l’air,
Es l’espavent dei nemic ! C’est l’épouvante des ennemis !
Catarina Segurana, erouina dei bastioun, Catherine Ségurane, héroïne des bastions,
Catarina Segurana, que desfendia maioun, Catherine Ségurane, qui défendait [les] maisons,
Noun faguèt la charaïssa, Ne faisait pas le commérage,
Noun cantèt una cansoun. Ne chantait pas une chanson.
Manejava una massola Elle maniait un battoir
Per picà sus lu nemic ! Pour frapper sur les ennemis !
Pica ! Pica ! Pica ! Pica ! Frappe ! Frappe ! Frappe ! Frappe !
Per picà sus lu nemic ! Pour frapper sur les ennemis !
Li escala si degouolon, Les échelles sont dévalées,
Si vé pu que roumpe couol, On ne voit plus que casse-cou,
Es lou revès dei nemic ! C’est le revers des ennemis !
Catarina Segurana, erouina dei bastioun, Catherine Ségurane, héroïne des bastions,
Catarina Segurana, que desfendia maioun, Catherine Ségurane, qui défendait [les] maisons,
Noun pougnèt emb’un’espada, N’empoignait pas une épée,
Noun bussèt emb’un bastoun. Ne cognait pas avec un bâton.
Manejava una massola Elle maniait un battoir
Per picà sus lu nemic ! Pour frapper sur les ennemis !
Pica ! Pica ! Pica ! Pica ! Frappe ! Frappe ! Frappe ! Frappe !
Per picà sus lu nemic ! Pour frapper sur les ennemis !
Li bandièra li escapon, Les bannières leur échappent,
Si vé pu que li esclapa, On ne voit plus que les [membres] éclatés,
Es la vergougna dei nemic ! C’est la honte des ennemis !