Vallée de la Tinée, l'une des nombreuses vallées du pays niçois
Roure est un village mystérieux, car il est difficile de trouver de la documentation sur celui ci, comme s'il n'avait pas existé. C'est assez étonnant d'ailleurs, car la plupart des villages du comté de Nice sont très pourvus en événement historiques et médiévaux. C'est vrai que celui ci se trouve au bout d'une vallée oubliée en cul de sac au sommet d'un éperon rocheux.
Toujours les panneaux d'agglomeration avec le nom en niçois dessous.
Profitant d’une exposition plein sud, favorisant l’exploitation de riches alpages, le village est resté peuplé jusqu’à la moitié du siècle dernier. Ici les gens vivent l'hiver en complète autarcie, nous sommes loin de la capitale du pays Niçois et de son tumulte touristique. Si la route d'accès, minuscule et tortueuse, taillée dans la roche rouge sang, vous donnera le vertige, il en sera de même de la situation de Roure, vieux village montagnard allongé en balcon au-dessus d'un à-pic impressionnant qui fait de ce petit coin un des plus beaux balcons de la Tinée.
Les points culminants sont situés au Nord, avec des sommets dépassant les 2300 mètres d'altitude. Accroché à une pente abrupte, Roure étalera devant vos yeux superbes granges et maisons de pierre rouge coiffées de toits de bardeaux ou de lauze violette (schistes de la vallée), en une merveilleuse harmonie de couleurs que vous pourrez admirer depuis le belvédère qui domine le village. Sujets au vertige, s'abstenir !
Vous ne manquerez pas d'aller voir de plus près ces vieilles maisons qui datent pour la plupart des 17ème et 18ème siècles en empruntant de pittoresques ruelles pavées en escalier, qui vous conduiront jusqu'au cœur du village où vous pourrez goûter à la typique "charcuterie de montagne", au "Brous" (fromage de vache), à la Tomme de Roure ou à l'agneau d'estive (Label officiel). N'oubliez pas pour autant d'entrer dans l'église "romano-gothique" étonnant pastiche de façade classique italienne à niches du 18ème, et de clocher-mur roman (voir diaporama).
C'est un village médiéval à l'architecture agro-pastorale situé à 1 400 m à l'entrée de la vallée de la Haute-Tinée (riviere se jetant dans le fleuve Var), en lisière du Parc national du Mercantour. La première indication du village date de 1067 sous le nom de « Rora ». Depuis toujours, l'isolement du village obligea ses habitants à vivre en autarcie ne descendant de la montagne qu'à pied ou à dos de mulet.
La route ne fut créée qu'après la Seconde Guerre mondiale, cependant en 1927 les habitants mettent en place un câble de 1 850 m de long porteur de wagonnets en bois et actionné par un moteur électrique. Il fonctionna jusqu'en 1962 permettant d'assurer la descente de la production (lait, fromages et farine) et de remonter les provisions et le courrier.
L’histoire connue du village remonte aux tous débuts du XIème siècle; le village appartient alors à la famille Rostaing de Thorame-Glandèves, et aussi à la famille Caïs à partir du XIVème siècle. Le baron de Beuil, Barnabé Grimaldi, s’empare du fief de manière sanglante. Bertrand Cais Seigneur de Roure aura la main droite coupée et les deux yeux crevés. Il en meurt rapidement. La reine Jeanne, inflige au baron une très forte amende, mais le fief restera aux mains des Grimaldi. En 1621, après l’exécution d’Annibal Grimaldi, le château sera rasé et le village sera inféodé aux Badat. C'est à peu près tout ce que l'on connait de l'histoire du village.
Toiture en schiste de la vallée
Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore. La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s’y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés.
un relief géologique remarquable
Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor. Cet environnement propice ne devait pas manquer de produire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité. Je continue ma route sur le second village de ma balade: Bairols.
La Tinée se fraye un chemin dans les gorges rouges et vertes de la vallée
On ne va pas à Bairols par hasard : il faut emprunter une toute petite route qui grimpe sur un versant abrupt de la vallée de la Tinée. Les courageux qui se gareront en contrebas du village auront la joie de découvrir, au rythme de la marche, (après 350 mètres de chemin en pente), les charmes médiévaux de ce ravissant village perché.
Car la récompense est à l'extrémité du chemin de ce bout du monde ! Après avoir failli mourir abandonné, Bairols doit sa résurrection à son maire qui depuis 20 ans à œuvré pour sauvegarder cet ancien fief de la reine Jeanne. Une formidable entreprise de restauration qui a rendu à Bairols son profil seigneurial avec ses façades de vieille pierre, ses voûtes et passages couverts moyenâgeux et ses escaliers vertigineux (cardiaques s'abstenir !) offrant une vue panoramique sur la riante vallée de la Tinée.
Ici les gens sont différents du monde urbain de la bande cotiére composé de beaucoup d'étrangers. Dans l'arriere pays niçois, les habitants sont de souche nisso piémontaise, ils parlent le nissart ou le gavot. Chaque personne rencontrée vous dira bonjour avec un large sourire, comme ce couple en train de restaurer sa maison dans une ruelle qui remarquera immédiatement mon T-shirt Harley Davidson venant de Thaïlande, et c'est parti pour une demi-heure de discours sur nos différents voyages et en nissart SVP. Car ce couple d'habitant vient d'acheter une maison au village pour y vivre les 5 mois de l'année les plus beaux et ensuite partir pendant 7 mois en voyage à travers l'Asie.
Je passe ensuite par la Tour sur Tinée. Attention, merveille : La Tour sur Tinée n'est pas pour rien un village classé Monument Historique. Bâti sur une crête dominant de haut la vallée de la Tinée, entouré de pics et collines boisées, La Tour sur Tinée, village décidément béni des Dieux, a également la chance de posséder un air léger, une vue panoramique et une nature superbe, entre sapins, cyprès et tilleuls !
Façades en trompe l'oeil à l'italienne
Se promener dans les ruelles aux pavés inégaux de La Tour sur Tinée est un moment inoubliable: en commençant par l'espace artisanal du Béal, comprenant un gros lavoir à toiture et un abreuvoir, un moulin à huile, une distillerie et un moulin à farine, superbe ensemble en pierre de taille, datant du 18ème siècle. On ne manquera pas d'admirer le pavage des rues, composé de larges dalles inégales, comme usées par le temps.
Enfin, on débouche sur la "Grand Place" ou sont regroupées toutes les merveilles dont le village n'est pas avare: au centre, une belle fontaine octogonale(1895), et autour plusieurs maisons médiévales aux arcades gothiques, la plupart aux façades en trompe l'œil parfaitement restaurées, dans des couleurs à l'italienne, jaunes, roses, rouges, bleus pâles, qu'on doit au pinceau talentueux du grand fresquiste niçois Guy Ceppa.
A la sortie de la Tour sur Tinée, je prends la direction des Granges de la Brasque pour une expédition dés plus vertigineuses et dés plus périlleuses car a chaque lacets le danger est à chaque fois bien présent et le nombre de pierres éboulées de la montagne vous avertie des chutes possibles.
La Tour sur Tinée
Les Granges de la Brasque sont situées en pleine forêt aux confins d'une route du bout du monde, comme les Alpes-Maritimes en ont le secret, 20 km après le village de La Tour. J'emprunte cette piste étroite qui monte, monte et monte encore. C'est bien simple, chaque kilomètre parcouru, vous fait monter de 100 mètres supplémentaire...
Source de la Brasque, pure et sans calcaire
Arrivé au sommet à presque 2000m d'altitude, la récompense. Heureusement vais je dire, car j'ai tellement était secoué en moto sur cette piste que la déception aurait été trop grande si j'aurai du faire cette route pour rien ! Je découvre des pierres militaires gravées des insignes des régiments ayant occupé les lieux. Au bord de la route, un peu sous les fameuses Granges, il y a une source de grès qui a la particularité de produire une eau non calcaire.
Sous la source, un peu sur la gauche quand on regarde la vallée, un petit chemin conduit à l'ancien abreuvoir à chevaux et plus bas, une vacherie qui produit cette fameuse tomme de montagne. Au dessus des granges une église en ruine, peut-être construite pour les militaires ? Je n'ai aucune information. L'une des granges appartient à un couple de niçois qui m'invite à l'apéro et même au BBQ ! Oui, les gens sont vraiment différents ici .....
DIAPORAMA DE LA BALADE