En ces temps là, les Grecs (comme plus tard les Romains) étaient des grands voyageurs et quand ils créaient des comptoirs hors de Grèce ou un Empire, ils importaient (mais …n’imposaient pas) dans leur nouveau lieu de vie leur culture et leur religion. Les cultures et religions antiques ne faisaient pas du prosélytisme leur philosophie.
Le Roi du sport a pris les clés de la ville de Nice pendant deux semaines hors normes, loin de la routine du quotidien. « Rio brille par son carnaval, tout entier dédié à la samba et aux écoles de danse ; Venise séduit par son univers baroque et ses costumes ; Nice est le temple de la fantaisie et de la transgression. Nous sommes fidèles à cet héritage de travestissement, de caricature et d’humour caustique, qui a toujours permis au peuple de se moquer des notables et des gens de pouvoir ».
Fidèle à la tradition, la ville n’a pas manqué d’étoffer et de moderniser le défilé ces dernières années, en faisant appel à des scénaristes high-tech qui donnent vie à des corsos lumineux. Autre nouveauté, des animations plus importantes autour des chars, avec les traditionnelles grosses têtes dessinées par des caricaturistes de presse, mais aussi des compagnies d’art de la rue ou des satellites gonflables.
La bataille des fleurs, pour laquelle une soixantaine de fleuristes niçois s’enferment pendant 72 heures afin de concocter une création éphémère inoubliable et le corso à thème. « Nous offrons un véritable spectacle contemporain, quelque chose d’unique, pour être attractifs par rapport à nos concurrents de la saison, les grands matchs de football ou les vacances au soleil ».
L’enjeu est de taille : avec un budget de 6,5 millions d’euros, l’événement génère 35 millions d’euros de retombées économiques pour la ville et presque autant pour le département. Un char mettant en scène Zinedine Zidane, campé sur un globe terrestre en compagnie de Nicolas Sarkozy, Barack Obama ou du Pape.
Ou encore celui représentant Bernard Tapie, des billets plein les poches et des arbitres à ses pieds ; un cycliste perclus de seringues ; un sportif en fauteuil roulant ; sans oublier le char dédié à l’élection présidentielle, où trois bobsleighs accueillant les candidats virevoltent sur une piste pendant qu’une Marianne tourne en sens inverse…(Tout cela, vous avez pu le voir dans mon premier episode)
Cette année, l’Angleterre est invitée d’honneur, J.O. de Londres oblige. L’occasion d’admirer un char où trône la famille royale, mais aussi de profiter du défilé des Mahogany, ces artistes multidisciplinaires qui se distinguent à grand renfort de costumes phénoménaux de 2 metres d’envergure et de coiffes hautes d’1,50 metre…
20 chars ont fait un clin d’œil aux Jeux Olympiques de Londres, la reine d’Angleterre, Kate et William etc... Un écho à l’actualité olympique Londres 2012 comme à la dynamique sportive de Nice, de la France ou plus largement de la planète. Un thème donc très universel et fédérateur qui est, au cœur des cortèges, un hommage à toutes les compétitions de la prochaine année…
Ce qui laisse à penser, que les Grecs qui ont fondé Nikaïa ont continué à mener le même mode de vie qu’ils avaient l’habitude de mener dans la Patrie Mère et ont également continué à pratiquer leur religion. Ils ont donc, importé sur le rocher qui surplombait l’anse Saint Lambert et sur lequel ils avaient fondé Nikaïa leur culture avec toutes les fêtes qu’ils avaient l’habitude de célébrer en Grèce.
Il était de coutume de célébrer la fin de l’hiver et l’arrivée des beaux jours par des jours de fêtes consacrées à Dionysos, qui était le Dieu de la fertilité et de la fête. Dans la Grèce antique, pendant les « Dionysiaques » il y avait une parade avec un char qui était suivi de danseurs et de chanteurs déguisés et masqués qui chantaient des chansons satyriques. C’est à cette époque de l’année qu’à la morosité hivernale succède la joie du renouveau de la nature, du printemps, du démarrage des plantations.
Les manifestations de gens déguisés se déroulaient pour se déjouer de tous les mauvais esprits qui gardent la terre morte jusqu’à ce qu’elle soit incitée, par la « magie » des hommes, à produire à nouveau: que les graines germent, que les plantes poussent et que sortent les fleurs. La semaine de Carnaval est étroitement liée en Grèce à la fin de l’hiver et au début du printemps. Le mot « Apôkria » (anopkià) que l’on peut traduire par « semaine de carnaval » désigne cette période de trois semaines qui précèdent le carême.
Plus tard, sous l’Empire Romain, ces fêtes étaient organisées en l’honneur de Bacchus (l’équivalent Romain de Dionysos) et se nommaient les Lupercales et les Saturnales. Ces fêtes étaient une combinaison d’adoration des Dieux et de divertissements allant jusqu’au libertinage. Nous pouvons penser qu’à Céménelum (l’actuel Cimiez, quartier de Nice) qui était la capitale de la province Romaine des Alpes Maritimes, on célébrait ces fêtes que l’on avait importées.
La tradition de ces fêtes s’est perpétuée jusqu’au Moyen -Age après qu’elles eussent été récupérées par le Catholicisme. D’ou deux interprétations sur l’origine du mot Carnaval. Pour l’église il s’agit d’un terme venant de Carne Levare (enlever la chair) qui marquerait le moment ou on mangerait le dernier bout de viande ( c’est à dire manger gras : de là vient le « mardi gras ») avant d’entrer dans la période de Carême pendant laquelle il convient de manger maigre.
Une autre interprétation, plus ancienne, fait référence au « Char Naval », qui serait l’image de ces barques voiturées sur lesquelles Dyonisos, le Dieu venu de la mer, aurait pénétré dans les iles grecques. Cette tradition s’est perpétuée à Rome (avec Bacchus) qui sort de la mer sur son char en forme de navire pour épouser la femme de l’Archonte. Aujourd’hui, persiste ce rite à Venise avec les « Régates Historiques » où l’on voit des gondoles ornées de chevaux marins, de dragons et de Neptune. Ces régates sont véritablement les héritières des « Chars Navals » antiques.
De la même façon, la tradition du déguisement nous vient, en effet, de Rome ou le carnaval avait pour fonction de faire oublier les privations de l’hiver et fêter le retour du printemps. C’est la période d’inversion des rôles (maitre /esclave, homme/femme) sans aucun tabou. C’était l’occasion de régler des contentieux collectifs, des conflits sociaux, des luttes politiques. Une période ou l’on est tiraillé entre l’hiver et le printemps, le gras et le maigre, le riche et le pauvre.
Mardi-Gras qui clôt ces fêtes a une double signification: la première est de se préparer au jeune de printemps qu’est le carême (cette période de jeûne était associé chez nos anciens au grand nettoyage de printemps: on nettoie la maison et on nettoie l’organisme). Mais, une deuxième raison préside à ce Mardi-Gras: il fallait se débarrasser des dernières denrées périssables qui ne pouvaient être mangées pendant le carême et qui auraient été perdues.
L’église qui trouvait cette fête scandaleuse a bien essayé de l’interdire…en vain. Elle a alors tenté de la canaliser, en la finançant pour mieux contrôler son contenu, puis on s’appuya sur la bourgeoisie, toujours prête à collaborer pour qu’elle lui donnât une teinte plus acceptable (par des représentations dont le symbolisme se rapprochait de la religion). Cependant, il fut quand même difficile d’empêcher le défoulement du peuple. (la suite au prochain episode)
DIAPORAMA DU CARNAVAL