Le Corso "aux fruits d'or" est sans doute la manifestation la plus populaire et la plus attendue de la Fête du Citron à Menton. Passées les barrières de sécurité, car tout un pan de la ville a minutieusement été fermée afin de permettre le défilé, il faut se trouver un bout de trottoir libre afin de voir les chars circuler.
Je ne vous le cache pas, si vous n’arrivez pas tôt, il est peut être difficile de se trouver une bonne place afin de pouvoir voir les spectacles des danseurs et les chars, que ce soit côté ville ou côté mer. Et si vous voulez faire des photos ce sera même deux heures avant le départ des festivités qu’il faudra se positionner.
Maintenant, si vous souhaitez vous assurer un confort visuel sur le spectacle, il faut réserver une place assise dans les tribunes, évidemment c’est plus cher. Mais, pour mon compte, je préfère être au coeur de l’ambiance. Les gradins, c’est pour le 3e âge ! Un biker, c'est un éternel ado....
Pendant trois dimanches, des Chars d'agrumes, des danseuses du monde entier, des fanfares et autres orchestres venues des quatre coins du monde défilent dans une ambiance aussi chaude que les belles couleurs jaunes et oranges des chars de la Cité. Une ferveur protégée par un climat météo qui prend soin de tous les badeaux, habitués ou nouveaux mais dans tous les cas rieurs, et heureux de passer un moment inoubliable.
Les citrons, oranges, clémentines, pamplemousses, mandarines, cédrats ont revêtue leurs robes brillantes et scintillantes. Le bord de mer est en effervescence le spectacle va commencer. L’hiver à Menton n'haltère en rien l'enthousiasme et la gaieté des danseuses pourtant court vêtues.
Les Chars nous dévoile des couleurs et des formes différentes, mais toutes aussi chatoyantes. Les mines réjouies des petits et des grands se lisent sur les visages. Puis, tout d’un coup c’est le branle-bas de combat, le speaker annonce les hostilités, le corso commence ! Des chars aux couleurs acidulées, des danseurs, enfin, surtout des danseuses, des participants qui nous bombardent de confettis.
Il y a également de la musique de fanfare, des ballerines géantes et des costumes très travaillés…c’est Bollywood quoi ! C’est un vrai carnaval indien auquel j’ai pu assister. Car en Inde, la Holi célèbre tous les ans l’arrivée du printemps. L'occasion de chahuts monstres.
Sur les visages des danseuses et leur costume, chaque pigment a une signification bien précise: le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour... La Holi est dédiée à Krishna dans le nord de l'Inde et à Kama dans le sud. Holi est une des célébrations les plus anciennes en Inde qui existait déjà dans l’antiquité.
Le nom «Holi» tient son origine de «Holika», la sœur diabolique du roi démoniaque Hiranyakashipu. Selon la légende, Hiranyakashipu était un roi immortel et indestructible. Pensant qu’il était devenu un Dieu, il demanda à tout le monde de lui vouer un culte. Mais le fils du roi lui-même, Prahlada, était en désaccord avec son père, préférant croire en Vishnou.
Hors de lui, Hiranyakashipu infligea à son fils les pires châtiments, aidé d’Holika. Cette dernière essaya de piéger son neveu en lui demandant de s’asseoir à côté d’elle, dans les flammes dont elle était protégée. Mais c’est finalement Prahlada qui survécu au feu, laissant mourir Holika privée de ses pouvoirs.
Une nouvelle fois, Hiranyakashipu entra dans une colère noire au point que le dieu Vishnou fut obligé d’intervenir, prenant l’apparence de Narasimha, son avatar mi-homme mi-lion. Hiranyakashipu fut vaincu. Comme un symbole de ces victoires contre le roi et sa sœur, les citoyens se mirent alors des cendres sur le front. Des cendres devenues au fil des ans de la poudre colorée.
Depuis, le Holi Festival a une forte signification: c’est le moment de l’année où chacun doit pardonner les erreurs du passé, mettre fin à des querelles ou encore payer ses dettes. Il célèbre la victoire du bien sur le mal.
Tout au long du Corso aux fruits d’or, les groupes de danseuses indiennes portent des tenus plus belles les unes que les autres. Le costume traditionnel a de nombreuses significations. Par exemple, les bijoux sont d’une importance capitale pour la femme indienne au quotidien. Au-delà de la simple parure pour embellir sa beauté, une foule de significations et de symboliques de prospérité, de bonheur et de bons augures leur donnent une importance capitale.
La tête justement représente symboliquement le paradis, elle est ornée du netti sutti, un long bijou central départageant la chevelure en deux parties et se terminant en haut du front par un pendentif. La danseuse porte un bijou tombant de chaque côté de la raie centrale représentant le soleil (à droite) et la lune (à gauche) : c’est le sûrya chandran qui met en valeur la beauté de la danseuse qui est ainsi comparée à celle du ciel.
A l’arrière du crâne, le chignon peut être orné d’un beau bijou central. Il est traditionnellement entouré de guirlandes de fleurs de jasmin au-dessus et de fleurs orange en dessous. Aujourd’hui de nombreuses parures de fleurs artificielles sont utilisées pour embellir les chevelures.
Les narines sont également traditionnellement ornées des mukkutti et bullak, des bijoux qui s’insèrent au niveau de la paroi nasale extérieure et donnent grâce et allure. Les oreilles sont parées des traditionnelles boucles d’oreilles Jimmiki auxquels s’attachent les mattals, des chainettes qui se fixent sur le lobe et se terminent accrochées dans les cheveux. Ces chainettes avaient à l’origine pour but de protéger l’oreille du fort son des tambours.
La danseuse porte plusieurs colliers ayant chacun son rôle. L’attikai est le premier collier porté court. En dessous s’accroche un long collier formé de rangées de perles et d’un pendentif, le mâlai ou bien le kâsu mâlai, collier plus simple et doré. Ce long collier a pour rôle d’équilibrer le souffle de la danseuse. Les bras sont ornés de bracelets au niveau des poignets et parfois au-dessus des coudes: grands symboles de prospérité ils donnent de la grâce au mouvement et leur bruits accentue les rythmes des chants.
Les deuxièmes et troisièmes phalanges des doigts des mains sont teintées de rouge et un rond est peint au creux de la paume et sur la main : les mouvements sont ainsi mieux visibles de loin. La grâce de la taille est soulignée par l'ottiyânam, une ceinture large dorée et parfois parée de perles et de pierres précieuses. Cette ceinture est mise en valeur par les robes traditionnelles colorées et pliée en franges.
Comme les mouvements des jambes et des pieds sont fondamentaux en barata natyam, ils ne sont pas mis en reste et sont aussi décorés et parés. Les salangai (lanières de cuir portant une série de grelots) sont fixés aux chevilles pour marquer le rythme de la danse et les pieds sont peints avec une teinture rouge de poudre de kumkum.
La danseuse est ainsi mise en valeur dans tous ses mouvements et chaque partie de son corps captive l’œil du spectateur successivement par le brillant des bijoux, le cliquetis des bracelets et le sons des grelots. Il ne me reste plus qu’à les admirer et à les photographier….
Y'a du matos hein !
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