On va monter tout en haut par la baissa... 23km de rando (Vens + Tortisse + Fer), dénivelé 1100m pour un sommet à 2670, un pied en France, un pied en Italie. Vous me suivez ?
Départ à 5h du matin pour prendre la route allant de Saint-Etienne de Tinée au col de la Bonette Alpes Maritimes. Le départ s'effectue après Saint-Etienne, sur la route menant au col (la plus haute route d’Europe), depuis un parking sur la D64 face au torrent de Vens.
Nous empruntons tout d'abord une piste jusqu'à la balise 20 ou le chemin s'élève brusquement. En cette heure matinale (07h00), la montée est très agréable le long du torrent gonflée par un hiver rigoureux.
Ces cascades proviennent des lacs glacières de Vens
Au fur et à mesure de la randonnée cela se fait de plus en plus en terrain rocailleux dû aux éboulements fréquents de la montagne. Au grès de l’ascension, on découvre la cime de la Bonette connue pour être le plus haut col de France et même d’Europe, la tête du Mt Vinaigre, et en contre bas, le hameau du Pra qui s’éloigne au rythme de nos foulées.
Le parcours sera jalonné de cascades
Le sentier s’élève en lacets entre arbustes et pierres. On passe devant la pierre de la marmotte, un rocher qui rappelle le mammifère (diaporama). Une fois cette montée assez raide (+900) achevée nous atteignons le col avec une première vue sur le lac de Vens et le refuge au loin, en entamant une légère et courte descente. Par la suite, le chemin est tranquille.
A cet endroit nous redescendons pour rejoindre le refuge, nous apercevons déjà l’arche et les aiguilles de Tortisse. C’est l’étape idéale pour atteindre le col du fer à 2584 m, le Pas des Blanches à 2655m ou effectuer l’ascension du Clai supérieur à 2904m.
Je montre le passage de la baisse à Yvette (elle en bave, mais elle avance quand meme !)
Nous arrivons enfin au refuge pour prendre nos couchettes en dortoir et nous laissons en même temps notre sac à dos pour ne garder qu’une bouteille d’eau et un vêtement imperméable pour le reste de la rando.
Une pierre qui dévale et c'est le gros danger. Le passage est extrêmement dangereux..
Après quelques instant de repos et d’information auprès de Cecile la gardienne du refuge, nous repartons pour l’ascension. D’innombrables marmottes ont fait de cet endroit leur terrain de jeu et leur logis. Après avoir joué à cache-cache avec les marmottes, on prend le chemin qui part sur notre gauche et qui nous emmène au pied des splendides et surprenantes aiguilles de Tortisse.
C'est du vertical...il faut surtout que je fasse attention à ne pas créer un éboulement ! Autrement plus d'Yvette ..
Ce passage se fait dans une montée assez raide (+250). Elle pourra même peser assez lourd sur les jambes. On atteint les pittoresques et déchiquetées Aiguilles de Tortisse d’ou l’on jouit d’un panorama magnifique et une vue plongeante sur le refuge. La découverte des aiguilles de Tortisse (prochain article) est intrigante. Comment cette masse de roche a pu bien être tordue au point de se recourber sur elle même ?
Ici, c'est vraiment physique... quand on a un sac de 20kg sur les épaules. Bravo Yvette
J'aperçois enfin les Aiguilles de Tortisse, véritable pli géologique, maquette grandeur nature des incroyables forces de la nature. Pour atteindre celles-ci, ils nous faut traverser un sentier vertigineux a flanc de montagne épais comme un papier à cigarette puis s’élever par un bon sentier jusqu’au col du Fer et admirer les impressionnantes montagnes côté Italien (le Viso à 3841m)..
Au bas de la vallée c'était cool !
Par une traversée ascendante nous arrivons a un petit col (2591m) au pied des aiguilles de Tortisse. C’est avec émerveillement que nous découvrons la succession de lacs avec sur une barre rocheuse dominant le plus grand des lacs le refuge du club alpin (2380m) ou nous avons laissé notre matériel. La balise 35a et le collet de Tortisse qui se trouve à 2591mètres d’altitude sonnera la fin de la montée pour la journée.
Nous redescendons vers le refuge, et continuons le sentier en direction du lac, en apercevant de nouveau les lacs et quelques magnifiques rochers donnant un air mystérieux à cet endroit. Une arche naturelle !!! La nature dépasse ici toutes nos espérances.
Sur le toit des Alpes Maritimes
A partir de l’Arche de Tortisse, on a une vue splendide sur le refuge et sur les trois lacs de Vens visible. Ces lacs sont grandioses. Ce spectacle ne laisse personne indifférent. La découverte de l’enfilade des lacs de Vens depuis le collet de Tortisse, ainsi que le panorama sur le Val Stura italien avec en fond le mont Viso (3 841 m) est extraordinaire.
On arrive presque à la baisse et on franchira la montagne...vous me suivez toujours ?
Il nous faut rejoindre le sentier que nous avons quitté à la balise 25 pour être de nouveau au refuge (si vous continuez tout droit vous vous retrouveriez sur le sentier allant au parking de Vens et on retrouvera l’itinéraire emprunté à la montée).
Souvenez vous la première photo de mon article...on est maintenant au plus haut de la montagne !
Nous prenons le temps d’aller découvrir, torrents et cascades en dessous le refuge. Pour arriver de nouveau au refuge qui a été construit aux abords du lac en Octobre 1937, il devenait le 12e refuge des Alpes Maritimes, il ne nous reste que quelques centaines de mètres a parcourir.
Encore un effort et on sera au plus haut pour passer la baisse et gravir le sommet
On peut alors jouir un peu plus de cet endroit. Le refuge qui surplombe le premier lac, est un endroit parfait pour diner avant de s’endormir dans les bras de Morphée. Quelques conseils maintenant pour ceux qui pensent que les Alpes Maritimes ne sont seulement que la Cote d’Azur pour bobos. Si certains le pensent, je les invite à enfiler leur paire de godillot et je leur apprends ce que veut dire le mot Alpes !
Ici, c'est 900m de vide
Savoir s’orienter, se repérer, constitue en montagne l’exigence première. Lire une carte au 1:25.000e, se diriger à la boussole, utiliser un altimètre doivent paraître des gestes aussi naturels et évidents que marcher. La complexité du relief du haut pays niçois avec ses profondes vallées et ses versants escarpés y rendent l’orientation parfois malaisée, inconvénient que s’attache à pallier au mieux la signalétique départementale numérotée.
Un groupe avec un guide de haute montagne. Des randonneurs chevronnés de niveau sportif.
Mais le système de balisage a des limites (densité) et des imperfections (dégradations) qu’il faut pouvoir dépasser grâce à sa propre autonomie d’interprétation. On n’aborde pas la montagne la fleur au fusil en goguette comme je le vois trop souvent chez les touristes.
On se sent invincible....
La montagne est dangereuse, elle tue les inconscients ! Parfois violents et imprévisibles, les orages méditerranéens s’abattent sans sommation sur nos massifs. Leur caractère subit et dévastateur doit être prévenu par un respect de l’horaire (partir très tôt le matin) et une consultation préalable de la météo.
Surveiller l’évolution météorologique, agir en fonction de la dégradation du temps, telle doit être la préoccupation permanente du randonneur en altitude. Persistant en juin, et même en juillet selon les années au-dessus de 2 500 m, le danger se matérialise surtout sous forme de névés comblant les hauts vallons orientés Nord ou Ouest.
Photo du haut le sentier devient de l'escalade. Le passage de la baisse est très difficile.
Une prudence particulière devra être observée durant la traversée des névés, car la neige durcie ne pardonne aucun faux-pas. Aussi crampons et piolet sont-ils des instruments souvent utiles en début d’été si nécessaire. Avant toute sortie en montagne, il est conseillé de s’informer sur les prévisions météorologiques en appelant le répondeur départemental de Météo France.
Cela permettra d’éviter certaines déconvenues et d’adapter ses déplacements et ses horaires en fonction de la situation climatique. Et surtout, n’oubliez jamais de prévenir un proche ou vous avez l’intention de vous rendre. Votre signalisation de l’itinéraire que vous allez emprunter est déterminante pour d’éventuelle recherche….
Toujours de magnifiques cascades
Si c’est le cas, à l’approche de l’hélicoptère les gestes simple à retenir sont: un bras vers le ciel et un vers le sol forment avec le corps la lettre N pour "No" = "Nous n'avons pas besoin d’aide". Les 2 bras vers le ciel forment avec le corps le Y de "Yes" = "Nous avons besoin d’aide".
La montagne est splendide et est un terrain d'aventure exceptionnel alors, faites en sorte que votre randonnée soit un merveilleux souvenir. Ne tentez pas le diable et ne faite pas plus que ce que vous ne pouvez faire….
Le torrent est impressionnant
La pratique de la montagne nécessite une bonne appréhension des risques qu'elle induit. D'ou la nécessité d'une formation. Je pratique la montagne depuis l'âge de 10 ans lorsque mon père a estimé que j'etais suffisamment apte. Le N° d'urgence des secours en montagne des Alpes Maritimes est le 112.
Et bien voila ! un peu de repos avant de descendre vers le refuge (suite au prochain épisode); je peux enlever ma veste Gore-Tex
DIAPORAMA RANDO