Le programme est bien chargé et très diversifié. Le théâtre y a la part belle, mais la danse aussi. Stands, animations, spectacles, concerts et baleti se succèdent pendant cette journée importante pour la culture nissarde, mais aussi en l’honneur de Francis Gag chers aux niçois…
On y trouve les stands des associations comme par exemple « Nissart per tougiou » (avec vente de teeshirt, cd, autocollants), la « Fédération des Associations du Comté de Nice » (vente de livres, dvd, cd, sur le Comté de Nice), la « Maioun Culturala Nissarda - Lou Trident » et son atelier de danses traditionnelles sous la direction d’Eve Fumaroli.
Soulamen nissart e basta drevilhà tu
Il y a surtout les associations folkloriques qui représentent « nouostre pais » dans le monde entier comme la Ciamada Nissarda (aubade niçoise) fondée en 1925, Lou Caireu niçart fondé en 1947, ou bien la Parpaiola. Mais surtout, celle de Nice la Belle créé en 1956 par Francis Gag, à la demande de Monsieur Jean Medecin.
Une partie de carte
Nice la Belle » est un «rêve» qui devint réalité le Samedi 28 Mai 1955, au restaurant mythique de la Réserve à Nice, où l’association « l’Estocaficada* » célébrait le cinquantenaire de sa fondation, sous la présidence de Jean Medecin député-maire de Nice. Pour cet événement, Francis Gag, déjà réputé grand homme de théâtre et véritable metteur en scène, avait organisé la présentation des mets avec un accompagnement de danses et de chansons.
Boulegan sian nissart
A la fin du repas, Jean Medecin n’hésita pas à exprimer sa satisfaction et il demanda alors officiellement à Francis Gag, de fonder sous les auspices de la municipalité un groupe folklorique qui serait « l’ambassadeur de notre chère cité à travers le monde ».
Cette décision consacrait un rêve longtemps caressé par Francis Gag; ainsi il aimait volontiers rappeler ce souvenir du banquet de « l’Estocaficada » qui avait marqué la création de « Nice la Belle » et c’était l’occasion d’y associer la mémoire de ceux qui avaient contribué à élaborer ce groupe, et plus particulièrement son fidèle ami le poète de grand talent Louis Genari.
Un soulet bandièra, un soulet pais
Pour ce qui concernait les costumes portés par les membres du groupe, Francis Gag rappelait que c’est en partant des albums des peintres Trachel, Barbéri et Delattre datant du XIX siècle qu’il avait avec son vieil ami l’imagier Mossa, alors conservateur du Musée Chéret, établi avec la plus grande fidélité, les maquettes des pêcheurs, poissonnières, paysans, bourgeois, bergers et bergères, de la Brigue (vallée de la Roya).
Honneur aux barbets le prez J.F. Marro de nissart per tougiou et Eve Fumaroli
Le répertoire de chansons d’autrefois, les rondes de Mai, les danses de l’arrière pays, furent retrouvées au prix de patientes recherches dans ce travail de reconstitution ardu, difficile et délicat tout à la fois.
Francis Gag, de son vrai nom Francis Gagliolo, est un auteur nissart (1900-1988). Il est né et a vécu toute sa vie à Nice, et écrivait en niçois. Rêveur humaniste, il est amoureux de Nice et son comté, et consacre sa vie à la défense de la langue et de la culture niçoise. Par son talent et son ingéniosité, Francis Gag incarnera au travers de ses chefs-d’œuvres la sagesse et la finesse de l'âme niçoise.
Cette « Journada Nissarda » nous offre l'opportunité de redécouvrir la belle histoire d'amour de Francis Gag avec sa terre natale. Celle que tous les niçois aiment par dessus tout !
Tout le monde participe
Hormis les stands proposant la fameuse Socca qui se décline maintenant en chips (Socca Chips) et les spécialités niçoises comme la pissaladière et la tourta di blea, on pouvait écouter les concerts de Zine et de Gigi de Nissa (Louis Pastorelli ) entièrement en langue niçoise avec une bière du Comté en main. D’ailleurs ici, sur le site de la villa, tout le monde se parlait en nissart, même les Pichoun de la classe bilingue des Orangers qui nous ont fait un récital formidable.
Mais le top du top en « Chant Niçois » fut produit par "D’aqui d’aià" de Nelly Zamponi. Cette étonnante chanteuse nous a offert un récital magnifique en langue niçoise, mais aussi en Corse et en piémontais. Il faut dire que les niçois d’origine Corse et piémontaise sont légions dans notre département. La journée fut marquée par des démonstrations de jeux typiquement niçois comme le pilou ou la mourra.
Que les niçoises sont belles...Nissa la bella !
Le pilou est un jeu de jonglage pratiqué avec un volant. Ce jeu est pratiqué à Nice et dans l’arrière-pays niçois et fut immortalisé par Alfred Hitchcock dans le film La Main au collet ». Les participants doivent jongler, à la manière d’un footballeur, avec un volant, appelé « pilou ».
Celui-ci est constitué d’une pièce de monnaie trouée de 25 centimes de l’entre-deux-guerres (type Lindauer) dans laquelle on coince un bout de tissu, de papier ou de plastique. Les règles sont simples: Deux équipes de deux joueurs s'affrontent sur le terrain ainsi délimité en quelques minutes. Les équipes sont disposées en diagonale par rapport au centre de la croix. Chaque joueur défend un cercle.
Le jeu du Pilou
Un joueur engage en lançant le pilou à la main depuis son cercle à son partenaire qui le reçoit du coup de pied ou de la cuisse. Celui-ci tout en jonglant avec le pied et la cuisse (le genou en fait) doit amener le pilou vers l'un des cercles des adversaires pour l'y déposer. L'adversaire attaqué, qui doit rester dans sa zone lui fait obstruction et essaye de faire tomber le pilou dans son camp mais hors de son cercle pour gagner le pilou et engager à son tour.
Les attaquants peuvent entrer dans la zone de l'adversaire. L'attaqué se défend seul puisque son coéquipier doit lui aussi rester dans sa zone. Le joueur qui a le pilou peut également « shooter » vers l'un des cercles adversaires. Les « passes » entre coéquipier sont possibles.
Le jeu de la mourra
Le pilou peut également être constitué par un assemblage d'une trentaine de rondelles de caoutchouc découpées dans une chambre à air de vélo, puis réunies par une ficelle. Il prend alors le nom de pitchak. Ce jeu était très prisé dans les années soixante-dix et votre serviteur du blog se défendait très bien.
Lou Couret di Breglio sul Roia dansa embé una bella nissarda
Passons maintenant au jeu de la mourra toujours très typique de notre région. Le jeu se joue avec les mains en face à face. Les deux adversaires affichent, avec une de leurs mains, un nombre compris entre 1 et 5; en même temps qu'ils annoncent un nombre à voix haute. Le but est d'annoncer à l'avance le résultat de l'addition faite par les deux mains.
Ce jeu se transmet de génération en génération et fait partie de notre histoire. Le nom « mourra » vient de l'italien morra (retard). Il est pratiqué en Corse et à Nice. Déjà dans l'antiquité, des pictogrammes égyptiens montraient des personnes pratiquant un jeu avec leurs mains, identique à celui de la Mourra.
Basta qué sigué...Aquo ès ditch, ma 's pa' ncara fatch
Pour cette raison, on peut dire que la Mourra, d'origine montagnarde, est l'un des jeux les plus vieux du monde, sinon le plus vieux. La Sardaigne en est le spécialiste.
On terminera avec quelques précisions linguistiques: La langue niçoise, le nissart est la langue officielle du Comté de Nice et de sa capitale du même nom. Elle se subdivise en trois sous-groupes :
- le royasque, parlé dans la haute vallée de la Roya (celle des origines de ma famille maternelle).
- le gavot, parlé dans les moyennes et hautes vallées de la Vésubie, de la Tinée, du Var (le fleuve) et de l’Estéron (ainsi que dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes et les vallées du Piémont jusqu’à Coni), et le maritime, qui est parlé sur le littoral.
Le royasque constitue la transition linguistique entre les parlers gavot et maritime.
*Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est l’estocaficada, c’est le ragoût tomaté cuisiné à partir du haddock que l’on appelle stockfisch. Selon la légende, ce ragoût de poisson aurait été inventé au Moyen Age par un cuisinier de la prison de Nice.
La farandole nissarde
« A cette époque, les Vikings venaient ici échanger leur cabillaud séché contre du sel et de l'huile d'olive. Le cuisinier de la prison leur aurait acheté ce poisson séché, avant de le faire bouillir avec les rares légumes dont il disposait pour nourrir ses pensionnaires.
Depuis des siècles, l'aigle rouge déploie ses ailes impériales sur le drapeau de la ville et du Comté de Nice. La première représentation que l'on en a, apparaît au XVe siècle. Alors qu'à l'époque les villes voisines du Bassin méditerranéen, comme Gênes, Toulon ou Marseille, préfèrent l'emblème de la croix, plus pacifique, Nice choisit un symbole guerrier pour la représenter. Le message véhiculé est clair : Nice est une ville forte et fière, à laquelle on ne s'attaque pas impunément. Cet état de fait semble avoir perduré dans le temps. Et ce n'est sans doute pas pour rien que les Niçois ont récemment baptisé l'aigle de l'OGC Nice "Mèfi" ("méfie-toi").
Méfi, je suis un Barbet ! Viva independença
En mémoire de Lalin Fulconis: Les barbets vont reduire les bleus à neant....
Honneur et liberté à nos résistants. (soulamen nissart)
DIAPORAMA DE LA JOURNADA