Rares sont les villages dans les Alpes Maritimes ne représentant que peu d’intérêt, bien au contraire, 150 villages du département sont classés soit dans la catégorie des "plus beaux villages de France" ou bien dans celle des "villages remarquables. Tous sont classés aux monuments historiques et chaque pierre de ces villages médiévaux du moyen pays d’Azur, si un tant soit peu, vous approchez votre oreille, vous entendrez le murmure des légendes d'autrefois.
Evoquant ce territoire qui s'étage entre les bords de la méditerranée et les cimes du Mercantour, on lui trouve un parfum d'éternité.
Espace longtemps isolé du littoral par les verrous des vallées aux gorges grandioses, il a vu s'épanouir une civilisation ou le labeur, l'austérité et la solidarité constituaient un socle de valeurs partagées par ses habitants (nous y viendrons plus tard avec l'histoire de Lalin dans un prochain épisode).
C'est ce pays de beauté et d'harmonie dit moyen par sa position géographique entre le domaine du palmier et celui du mélèze, mais berceau de l'identité du département que je vais vous parler.
Perchés comme des sentinelles veillant sur leur sécurité ou longtemps isolés au cœur de vallées verrouillées, les préservant comme des trésors inaccessibles , les villages des Alpes d'azur ont développé une civilisation ou s’allient tranquillité , traditions et douceur de vivre.
Depuis des millénaires, l'éperon rocheux où se situe actuellement le château de Tourrette Levens, était un des points de contrôle de la fameuse route du sel, passage obligé entre le port de Nice et Turin et le Piémont, par la vallée de la Vésubie et le col de Fenestre.
Tourrette Levens a été aussi un village important à l'époque romaine, de nombreux vestiges en témoignent. Un temple a dû être construit sur l'emplacement du château, mais fut rasé comme toutes les constructions de la région, lors de l'invasion des Lombards, à la fin du VIe siècle. Le château est, à l’époque l’un des plus beaux de la région avec ses six tours, Tourrette a été successivement appelée: Castrum de Turrettis, Castrum Turritarum, Torretas, puis on a francisé le nom en Tourrette après l'annexion de 1860 comme beaucoup d’autres noms dans les Alpes Maritimes.
Le 16 décembre l667, Honoré IV de Chabaud Tourrette, «qui était le dernier de cette famille, une des plus nobles et des plus anciennes du comté de Nice», fut investi de ses fiefs par le duc Charles Emmanuel de Savoie. Honoré IV décédé sans descendance légitime léga le fief à une nièce, Marie Anne Peyrani, âgée de moins de dix ans, et dont les parents assureront la tutelle jusqu'à son mariage avec François Canubio di Torricella en 1697.
Aujourd’hui 18 Avril 2010, les croisés et le seigneur Raymond de Chabaud en tête, sont de retour ! Déjà, les gueux, les gentes dames, les manants et les damoiseaux, tous se doutaient de quelque chose à voir la ville ainsi pavoisée aux couleurs du seigneur, jaune et bleu. La veille une petite ondée donnait le frisson aux organisateurs, mais, comme cela ne dure jamais très longtemps en pais Nissart, la fête a pu se dérouler, du village jusqu'au château en ce beau dimanche ensoleillé.
Tous s'en sont donné à cœur-joie, qu'ils soient troubadours ou conteurs, montreur de rapaces ou de loups, danseurs, chanteurs et autres bouffons, moines ou seigneurs de la cour, le bonheur des retrouvailles était sur tous les visages. Les enfants, en particulier, jamais les derniers à faire la fête, ont montré au maître du château enfin revenu après sa sainte croisade en Orient, qu'ils l'appréciaient et le vénéraient.
Le bourgmestre et alchimiste Alain Frère, entourés de ses assistants et autres ouailles ont salué ce retour devant une foule jamais vue en terre tourrettane (peut-être+de 5000 personnes).
Maintes échoppes, des bourreaux avec leurs instruments de torture, des archers et autres hommes en armes, des cracheurs de feu, des elfes virevoltants autour de leur belle reine truchienne montée sur ses longues jambes: la fête a été totale pour tous. Le plus beau symbole reste ce défilé costumé (sans doute plus de 700 costumes plus les vils civils anachroniques en diable) dont les premiers, porte-étendards, atteignaient le château quand les derniers passaient encore devant l'église.
Il n'est pas facile de se faire aujourd'hui une idée précise de ce qu'à pu être le Château de Tourrette-Levens dans le passé. La première raison en est que ce passé est fort long. Il remonte au temps des ligures, plusieurs siècles avant J-C. De ce temps où Tourrette était habité par les Vedianti (dont la capitale était Cimiez), il ne reste que quelques murs faits de gros blocs de pierre à l'agencement si particulier, et, toujours, le parler nissart.
Tourrette-Levens est partagée par les vallées du Riou seco à l’est et du Riou Banquièra au sud-ouest. Ce village qui culmine à 783 m sur le Mont Chauve, est dominé par La Conque d’Or, petit cirque verdoyant. Le vieux village surplombe les constructions plus récentes et s’étend autour d’un petit col. Se déroulant sur les contreforts des vallées du Var et du Paillon, entre azur et neige, les collines et vallons verdoyants du pays niçois servent d'écrin aux dix villages du Canton de Levens. Le vieux village a été abandonné en 1887 après le tremblement de terre qui a endommagé cent deux immeubles.
C’est en 1860, après l’annexion, que Tourrette prend son nom définitif. Lors du Comté de Nice il n'y avait qu'un seul Tourrette, mais après la création du Département des Alpes-Maritimes il y eut trois Tourrette, pour la distinguer des autres, elle a été d'abord appelée Tourrette de Nice puis, Tourrette-Levens. Les visiteurs du vieux village peuvent retenir leur souffle, ils vont mettre leurs pas dans un site historique remarquable.
Entre la tour du château qui date du XIIe siècle et l’église du baroque italien, ils auront à loisir de visiter 2 musées exceptionnels ou la visite est gratuite : Le musée des métiers traditionnels et le château musée d’histoire naturelle avec les plus beaux papillons et insectes du monde sans compter la Chapelle des Pénitents blancs ou se dresse un clocher triangulaire d’une rareté unique en France.
Mais, Tourrette Levens est déjà un musée à ciel ouvert. Car le village était un lieu de passage de la route mytique : la route du sel. Je vous raconterai son histoire dans le prochain épisode de cette route qui traversa les Alpes pour se rendre à Turin. Ce sera aussi l’occasion de vous parler d’un célèbre résistant Niçois de la trempe de Mandrin, Gaspard de Besse ou encore Cartouche. Nous sommes ici dans le pays de choua Fulconis dit Lalin mort pour son pays, assassiné par des sauvages comme le dit si bien Jean le Francilien…..
Mais pour l’instant, place aux photos de la célébration des 800 ans de la route royale.
DIAPORAMA DE TOURRETTE ET DE LA FETE