Peille est un superbe petit village médiéval accroché à flanc de montagne dans l'arrière pays de Monaco et de Menton. Pour rejoindre ce village en venant de l’autoroute d’Aix en Provence, vous avez le choix, soit de sortir à Nice Est et de rejoindre la route de Cantaron pour ensuite bifurquer sur Peillon/Peille ou bien sortir au péage de la Turbie et rejoindre Peille directement.
La route départementale 53 est bien meilleure que la Route départementale 21 qui vient de Nice, vous aurez juste un péage de plus à payer. Par contre la première route, étroite et sinueuse, vous fera traverser les splendides oliveraies donnant la meilleure huile d’olive que l’on peut trouver dans l'hexagone.
Pour ceux qui aime le charme des vieilles pierres, Peille sera un vrai délice, un vrai régal. On passe tout d’abord par l'ancienne porte d'entrée du village située au pied du rocher et on découvre ensuite les trésors : petites rues étroites en calade, belles placettes anciennes, fontaines gothiques, grandes demeures moyenâgeuses, on peut y voir de nombreuses portes en plein cintre et de style ogival… sans oublier quelques magnifiques chapelles.
Car le village de Peille conserve de son lointain et glorieux passé des vestiges de fortifications, un ancien tribunal du XIV° (le palais des Consuls) et le robuste palais des Lascaris construit au XIV°siècle au bord de la falaise.
Par la dédition de Nice en 1388, Peille passe à la Maison de Savoie puis relève des états Sardes en 1720. Cité consulaire au moyen-âge, elle possédait son tribunal de haute et basse juridiction, situé place de la Colle. Les condamnés à mort étaient pendus au gibet patibulaire, dont les bases sont encore visibles dans la forêt du Carcaïs.
Une délicieuse fontaine gothique du XIVème siècle orne la dite place. Par la ruelle Lascaris, voisine de la fontaine, on accède dans l’enceinte du château ou l’on rencontre d’abord, le robuste palais Lascaris qui fut construit au XVIIème siècle au bord de la falaise, toujours debout à ce jour.
Les Lascaris (grande famille niçoise issu de l'empereur Bysantin au Xe siécle) furent Comtes de Peille jusqu’à la révolution Française de 1789. Le Palais construit au XVIIème siècle fut une de leur nombreuse résidence secondaire de l’arrière pays niçois (Tende, la Brigue, Lantosque, Gorbio, Saint Agnes).
Le village avec ses bâtiments du 12e siècle et 16e siècle représente un ensemble médiéval exceptionnel : maisons gothiques ou baroques, porches, linteaux sculptés, passages sous voûtes, escaliers extérieurs, fers forgés, ruelles en calade, On remarquera au dessus des portes, des linteaux sculptés, de motifs variés, où l’on retrouve les trois lettres IHS, les trois lettres signifient “Iesus Hominum Salvatori”, (Dieu Sauveur des Hommes).
Dans la rue Saint-Sébastien, nous trouvons l’ancien Hôtel de la Gabelle du Sel, restauré après les tremblements de terre. Les loges, liaisons habitables d’un côté à l’autre des ruelles consolident les bâtisses suite aux tremblements de terre du XVIème siècle. A la pointe extrême du « Baous », a été érigé le monument aux morts des deux guerres grâce à Mary Garden, citoyenne d’honneur et avec une particularité : il est pacifiste « Tu ne tueras point » dit une mère à son enfant.
Leo Ferré aimait séjourner dans ce vieux village à l'histoire de ce dernier, il a écrit une chanson-hommage, « Peille », où il évoque ses souvenirs du village, notamment le restaurant "Chez Cauvin » qui est toujours actif.
Léo Ferré se régalait chez Cauvin. Un tiers de sa chanson intitulée « Peille » est consacré à la générosité d’Anne Levamis dite Nana, fille d’un ancien maire du village. Une aide-soignante passée au piano en 1972. Nana fut l’amie de Léo Ferré, au temps où elle était jolie môme.
Cette adresse bien connu des Niçois est une véritable institution. Tout est fait maison et même cultivé par elle dans son potager bien aidé en autre par ses deux filles. L’artiste est d'ailleurs né pas très loin de Peille, dans la principauté de Monaco ou il est d’ailleurs enterré très discrètement. Au coeur du village, le long de la petite montée en escaliers de la place Carnot, une plaque de bronze immortalise le coup de coeur prolongé de Léo Ferré avec Peille.
A Peille, je m'en vais ce soir avec Marie
Je vous salue, Madame, avec tous vos amis.
On regarderait bien dans les yeux de Nana
Pour y lire, amoureux, la table des matières
Qu'elle t'apporte comme un bouquet de lilas
Mais de ceux qui se mangent et là elle exagère
"Voulez-vous des farcis ? Des raviolis d'étoiles ? »
De cette daube antique où coule la vallée
Du mouton qui revient de la mer à la voile
À Peille, j'ai laissé Mathieu dans la fontaine
À Peille, je m'en vais pour laisser mon passé
Chaque fois que j'y passe, j'en reprends un morceau
Et l'eau qui l'a gardé me l'a rendu tout frais
Comme d'un souvenir lorsque l'instant paraît
Du fond de ce village où les pierres se parlent
À Peille, je m'en vais ce soir avec Marie
Je vous salue, Madame, avec tous vos amis
Léo Férré
Il faut mettre la taillole en flanelle rouge
Apres avoir parcouru avec Soso et Clemy, les jolies ruelles du village de Peille, nous nous dirigeons vers le lieu des festivités de la fête du blé et de la lavande. Je dois vous avertir que la lavande de Peille est une plante officinale sauvage qui fournit une huile essentielle encore plus puissante que la lavande cultivée que l’on trouve sur le plateau de Valensole.
Les costumes niçois ont de la couleur
Son rôle est donc d'une efficacité exemplaire pour soulager et guérir quasi instantanément les brûlures sévères et piqûres, les mycoses cutanées, les bronchites, laryngites, sinusites, otites, rhinites, les rhumatisme articulaire et les crampes. Elle est donc en tout premier lieu médicinale avant d’être olfactive.
petit flacon d'extrait de lavande distillé sur place
Ces plantes sont récoltées à la faucille et distillées dans un alambic en inox avec une vapeur d'eau de source produite à très basse pression par une chaudière à vapeur, séparée de l’alambic. Un producteur local en fait la démonstration et la distillation pendant la fête et en tire de petite fiole.
Dommage qu’il y ai eu peu de monde, peu de stands du terroir, peu d’animations comme le laissait présager le programme sur l’affiche. L’association « Le Cercle d’union peillasque » ont ils voulu maintenir cette tradition le plus simplement possible après le tragique épisode de la Promenade des Anglais ? Ou bien la 44ème Fête du Blé et de la Lavande ou « Gran e Sanjouan » se perd réellement avec le temps ?
Les villageois ont invité les visiteurs, le temps d’un week-end, à faire revivre les gestes de leurs anciens… battage du blé… On bat, on vente, on lave le blé dans le village puis, on danse avec le groupe folklorique « Nice la Belle ». Mais, tout cela me parait insuffisant pour satisfaire les touristes qui viennent voir les vieilles traditions niçoises….espérons que cela ne s’éteigne pas...avec le temps va tout s'en va, avec le temps !
DIAPORAMA PEILLE
