Son parfum entêtant, son jaune étincelant font du mimosa le roi incontesté de l’hiver et le symbole de tout un terroir. Arrivé d’Australie via l’Angleterre, le mimosa s’est tellement bien acclimaté chez nous qu’il est devenu l’emblématique fleur de l’hiver azuréen.
Une série limitée de la Coccinelle, version mimosa
N’en déplaise aux anglophobes, le paysage végétal actuel de la cote d’azur doit beaucoup aux britanniques, botanistes éclairés qui ont notamment acclimaté, en terre méditerranéenne, palmiers et mimosas. Les graines ramenées d’Australie, au 18e siècle, par le navigateur anglais James Cook, ont atterri quelque temps plus tard sur le sol des Alpes Maritimes, à Cannes plus précisément, à la faveur des villégiatures de riches hivernants. S’acclimatant à merveille, l’arbuste aux petites boules jaunes et duveteuses gagne du terrain et franchit les vallons.
La ravissante Clarysse Addario native de Pégomas a été la reine du défilé.
Le mimosa étant un végétal qui drageonne, il s’est en effet échappé des jardins en passant sous les murs des clôtures pour proliférer ensuite sur un terrain ou il se sentait bien. Cannes, Mandelieu, Pegomas, La Roquette sur Siagne, Auribeau, et le Tanneron sont rapidement colonisés. Il s’agit d’un massif hercynien caractérisé par des sables schisteux et des sols acides. Seules les plantes acidophiles comme le mimosa, l’arbousier, la bruyère ou le châtaigner peuvent vraiment s’y développer. Les paysans du cru comprennent assez vite l’intérêt de se lancer dans la commercialisation du mimosa, d’autan plus que l’industrie grassoise de la parfumerie fleure assez vite les qualités olfactives des glomérules jaunes.
La forcerie*, technique originale mais simple est alors mise au point pour contrôler le fleurissement du mimosa. Les principales variétés de mimosa cultivées dans les Alpes Maritimes sont issues du Dealbata. Il s’agit du Mirandole qui occupe 60% des surfaces, de l’Astier 10% et du Gaulois 30%. Il existe un mimosa dit de « quatre saisons », plus gourmand en eau mais qui offre l’avantage de fleurir plusieurs fois dans l’année.
Des couleurs incroyables ont égayé le défilé.
La production de Mimosa dans les Alpes Maritimes est de 170 ha, alors qu’elle n’est que de 70ha dans le Var. La production est de 20 millions de tiges pour 550 tonnes de mimosa sur les 40 exploitants du departement, pour un chiffre d’affaire généré évalué entre 5 et 6 million d’euros. Prés de 90% de la production locale est expédiée en Hollande, Russie et les pays Scandinaves. Pour la fete du mimosa à Pegomas, il a été utilisé huit tonnes de mimosa pour la décoration des chars,du village et celui lancé au public.
*L’idée de créer une forcerie, pièce utilisée pour « forcer » le mimosa à fleurir, serait due au hasard. On raconte qu’en se développant sur les collines du Tanneron, le mimosa a fini par s’approcher des terres cultivées par les paysans. Un jour, après avoir élagué un bosquet un peu trop envahissant, un agriculteur Cannois jette des rameaux verts sur un tas de fumier frais produit par ses vaches. Le lendemain, il constate que des petites boules se sont épanouies au contact de la chaleur et de l’humidité. Bien que fortuite, la première expérience de forçage vient de se produire.
Aujourd’hui, toutes les exploitations agricoles qui produisent du mimosa dans les Alpes Maritimes utilisent un local à l’atmosphère chaude (25°) et humide pour faire fleurir, presque à la demande, la fleur reine de l’hiver. La route du soleil d’or dans les Alpes Maritimes commence à Mandelieu la Napoule la capitale. Elle quitte le bord de mer pour pénétrer dans les terres et en particulier le massif du Tanneron haut lieu de la culture du mimosa. C’est dans cet immense foret de mimosa, la plus grande d’Europe, que serpente la vieille route d’or originale parti de Cannes pour se rendre ensuite sur Pegomas ou l’on fabrique la fameuse brioche locale « la mimosette** » uniquement pendant la période de floraison.
De très jolis costumes sur fond de ciel gris.
C’est à Grasse que s’achève la route du mimosa après un passage à la Roquette sur Siagne et Auribeau sur Siagne, deux villages que la nature habille d’or en hiver. Grasse capitale mondiale de la parfumerie et des plantes à parfum, dont le mimosa*** fait partie dans cette cité classée « ville d’art et d’histoire ». En ce dernier dimanche de janvier, Pégomas ouvre le bal de la première fête du mimosa dans les Alpes Maritimes.
Malgré le temps incertain, le public n’a pas boudé le grand corso. Tout le monde en a pris plein les yeux…. Et les narines.
La fête du mimosa à Pégomas comme de coutume pour les associations locales sont partie prenante de la fête pour le fleurissement des chars, la décoration du village et la participation aux groupes folkloriques... et aussi à tous les conducteurs de chars venus avec leurs propres véhicules notamment et toujours avec un "giordano" local ! Des milliers de personne ont tout de même répondu à la fête dans une ambiance familiale. Confettis et brins fleuris ont volé dans les airs lancés à partir de chars décorés pour l’occasion par les petits pompons jaunes.
Titi sur sa balançoire, le chat mutin, le bon gros chien, la baleine fouettant l’air de sa queue, Jeannot le lapin et les deux coccinelles érigés sur les chars, sont magnifiques avec leurs articulations rigolotes et leur mimosa bien velouté. Pas de thème précis sinon celui des formes et de la couleur, dans une débauche fleurie. Pour pimenter la parade, des machines à confettis et à bulles. Les groupes qui défendent les couleurs de leurs pays ou de leurs régions, exotismes avec les brésiliennes, aux racines transalpines venus faire montre de leurs talents sans oublier les charmantes lolitas, danseuses western et autres clowns ont contribué à mettre une ambiance chaleureuse même avec ce ciel gris.
Beauté, sensualité et charme réunis, la parade lemanja à fait tourner plus d’une tête et plus d’un photographe, devant la beauté des « déesses de la mer » (Lemanja est la plus célèbre des divinités brésiliennes) dans leurs éblouissants costumes de fête. Majestueuses et sexy, les Brésiliennes aux brillants « plumages » sont toujours le clou d’un corso. Autre genre, éminemment séduisant et tendance Brésil aussi, les femmes fleurs du groupe Niçois Magic Flowers ont déployé leurs larges corolles de toutes les couleurs et marché à petits pas, le temps de se faire admirer sans restriction….
L’Italie bien représentée avec les »Sbandiatori di Fossana » magnifiques dans leurs habits de velours à l’allure médiévale, et leurs fameux lanceurs de drapeaux à l’adresse spectaculaire. L’amitié Nisso-Italienne étant bien vivace grâce au jumelage entre la commune et son homologue Castelo San Niccolo.
Tout aussi remarquables par leurs costumes colorés, brodés de fleurs et leurs immenses chapeaux pointus, les membres du groupe folklorique de Modène ont impressionné tant par cette apparence carnavalesque séduisante que par la coordination de leurs évolutions.
** La mimosette de Pégomas est un petit délice qui n’est fabriqué qu’en hiver, au moment de la floraison du mimosa. Mais qui est attendu avec impatience et qui part comme des petits pains si j’ose dire ! Cette brioche fourrée à la crème pâtissière aux fruits confits émincés aromatisée au sirop de mimosa est un pur délice, elle s’orne de « feuille » en pate d’amande et de grain de mimosa de sucre jaune. Mais inutile de chercher à connaître la recette, le secret est bien gardé.
***On dit que son odeur est fleurie, poudrée et verte. Le mimosa est une fleur à parfum que les plus grandes marques de la parfumerie française utilisent. Citons parmi les fragrances célèbres « Amarige » de Givenchy, « Paris » d’Yves Saint Laurent, « Moment suprême » de Jean Patou ou encore « Champs Elysées » de Guerlain tous fabriqués à Grasse.
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