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29 juillet 2013 1 29 /07 /juillet /2013 06:54

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Flavia, Jaina et Shemalti

 

Tous se réunissent pour assister à la grande cérémonie du cadeau livré aux vagues de la Mer (Méditerranée pour la circonstance), demeure de Yémanja, reine des eaux salées et protectrice des pêcheurs, de la maternité et des enfants dans le candomblé.

Tous sont venus également apporter à la mère leurs suppliques et leurs vœux dissimulés au milieu de leurs offrandes de fleurs, de parfums, de jouets, de bijoux et d’autres objets disposés dans des paniers qui seront emportés dans le bateau qui accompagnent le grand cadeau confectionné spécialement pour elle chaque année par la communauté.

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A l’origine c'est-à-dire en 1923, cette cérémonie était organisée pour la 1ère fois à l’initiative de la « colonne de pêche » (corporation de pêcheurs) du quartier «Rio vermelho» à Sao Paulo (Un peu comme notre prudhommie de pêcheurs niçois). La communauté des pêcheurs de ce quartier avait pris cette initiative grâce aux recommandations d’une Yalorixa (une «prêtresse» de candomblé) qu’ils étaient allés consulter suite à une pêche désastreuse durant l’année précédente, ayant entraînée d’importants préjudices économiques pour la corporation.

MAI-2013-8308.JPGLa yalorixa leur avait alors conseillé d’offrir un cadeau à leur « patronne » et protectrice Yémanja, en ce jour qui lui est consacré encore dans certains terreiros de Bahia, ces temples du candomblé.

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Ainsi l’année suivante, les pêcheurs de ce quartier organisèrent une grande cérémonie où ils emportèrent dans une barque un cadeau mystérieux, dissimulé dans une boite à chaussure selon la légende populaire, qu’ils offrirent aux eaux de l’océan.

La cérémonie avait fait grand bruit. Le cortège paré de tenues traditionnelles, de fleurs et de parfums accompagnés des tambours qui marquaient le rythme de la procession n’était pas passé inaperçu dans la ville (ça ne passe pas inaperçu à Nice non plus !).

MAI-2013-8309.JPGD’autant que durant toute l’année suivante, les pêcheurs clamaient leur reconnaissance et leur satisfaction du succès de la cérémonie. L’année de pêche 1923 ayant été excellente et même une des meilleures dont ils pouvaient se souvenir, ils répétèrent le rituel l’année suivante puis chaque année depuis lors jusqu’à nos jours où la cérémonie rassemble toujours plus de participants et de curieux, jusqu’à attirer les caméras et les journalistes de tout le pays.

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Il n’est pas surprenant que cette cérémonie soit devenue au cours du temps si populaire dans tous le pays car Yémanja est devenue la protectrice du Brésil, sous des formes certes diverses, en ce sens qu’elle incarne en son nom tout le symbole d’une icône du syncrétisme culturel brésilien, valeur essentielle de la culture nationale.

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Que ce soit sous la forme européanisée de la sirène aux longs cheveux qui séduit par son chant ou son regard, et sauve ou précipite les pêcheurs et autres navigateurs des périls du naufrage. Ou bien sous la forme d’une belle amazone amérindienne qui enchante les eaux des forêts d’une puissance curative et bienveillante dont profite autant la nature que les Hommes.

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Sous la forme encore d’une séduisante nymphe à la fois sorcière et magicienne venue des eaux des fleuves du Congo africain comme de ceux du golfe de Guinée…, ou bien au contraire, sous les apparences d’une mère généreuse et attentionnée qui soigne, nourrit et console grâce à ses larmes ou les richesses de ses eaux salées, comme dans les traditions chrétiennes et Yorubas à travers le candomblé et l’umbanda.

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Tous reconnaissent en la Sirène ou la «diosa del mar» (alias la Déesse de la mer) ; en la cabocla (Esprit autochtone des régions d’Amazonie) Iara ou Dona (Madame…) Janaina ; en l’Inkisse (Esprit de la nature) Inaê ou Kayala ; en la Vierge Marie ou l’immaculée conception (mère du fils de Dieu) ; en l’orixa (ancêtre divinisé) Yémanja et Yémowo reignant sur les eaux salées ; tous reconnaissent sous ces différents noms et représentations, la mère universelle des Brésiliens et la patronne du syncrétisme national, un des symbole de l’identité du pays.

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Ce rituel est directement hérité de la religion des Yoruba du Nigeria où la cérémonie continue d’exister, toutefois sous une forme plus édulcorée que par le passé et avec une audience plus discrète. Ce rituel est connu au Nigéria sous le nom de festival d’Olokun et au Bénin de fête d’Agwé  pendant lequel le « prêtre » de cet orisha offre à l’océan un panier de cadeaux recouvert de pagnes et de diverses richesses, qu’il remet au cours d’une procession publique et selon un rituel précis au seigneur des océans.

MAI-2013-8307.JPGLa cérémonie et le rassemblement commence sur la place Masséna en principe à 10h du matin en ce dimanche de juin, mais les brésiliens sont sans doute des personnes qui aiment prendre leur temps, car les premiers cortèges arrivent seulement une heure plus tard.

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La foule se rassemble enfin, apportant leurs offrandes et suppliques. J'aperçois deux grands paniers en osier destinés à recueillir les offrandes de chaque participant tandis que d’autres iront directement les offrir à la mer. Tout ce joli monde se dirige à présent vers la plage en déambulant dans les ruelles du vieux Nice au son des tambours et des chants dans une indescriptible cohue. On arrive dés à présent sur la plage de l'opéra. Les paniers sont emportés dans une barque qui les emmènera au large dans une grande procession maritime, après un moment de recueillement et de prières communes.

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Mais avant le grand départ de la barque, le grand cadeau offert par la communauté brésilienne niçoise. La communauté brésilienne de Nice accompagnés de quelques dignitaires du candomblé et de leurs assistants monte sur la barque au milieu des offrandes et des bouquets de fleurs pour les emmener au large au rythme des tambours et des chants de la foule. Une fois la barque suffisamment éloignée du rivage, toutes les offrandes sont déposées sur les flots au milieu des salutations, des applaudissements et des chants de l’assistance.

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C’est à ce moment également que certains adeptes sous l’emprise de l’Orixa se jettent à l’eau dans une étreinte fusionnelle avec leur divinité tutélaire. Il faut donc que je me mouille moi aussi pour approcher la cérémonie, et je repartirai trempé jusqu’au pantalon, les chaussures pleines de sable.

MAI-2013-8235.JPGLa tradition exige que les offrandes soient emportées dans les profondeurs de la mer en signe d’acceptation et de satisfaction de Yémanja ainsi que du bon déroulement de la cérémonie. Si les offrandes se trouvaient malheureusement refoulées par la vague sur les plages du littoral, ce serait alors le signe de l’échec du rituel et du mécontentement de la reine mère des eaux. A mon avis, vu les sourires de tous les adeptes de Yémanja, les prières ont été exaucé !

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                             DIAPORAMA DES PARTICIPANTS


  
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Published by BIKER06 - dans PROVENCE & PAYS NICOIS

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